Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Il y a comme un problème...
12 janvier 2017

Un nom d'assurance-vie, symbole d'une mort assurée de l'enseignement français

Prédicat... Quand mon oreille distraite a perçu ce mot au journal télévisé de France 2 ce mercredi soir, j'ai d'abord pensé que s'ouvrait la page économique, avec la présentation d'un nouveau support d'assurance-vie. Puis j'ai saisi qu'il s'agissait en réalité d'un sujet sur l'école, et plus précisément d'une énième réforme de la grammaire à l'intention des classes du primaire. 

Disons-le tout net : je n'ai pas tout compris et je veux bien croire que je n'ai sans doute pas saisi toute la quintessence de cette modification qui renvoie donc le COD, complément d'objet direct, à une étude ultérieure, en l'occurrence en classe de 5ème. Mais cela dit en passant par quelqu'un qui aime respecter une certaine logique : soit le COD a une raison d'être, une fonction grammaticale répondant par construction à une logique (justement !) dans la compréhension d'une phrase, et je ne vois pas pourquoi son enseignement serait ainsi décalé dans le temps ; soit cette "antiquité" ne sert effectivement plus à rien (mais pourquoi maintenant et pas avant ?!), et alors je ne vois pas la raison pour laquelle il faudrait revenir dessus après quelques années d'apprentissage de la langue française : si on a pu faire sans du cours préparatoire à la sixième, à quoi bon en parler après ?! Qu'il est grand le mystère généré par nos illustres pédagogues contemporains !

Par ailleurs, j'aurais aimé que l'inventeur de cette innovation explique comment les élèves allaient maintenant se débrouiller, sans cette notion de COD, quand il s'agira pour eux d'accorder les participes passés, selon la bonne vieille règle avec l'auxiliaire avoir : "si le COD est placé devant le verbe, le participe s'accorde en genre et nombre avec lui". A moins que la réforme du prédicat ait aussi supprimé les accords verbaux ?!

Dans une société où la réflexion humaine tend désormais à se limiter aux 140 signes de Twitter et où le QI a déjà baissé de 4 points en quelques années, il ne faut sans doute plus s'étonner de rien. Mais quand même !

Le français est une langue vivante ; il est normal qu'elle évolue dans le temps et avec elle les méthodes de son apprentissage. Il n'y a rien de mal à vouloir introduire des simplifications, mais pas au prix d'un appauvrissement. Car elle reste le seul vecteur commun, par lequel les citoyens communiquent et s'informent : elle est donc le socle essentiel de notre perception et de notre compréhension du monde. Son enseignement se doit donc d'être rigoureux et exhaustif. Cette obsession à vouloir acculturer la jeunesse à un ersatz vernaculaire limité, en compliquant hier l'accès aux langues mortes pour couper la langue française de ses racines, en cherchant aujourd'hui à supprimer les difficultés d'apprentissage, témoigne d'une volonté de nivellement par le bas de l'enseignement.    

Chacun en a fait l'expérience : apprendre pontuellement une récitation prend du temps ; en apprendre une toute les semaines demande de moins en moins d'effort à mesure que les semaines passent. Car le cerveau est un muscle, qui a besoin d'être sollicité, activé, soumis à des exercices, et cela dès le plus jeune âge. Supprimer des règles, simplifier l'apprentissage à l'excès, se contenter d'une base minimale au lieu de chercher à tendre vers l'excellence dans la complexité, tout cela ne rend pas service aux jeunes générations. Bien au contraire, ce ronronnement intellectuel minimal éteint chez eux le goût de l'effort, la compréhension des règles, l'exigence d'une certaine discipline, tout ce que par ailleurs l'école en tant que structure est censée apporter dans la formation du jeune citoyen, par delà les apprentissages basiques et culturels.    

Et les parents, inquiets de ces dérives pédago-idéologiques, en ont pris conscience de ce danger, eux qui sont de plus en plus nombreux à faire le choix d'une école plus rigoureuse, plus exigeante que l'enseignement public en inscrivant leurs enfants dans le secteur privé. 

 

Publicité
Publicité
Commentaires
Il y a comme un problème...
  • Un regard décalé sur l'information du moment, des analyses originales sur les sujets d'actualité, un point de vue dérangeant qui pose de vraies questions sur notre société et son mode de fonctionnement.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Il y a comme un problème...
Archives
Publicité