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Il y a comme un problème...
23 mai 2012

Hollande : ses meilleurs alliés sont à l'UMP

Comme prévu, les débuts de la présidence Hollande se sont guère tranquilles. Pourtant cela n'a rien à voir avec la situation de la Grèce, le clash avec l'OTAN sur fond d'Afghanistan ou le duel à distance avec Angela Merckel sur la croissance payée à grands renforts d'eurobonds, mais plutôt avec les ratés des premières heures de son gouvernement. Heureusement pour lui, la droite a d'ores et déjà commencé à se détricoter, un peu comme si ses leaders "non naturels"  faisaient déjà l'impasse sur le scrutin de juin pour préparer les luttes d'influence en prévision des échéances de 2014 et 2017. 

Tout à sa charte déontologique et à sa politique de communication sur le retour de la normalité aux affaires de l'Etat, Jean-Marc Ayrault a perdu de vue l'essentiel de sa fonction, c'est-à-dire l'encadrement pédagogique de son équipe de ministres "amateurs", sollicités par les médias et/ou par leur envie de se mettre en mouvement sans perdre un instant. Il lui aura donc fallu une semaine pour concocter un modus vivendi à l'intention des membres de son gouvernement, histoire de canaliser leur communication et, pour certains,  leur "agitation médiatique". Il est vrai que cela fait tâche d'entendre un ministre communiquer sur les décisions à venir alors que le mot d'ordre officiel est à la concertation avec les partenaires. Il est toujours plus difficile de contrôler les troupes quand on est en train de mettre en place une politique de double langage. La situation est d'autant plus complexe quand le casting forcé a aggloméré des fortes têtes individualistes d'un côté, et de l'autre des "techniciens dogmatiques" qui savent déjà ce qu'ils veulent mettre en place. La question qui se pose est de savoir si le couple exécutif aura la poigne suffisante pour en faire un vrai collectif, ou si les colonnes de nos quotidiens se rempliront de leurs états d'âme dès que les premiers arbitrages défavorables devront être rendus.  

Vincent Peillon semble apparemment avoir une prédisposition pour les gaffes, à moins que son lapsus ne soit d'abord révélateur de ce qu'il se passe en coulisses du PS, parti au sein duquel les difficiles relations personnelles semblent notablement perturber le jeu politique et gouvernemental, en dépit des commentaires officiels. En confondant les noms de Martine Aubry et  de Marine Le Pen, le ministre de l'Education populaire vient d'inscrire son nom en haut de la liste du bêtisier politique de l'année 2012. La cohabitation agitée, interne aux courant du PS, que j'évoquais dans le post d'hier, se confirme chaque jour davantage. A terme, le président de la République et son gouvernement ne manqueront pas d'être déstabilisés par les "mal servis" et les revanchards issus de sa propre famille politique. Il est des haines tenaces et des rancoeurs auto-destructrices persistantes, comme en témoigne le propos de Martine Aubry rapporté par le Canard Enchaîné à l'encontre de JMA, qualifié de "naze".

Le ministre du Redressement productif se fait, quant à lui, rattraper par les outrances verbales de sa campagne électorale. Le tribunal vient de reconnaître un outrage caractérisé, pénalisé d'un euro symbolique et du remboursement des frais de justice. Cette condamnation de principe mérite-t-elle de clouer Arnaud de Montebourg au pilori politicien ? Naturellement, non. On ne saurait faire un amalgame entre un "dérapage calculé" destiné à faire le buzz et des actes délictueux mettant en cause l'honnêteté personnelle d'un élu ou d'un ministre, comme cela a été le cas pour M. Ayrault dans les années 1990 ou ... M. Longuet. Car malheureusement, il est facile de dévier quand on est en situation de pouvoir, notamment au plan local. Néanmoins, ce jugement intervient alors même que la présidence Hollande n'a de cesse de vouloir se présenter comme le modèle absolu de la vertu morale en politique. J'ai déjà eu l'occasion de le dire ici, François Hollande, candidat hier, président aujourdhui, tient des discours impossibles à tenir dans les actes. Une fois que la presse aura abandonné son chouchou du moment pour rallier un autre hérault, ce décallage entre les postures et les faits décrédibilisera l'exécutif, rendant toute réforme difficile à entreprendre.

Heureusement pour François Hollande, ce n'est pas de l'UMP que viendra le danger. Les grandes manoeuvres pour 2014 et 2017 ont d'ores et déjà commencé à l'initiative d'un autre François, Fillon. L'ex-premier ministre du quinquennat Sarkozy se verrait bien à l'automne aux commandes du navire amiral UMP pour succéder à l'échec de l'expérience socialiste. Déjà, son parachutage sur Paris l'assure d'une élection gagnée d'avance ; il peut donc concentrer son énergie à recomposer le parti de Nicolas Sarkozy pour servir ses ambitions. Il faut dire que cela serait une agréable vengeance après une cohabitation de raison de cinq ans pendant laquelle le premier ministre s'est fait voler la vedette par son président. A l'UMP, cela s'agite donc en interne : faire le mauvais choix serait probablement rédhibitoire pour un poste de ministre à l'horizon 2017, c'est dire si l'affaire est importante pour les trajectoires personnelles des plus ambitieux. En attendant, les législatives sont donc abandonnées au PS et à ses alliés de fait. Le camp socialiste va disposer de tous les pouvoirs pendant les cinq années à venir.

Nous saurons très vite dans quelle mesure cela va constituer un vrai problème pour le pays.....       

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