Brèves de comptoir

De l'incident survenu cette nuit à l'Assemblée lors de la discussion sur la loi très contreversée du "mariage pour tous", je retiendrai deux faits majeurs :

- le black-out des caméras, sorte de censure infligée au peuple, comme si celui-ci n'était pas en mesure de voir ou d'entendre tout ce qui peut se dire dans l'enceinte de l'hémicycle, ce qui fait tâche, au moment où le mot "transparence" est supposé être d'actualité. Pourquoi refuser de montrer la réalité des choses ? Plus largement, pourquoi ne pas rendre publiques les accointances personnelles ou les affiliations qui transcendent le jeu politique "traditionnel", de l'appartenance à une loge maçonnique par exemple ? C'est cela aussi la transparence.

- la déclaration de M. Vidalies, ministre en charge des relations avec le Parlement, selon laquelle "cela fait trente ans que je siège dans cet hémicycle et je n'ai jamais vu cela" : 30 ans, c'est l'équivalent d'une vie professionnelle, ou peut s'en faut. Cela prouve à quel point la représentation nationale est d'abord constituée de professionnels de la représentation politique, et à ce titre co-responsables de la situation actuelle de la France et de la nation. Après une vie passée à cirer les bancs de l'Assemblée ou à fréquenter les couloirs dorés de la République, comment cette représentation nationale pourrait-elle être encore au contact des réalités vécues par les français ? Entre émoluments confortables et avantages en nature divers, il y a une vraie cassure qui rend la représentation nationale non représentative de la nation. Et c'est aussi ce que la publication des patrimoines des ministres vient de révéler au grand jour, cette inadéquation totale entre la diversité du peuple et le monolitisme de cette "élite", inadéquation subie mais tolérée en temps normal, subie mais honnie en temps de tensions sociales et économiques. Quand on se rappelle qu'il n'y a qu'un seul "ouvrier" qui siège au Parlement, voilà qui a de quoi interroger sur la santé de notre modèle démocratique et sur le devenir de cette République malmenée par une gouvernance insipide et surtout fort mal maîtrisée.