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Il y a comme un problème...
28 août 2013

Quand la réforme devient mesurette, ou comment l'erreur de casting de 2012 compromet l'avenir de la France

Je m'interroge.. Je ne doute pas que les ministères regorgent de personnes intelligentes et capables, mais quand on observe la réalité des décisions et des actes, il est permis de se demander à quoi sert toute cette précieuse et si coûteuse matière grise en réalité.

Le dossier des retraites devait constituer l'un des marqueurs-phares du quinquennat Hollande. La France attendait une "réforme" sur un dossier qui avait mobilisé une commission ad hoc, moulte rapports et encore plus de discussions et consultations. Et voilà qu'elle se réveille ce matin avec un réajustement technique, consistant, comme d'habitude, en une hausse des cotisations et en un allongement de la durée des cotisations, deux dispositions à ce point évidentes qu'elles rendent ridicule a posteriori toute la communication de l'exécutif depuis des mois sur le sujet.

Pas plus tard qu'hier j'avais posté une contribution sur un site de débat portant sur la fatalité, ou non, à devoir travailler plus longtemps. Voici ce que j'y écrivais :

 

"Allonger la durée des cotisations signifie mécaniquement de devoir travailler plus longtemps. Et puisque la tendance est encore (pour le moment du moins) à l'allongement de la durée de vie, si l'on veut maîtriser un ratio d'actifs cohérent par retraité, il faudra forcément différer l'entrée en retraite. Encore faudrait-il que cela suive en terme d'emplois ! Quant à l'âge légal, le débat politique à gauche s'arc-boute avec une parfaite mauvaise foi sur un symbole vidé en réalité de sa substance première, la réalité économique du quotidien. Mais c'est vrai que ceux qui nous gouvernent ne vivent pas dans le même monde que le peuple dont ils se réclament pourtant, ne serait-ce qu'au regard de leur régime très spécial de retraite d'ailleurs ! Partir à l'âge légal sans pouvoir bénéficier du taux plein, c'est pour le retraité faire le choix d'une pension incomplète jusqu'à "fin de vie". Pour les populations les moins aisées, celles pour qui le labeur a souvent rimé avec pénibilité, c'est opter assurément pour une sorte de minimum vieillesse à peine amélioré.  

Sur la question des retraites et plus largement du modèle social français, englobant aussi la santé, cela fait des décennies que les responsables politiques et socio-professionnels bricolent et rustinent à coups de taxes nouvelles d'un côté, de moindre couverture de l'autre, au lieu de remettre à plat un système qui, tout simplement, ne fonctionne plus. Les trente glorieuses de l'après guerre ont constitué une période d'enrichissement exceptionnelle pour le pays. Etablir son modèle social sur l'exception conduit une nation à des erreurs stratégiques dans la gestion des affaires publiques, et ces erreurs s'accumulent depuis la fin des années 70.

En réalité, la question qui devrait être au centre des préoccupations aujourd'hui n'est pas celle, technique (voire technocratique), portant sur l'allongement des cotisations et/ou le relèvement des taux de prélèvements, mais plus fondamentalement sur la nécessité, ou non, d'organiser la pérennité factice de cette exception sociale à la française, laquelle n'a pas implosé uniquement grâce au recours immodéré aux emprunts. Les modèles retraite et santé issus de l'après-guerre ne sont pas des modèles économiques viables. Le déséquilibre permanent entre dépenses et recettes prouve que la société française vit largement au-dessus de ses moyens. Il serait donc opportun de revisiter le modèle français pour créer un nouveau système qui, tout en étant "juste" socialement, tienne enfin la route du point de vue de son financement, un système qui serait un booster et non un boulet pour une nation engagée dans une compétition économique internationale".

François Hollande et sa copie carbone Jean-Marc Ayrault avaient l'opportunité de remodeler le système français de la protection sociale au sens le plus large pour le rendre à la fois plus pérenne - c'était leur devoir de gestionnaire -  et plus juste - c'était leur engagement de campagne. Les réformes exigeantes se font dans le dur, quand le pays est plongé dans une crise et que la population est consciente qu'il faudra en passer par des sacrifices, pour peu que ceux-ci soient "justes" et fondateurs pour l'avenir. C'était le moment d'agir ! Au lieu de quoi le duo de procrastinateurs a préféré réaccomoder une réforme Sarkozy, pourtant annulée dès le 16 mai 2012 par les deux compères.

L'Etat socialiste, sous la férule de ses Ni-Ni, a perdu une occasion de réformer la société pour lui assurer une vraie lisibilité, sur les bases revendiquées d'une meilleure justice sociale. Celui qui n'a reçu mandat que jusqu'en 2017 se permet de régenter à l'horizon 2025/2035 au lieu de gérer correctement le pays et de le réformer quand il est encore temps. C'est risible et ridicule ; c'est surtout dangereux. En mai 2012, les français ont fait une grave erreur de casting et ils n'ont pas fini d'en payer le prix.  

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