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Il y a comme un problème...
25 mai 2012

Euro-bonds : la présidence Hollande en a-t-elle les moyens ?

La croissance européenne passe par les euro-bonds. Le problème vient que cette solution évidente, de court terme, sera aussi un facteur d'aggravation de la crise à moyen et long terme. Le problème, c'est que le pouvoir politique vit trop souvent dans le court terme, la tête dans le guidon, ce qui l'a trop souvent conduit à adopter des mesures contre-productives durant des décennies, alors qu'il lui faudrait gérer les affaires du pays dans la perspective du moyen et du long terme. Mais la vision politique est limitée à l'horizon électoral, et avec le passage au quinquennat, cet horizon est à trois années au maximum pour les gouvernements les plus courageux.

Dans son concept, l'euro-bond consiste en la mutualisation de la capacité des états européens à emprunter sur les marchés financiers internationaux à un coût médian pour tous, un coût plus élevé pour les états les plus vertueux en matière de dépenses publiques et de gestion de leur dette nationale, un coût bien moindre pour les gouvernements proches de l'insolvabilité. L'euro-bond témoigne donc d'abord de la solidarité intra-européenne nécessaire à la construction d'une union qui serait de facto de plus en plus fédéraliste. En réalité, l'euro-bond aurait eu un vrai sens dès le passage à la monnaie unique, en complément d'une politique économique et sociale concertée, en complément avec une Banque centrale européenne aux moyens identiques à ceux de la Banque fédérale américaine.

Le souci est que l'instauration aujourd'hui de cet outil financier indispensable arriverait au plus mauvais moment, car il enverrait surtout un signal désastreux, une sorte de quitus accordé aux états qui se sont montrés les plus négligents dans leur gestion depuis les années 2000. Qui peut douter que les gouvernements les moins sages, ou les plus sous pression, ne voient dans le recours massif aux euro-bonds que le moyen de sortir à bon compte de cette crise de l'euro, sans assumer aucune des obligations que ceux-ci leur imposeraient en échange ? Qui peut dire que ces emprunts, contractés au nom d'une Union européenne solidaire et donc garantis par les états les plus sérieux, serviraient bien à des investissements productifs générateurs d'une croissance à venir, et non à assurer des frais de fonctionnement jamais maîtrisés, à alimenter sans fin un nouveau tonneau des Danaïdes ? Qui peut croire que des gouvernements, de tous bords confondus, habitués à dépenser bien plus qu'ils ne font entrer d'argent dans les caisses publiques, ne se contenteraient pas de détourner le remède pour reproduire cette même dépendance qu'ils ont jadis contractée avec leurs emprunts nationaux ? Quand le trucage des comptes publics est devenu un sport national, comme ce fut le cas avec la Grèce (mais pas seulement !), qui peut raisonnablement croire que les euro-bonds ne seront pas qu'une cautère sur une jambe de bois.

Aujourd'hui, la présidence Hollande milite au niveau européen en faveur des euro-bonds parce que ses engagements économiques et sociaux ne sont pas financés par une réduction correspondante des déficits publics, bien au contraire.  Et tout naturellement, il va trouver des alliés auprès des gouvernements européens qui, comme lui, entendent poursuivre sur la voie d'un développement obtenu avec les recettes du passé, c'est-à-dire en faisant payer aux générations futures la vie à crédit de leurs ascendants. Et tout aussi naturellement, les pays les plus vertueux entendront résister à ces sirènes désespérées appelant de leurs voeux une croissance factice. Les euro-bonds ne sauraient constituer une solution conjoncturelle à un problème structurel ; ce sont tout au contraire un outil structurel qui nécessite une conjoncture moins trouble et une avancée politique au niveau de la construction de l'Union européenne. Or, ce fédéralisme n'est défendu par personne. Comme pour la monnaie unique, le gouvernement français milite avec l'euro-bond pour mettre la charrue avant les boeufs. Voilà le problème.        

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