Mariage gay et homophobie

Contribution au débat Newsring portant sur la question : "Etre contre le mariage gay, est-ce être homophobe"

Il existe en France une liberté sexuelle certaine dont bénéficie l'individu dans la sphère privée : hétéro, bi ou homo, chacun a le droit et la possibilité d'explorer et vivre sa sexualité. Bien entendu, cela n'empêche ni les tabous religieux, ni la pudibonderie sociale, ni les peurs familiales, ni l'intolérance en général  face à tout ce qui peut être perçu comme présentant une "différence qui dérange" ou un "risque potentiel". Mais jusqu'à la récente crispation née de cette loi sur le mariage pour tous, il n'y avait pas, dans la France du XXIe siècle, le sentiment d'un ostracisme autre que marginal affectant les gays et les lesbiennes. Amener le débat sur ce terrain de l'homophobie sert objectivement les intérêts des tenants du "mariage pour tous" puisque s'opposer reviendrait à être homophobe, déclaré ou "inconscient".

Or la question centrale n'est ni sur "la théorie du genre" (fort contestable au demeurant), ni sur l'homosexualité en tant que pratique sexuelle, mais bien sur l'organisation de la société via sa composante de base, la famille. Car le mariage est "basiquement" un contrat social - qui n'a jamais pris en compte les éléments aussi subjectifs que "l'amour"- lequel contrat pose le cadre d'une "famille en voie de construction", raison pour laquelle le passage devant l'officier d'Etat-civil ne donne pas droit à une "licence de mariage" mais à un "livret de famille" intégrant les enfants à naître. Voter une loi instituant le mariage entre personnes du même sexe sans clairement établir le champ d'application logique visant les enfants à naître relève de la plus parfaite des impostures morales. Le mariage pour tous est une loi qui ouvre naturellement et implicitement la question de la procréation assistée pour les couples lesbiens et celle de la gestation par procuration pour les couples gays. Et puisque le grand mot de ce débat est l'égalité des droits pour tous, comment serait-il acceptable qu'une femme homosexuelle puisse avoir un droit reconnu à l'enfant (via la PMA) quand un homme gay devrait se contenter de la seule procédure d'adoption pour se sentir parent à part entière ? Dans les deux cas, il manque pourtant "le complément" pour une reproduction classique, non ?   

Etre contre le mariage gay ne relève pas de l'homophobie, même si les homophobes seront plus "motivés" que d'autres à faire entendre leur opposition à cette loi. Etre contre le mariage pour tous en l'état actuel de la loi, c'est simplement demander au législateur et au gouvernement d'aller jusqu'au bout de leur logique et de présenter un texte sur la famille qui ne laisse pas en suspens des questions essentielles liant couple et enfants pour des raisons qui tiennent pour l'essentiel à de la lâcheté politique.