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Il y a comme un problème...
9 avril 2013

Publication des patrimoines : un si bonne idée ?

Dans ce climat délétère où les salons du tout-Paris bruissent de rumeurs, invérifiables par définition, et de manipulations stratégiques, la déclaration des patrimoines est-elle une si bonne idée que cela ? Certes, il est facile de comprendre l'intention du pompier Hollande de vouloir circonscrire l'incendie à la personne de son ex-ministre du Budget et de chercher à étouffer les flammes de la colère et de l'indignation populaire (et d'abord celles du peuple de gauche !) par une succession de mesures symboliques. Mais voilà, dans le symbole, on y reste encore et toujours : aucun ministre, ni plus tard aucun membre du Parlement ne couchera sur son descriptif de patrimoine ce qui a été caché à l'administration fiscale depuis des lustres ! Jérôme Cahuzac avait signé la charte de déontologie, dont François Hollande et Jean-Marc Ayrault s'enorgueillissaient à grands renforts médiatiques voici à peine un an ! Un "bout de papier" comme dirait le président de la Polynésie française, Oscar Temaru, n'engage en rien pour qui n'a ni honneur, ni vertu, le père de l'indépendance maohi le sait mieux que personne.

Au niveau de l'efficacité, ces sortes d'auto-satisfecit vertueux ne servent à rien dès lors qu'aucun contrôle ne peut vraiment être diligenté sur ce... qui manquerait dans l'état des lieux, soit qu'une partie des avoirs soit donc dissimulée sur des comptes anonymes off-shore ou enregistrés sous des prête-noms, une activité qui a d'ailleurs des chances de connaître un boom florissant dans les prochaines années (c'est une façon d'inverser la tendance du chômage ?!). Car où faut-il s'arrêter ? Quid du patrimoine "séparé" du conjoint ? Quid du patrimoine des ascendants et des descendants ? A quoi va-t-on assister ces prochaines semaines, sinon à des mises en cause de sous-évaluation touchant au patrimoine immobilier des élus par une presse voulant jouer à Médiapart pour se refaire aussi une virginité à bon compte ?

Au niveau de l'efficacité, passé le pic de la tempête médiatique, il y aura ce même tassement et cette absence de suivi qui permettent ainsi à nombre de parlementaires de s'être soustraits à ladite déclaration, rendue pourtant obligatoire par une loi déjà en vigueur. Voter des lois pour se pas se les appliquer, voilà une image bien plus déplorable qui conforte l'idée aujourd'hui définitivement ancrée dans l'opinion qu'il y a en France, dans ce pays républicain qui prône l'égalité, la France d'en-bas qui subit le joug des lois, et la France d'en-haut qui les vote mais s'en exonère.

Mais il y a plus préoccupant sur le fond avec ce déballage face aux caméras : il va s'insinuer l'idée qu'un "bon" élu, qu'un "bon" ministre est un politique "pauvre", sans patrimoine ou presque, comme si la pauvreté (relative, car il ne faut rien exagérer) était gage de toutes les vertus, comme si, à l'opposé, la réussite financière était synonyme de corruption et d'escroquerie, rendant tout héritier ou tout "homme d'affaires/ profession libérale... ayant réussi non qualifié pour exercer des fonctions d'Etat. La France est déjà un pays schizophrène dont le rapport à l'argent n'est pas simple, il s'en faut peu de le dire. Est-ce le conditionnement de la morale religieuse, empeinte d'un catholicisme lui même fort hypocrite ? Est-ce le souvenir des années révolutionnaires ? Le fait est que chez nous, l'argent est "sale", que la réussite professionnelle est suspecte et que l'achèvement personnel suscite les plus fortes jalousies. Si la contre-attaque politique au "tous pourris" devaient installer une représentation parlementaire et gouvernementale "par le bas", sur un critère de "non-réussite" dans le privé ou sur une sur-représentation de la fonction publique au Parlement, je ne crois pas que la France y gagnerait au change. Je ferais personnellement plus confiance à un businessman ayant créé de la richesse et des emplois et ayant fait des bénéfices substantiels pour administrer la France puisque preuve a été faite de ses capacités de gestionnaire créatif et avisé.

En définitive ce qui compte, ce n'est pas le patrimoine de nos élus et ministres à l'heure d'aujourd'hui, mais l'état de celui-ci au moment de la sortie de fonction, voire un peu après. C'est le différentiel et sa justification qui sont importants pour lutter contre l'enrichissement personnel indu, la compromission ou la corruption. Naturellement, il serait illusoire que croire que les malversations s'opéreraient sur les comptes déclarés, mais avoir de l'argent et ne pas pouvoir en disposer vraiment (pour cause de surveillance du train de vie) n'est-ce pas un supplice (sourire) ? Alors que ces patrimoines soient enregistrés par une commission de contrôle - pourquoi pas la Cour des Comptes - et que des rapprochements soient faits a posteriori sur les situations "entrant" et "sortant" ! Déclaration obligatoire des patrimoines, soit ; publication des dits patrimoines, attention aux effets pervers !

Au niveau de la moralisation de la vie publique et de l'engagement des budgets de l'Etat, il y a mieux à faire, comme déjà vérifier le bon usage des deniers publics pour tout ce qui est accessoire aux fonctions exercées. Mais c'est un autre débat

 

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Commentaires
L
La publication n'est pas une mauvaise chose laissons ensuite Médiapart ou tout autre presse chercher si elle le juge utile. Si le train de vie ne correspond pas vraiment aux publications...
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