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Il y a comme un problème...
27 août 2021

Etat de la Droite française en 2021 (partie 1)

     Je ne sais trop si la France dispose, comme il a été dit, de la Droite la plus conne du monde. Mais à observer les restes de la Hollandie, éparpillée façon puzzle, le débauchage communauriste, genré ou racisé des Insoumis ou les absurdités intellectuelles des pastèques EELV, on pourrait tout autant évoquer la crasse stupidité de cette Gauche démonétarisée. Quant au parti Macronien, c'est peu de dire qu'il s'agit, en l'espèce, d'un trou noir idéologique : les éléments de langage, élaborés dans les couloirs élyséens et répétés en boucle par des parlementaires sans relief ni consistance, confinent à la négation de l'art politique. Peut-être serait-il plus juste alors d'évoquer une classe politique... en dessous de tout ? Les taux d'abstention récurrents sont éloquents pour attester de cette opinion parmi nos compatriotes. Le débat reste ouvert. A vous de juger.

     Mais revenons à notre sujet du jour : la Droite ! Ici point de débat, puisqu'il faut convenir d'une évidence : tout se déroule comme si Les Républicains étaient pleinement satisfaits de leur douillette position d'opposants verbeux. Après tout, jamais une présidence alternative ne fut autant compatible à un parti d'opposition ! Il n'est qu'à compter le nombre de ministres et de personnalités LR ralliés ou sympathisants de la Macronie ! Un second mandat du présent hôte élyséen n'aurait rien pour déplaire au parti LR, pour peu que le scrutin législatif permette à ce dernier de se remplumer un peu. Cela doit pouvoir se négocier en coulisse. Après tout, le "nouveau monde" est si conforme aux tripatouillages de l'ancien ! C'est que l'appareil LR se doit quand même de satisfaire les ambitions de ses premiers, deuxièmes et troisièmes couteaux - toute une panoplie de la ménagère* familiale, en argent massif bien entendu, qu'il préférerait caser aux frais de la République plutôt qu'à entretenir sur ses propres finances, déjà mal en point ! Et puis les problèmes qui s'accumulent sont tellement complexes à résoudre ! Pensez ! Ils en ont été incapables pendant vingt ans, pourquoi voudriez-vous que cela change subitement ! Non, vraiment, vivoter dans l'opposition, cela a du bon, comme disait Dubonnet !  

     Vous trouvez que j'exagère ? Pourtant, les faits parlent d'eux-mêmes : plus de mille six cents jours - et autant de nuits - se sont écoulés depuis le naufrage Fillon. Et durant tout ce temps, le parti LR n'a pas été en mesure de distinguer, en son sein, un leader naturel, apte à endosser la candidature à la présidentielle de 2022. Outre la non-émergence d'une individualité charismatique, on peine tout autant à y trouver l'embryon d'une équipe soudée, cohérente, dotée d'une ambition de groupe ! Plus inquiétant encore pour un parti souhaitant être incontournable dans le jeu national, quelques pointures ont cru préférable d'abandonner le navire en perdition pour monter leur petite boutique à part. Avec un pied dehors certes, mais tout en conservant les autres orteils dedans, c'est plus sûr ! L'histoire révisitée du beurre et de l'argent du beurre, si vous voyez ce que je veux dire ! Une reproduction du modèle de ces hauts fonctionnaires faisant carrière en politique tout en conservant le parachute doré conféré par leur statut !

     Mais il y a encore plus consternant : malgré une communication ripolinée, LR n'a pas été capable de fédérer une ligne lisible, sinon clarifiée, sur laquelle toutes ces ambitions légitimes auraient pu se référer en guise d'unité de façade. Il n'est qu'à écouter les dissonnances des uns et les solos des autres pour s'imprégner du grand écart idéologique sur certains sujets d'importance. Mais pouvait-il en être autrement, puisque LR, ex-UMP, est une création mal née et que le positionnement "à droite" de ce mouvement pose interrogation ?!

     Le fait que l'ombre de Sarkozy plane encore sur les décombres du champ de bataille post-2012 en dit long sur l'état réel d'un chantier condamné à rester en friche ! L'ex-maire de Neuilly a pu faire illusion sur un malentendu : le bougre avait suffisamment d'ambition et d'énergie à revendre qu'il a pu faire croire à cette "bonne idée" du rassemblement de la carpe et du lapin, ou plutôt d'un centre fluctuant et d'une droite mouvante vers l'extrême. Mais un tel mariage de raison ne survit pas à une défaite, moins encore à deux déroutes de rang. Seule la victoire, distributrice de ses bienfaits et de quelques prébendes, autorise la compromission sur le long terme. Mais il ne faut pas être trop dur avec ce petit monde de la droite dite républicaine. Après tout, c'est une constante : une fois mort, le poisson pourrit toujours par la tête.

     La vérité est ailleurs, comme souvent. Et elle est toute bête. Encore faut-il poser la bonne question : c'est quoi la droite française, sous la Ve République ?  Le point de vue Gaulliste ? La sauce Chiraquienne ? L'aventurisme Sarkozyste ? Ces trois présidences ont-elles même été idéologiquement compatibles entre elles ? Certaines valeurs ont pu être communément partagées, mais "what else ?" , comme dirait le beau George ! Au niveau de l'économie et du social, De Gaulle peut-il être considéré comme un homme de droite ? L'héritier autoproclamé du Gaullisme, Chirac, l'était-il, lui le Radical-Socialiste de coeur ! Je laisse les politologues et autres esthètes de ces questions débattre sans fin sur le sujet. Une chose me semble toutefois plus que limpide : jamais De Gaulle n'aurait adhéré au fédéralisme européen de certains LR, ni à l'économie néolibérale soutenue par de nombreux autres, pas plus qu'aux outrages que la plupart ont fait subir au peuple, soit en contournant une volonté clairement exprimée dans les urnes (De Gaulle en cohabitation en 1997 ? Impensable ! De Gaulle restant en place après le référendum de 2005 ? Absurde ! De Gaulle faisant ratifier le traité de Lisbonne en 2008 ? Connerie ! ), soit en refusant d'en appeler à la souveraineté populaire sur les questions essentielles (aucun référendum convoqué depuis 2005 alors que la Constitution de 1958 faisait de ce dispositif l'un des piliers de notre démocratie ! ). La Droite a-t-elle jamais gouverné la France depuis 1958 ? Même "Sarko-le-facho", ainsi surnommé par les gauchistes, s'est fait l'apôtre de l'ouverture à gauche en s'adjoignant les Kouchner, Hirsch et consorts en 2007 ! Avec le bonheur que l'on sait ! 

     Aujourd'hui les sondeurs expliquent que la France penche nettement à droite. Les marqueurs ne trompent pas ! 70 pour cent de nos compatriotes seraient donc à classer de ce côté-ci de l'échiquier politique. Sauf que cela est moins clair que ça, en vérité. Sur certains items, comme le besoin de protection et de sécurité, ce chiffre fait autant moins de doute qu'il devrait approcher les 100 pour cent, si l'on prend le temps d'y réfléchir ! Quel citoyen  sensé pourrait-il s'opposer à l'idée de vouloir protéger prioritairement sa famille ou son pays  ?! Mais qu'en est-il des questions sociétales, des orientations économiques, des positions sur la finance, publique ou internationale ? Cette majorité populaire droitière s'effrite vite ! Et d'ailleurs, comble du comble pour un parti classé à la droite extrême, donc la Droite supposée "la plus pure", le programme économique du RN, porté par la candidate Le Pen peut-il être qualifié "de Droite" ?

     La politique politicienne à la française a perdu sa boussole depuis longtemps. Macron n'a rien dynamité en 2017 ; c'est le système qui a implosé de lui-même face à ses contradictions internes et à l'insuffisance, intellectuelle et personnelle, des responsables en place, à Droite comme à Gauche. A moins d'une réorganisation générale en profondeur, conforme à une éthique, un positionnement, une vision et des idéaux partagés et clairement exprimés, la caste actuelle ne finira plus qu'à se représenter elle-même. Or, quand on se coupe trop longtemps du peuple, on obtient une révolution. 

 

 

* Notez mon indulgence : je n'ai pas écrit "ménagerie", même si, parfois, les débats internes pourraient faire penser à cette image zoologique ! 

     

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