Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Il y a comme un problème...
20 avril 2013

PAC ou la perversion d'un système de subventions

Contribution au débat Newsring portant les produits agricoles et la responsabilité des Grandes et Moyennes Surfaces quant à la question des marges et des prix.

L'écrasante majorité de "oui" (95% sur quelques 500 votes) tend à démontrer qu'il n'y a pas vraiment de débat autour de cette question des marges opérées par la grande distribution. Cependant, je crains fort que les GMS ne soient en l'occurrence que les boucs émissaires, par trop évidents, d'un système plus global qui fait marcher le monde agricole sur la tête. Certes, les marges générées par les centrales d'achat, par les intermédiaires et par les revendeurs multiples mériteraient d'être plus transparentes, sinon plus encadrées. Mais il conviendrait aussi de poursuivre la réflexion plus avant en s'intéressant notamment aux mécanismes qui ont, de facto, perverti le lien économique originel entre le producteur et le consommateur.

Depuis le temps qu'elle fait partie du paysage agricole européen, le citoyen consommateur a perdu de vue ce qu'est exactement la PAC, ou Politique Agricole Commune. Ce système, paradoxalement perçu comme "protecteur et bénéfique", consiste en réalité en un interventionnisme outrancier qui place l'agriculteur dans un état de dépendance financière tel, qu'il rappelle le procédé de main mise "technique" des industries agro-chimiques, lesquelles musellent le producteur avec leur camisole de produits phytosanitaires onéreux (semences, engrais, traitements). Avec sa politique d'aides et de subventions, la PAC enraye en effet les mécanismes de calcul du "juste prix", celui qui est censé prendre en compte les coûts réels de la production et la nécessité d'une marge économique "viable" pour le producteur, ce prix "juste" qui tienne compte de l'offre et de la demande et qui permette de faire vivre l'exploitation sur le long terme grâce aux bénéfices dégagés. En France, il est interdit de vendre à perte : or le principe de la "vente à perte" est la base même des dispositifs d'une agriculture sous subvention. C'est cette politique de prix artificiellement minorés à la production qui permet aux intermédiaires de pratiquer des marges indécentes.

Si au premier bout de cette "chaîne alimentaire", le prix de vente initial ne correspond pas aux coûts réels de la production, il faut aussi se rendre compte qu'à l'autre bout, le citoyen paie le produit de deux manières, d'une part "par choix" en tant que consommateur, d'autre part "par obligation" en tant que contribuable, car qui dit subvention et aide publiques, dit taxes et impôts pour alimenter le budget national et/ou européen correspondant.

Le fait est qu'après des dizaines d'années d'agriculture subventionnée, il est bien difficile de connaître la vraie valeur - à la production - d'un kilogramme de viande de boeuf ou de carottes, d'une salade sous serre ou d'une cagette de pommes. Nul doute que si l'agriculteur recevait le juste prix de son labeur, le système mis en place par les intermédiaires serait tout de suite moins lucratif. Le consommateur serait peut-être impacté mais le contribuable y gagnerait en compensation, ce qui permettrait par exemple de minorer la TVA sur les produits agricoles. 

 

Publicité
Publicité
Commentaires
Il y a comme un problème...
  • Un regard décalé sur l'information du moment, des analyses originales sur les sujets d'actualité, un point de vue dérangeant qui pose de vraies questions sur notre société et son mode de fonctionnement.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Il y a comme un problème...
Archives
Publicité