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Il y a comme un problème...
25 avril 2012

Droite : où sont passées tes valeurs ?

Faut-il que la droite ait depuis longtemps renié ses valeurs traditionnelles pour que tous les "bien pensants" de notre société perçoivent un discours typiquement de droite comme celui d'une droite extrémiste ? Aujourd'hui Sarkozy est taxé de faire le jeu de Marine Le Pen, alors qu'il prône principalement des valeurs de droite. Et de fait, depuis les débuts de la Vème République, quel président peut-il s'enorgueillir d'avoir été effectivement et résolument de droite ? De Gaulle était... gaulliste et en cela il était un homme politique à part ; Chirac, son fils spirituel, a démontré avec la fameuse fracture sociale que son projet politique essayait de décliner une politique alternative de droite sociale. Chirac n'était fondamentalement pas de droite (comme Mitterrand n'était pas exclusivement à gauche), c'est ce détail qui a permis à Nicolas Sarkozy de pouvoir incarner en toute légitimité la "rupture" de 2007 en assumant son parti pris pour une présidence de droite enfin décomplexée. Quant à VGE, dans la lignée de Pompidou, c'est bien son positionnement centro-équilibré qui l'a perdu. Avant Sarkozy, la France n'avait donc jamais vraiment été gouvernée à droite ; et en fait, même le président sortant n'a pas totalement endossé le costume d'un président à "droite toute", en témoigne sa stratégie d'ouverture des années 2007/08. Certes, cela ressortait d'une tactique visant à affaiblir le PS en bougeant les lignes. Mais il serait injuste de s'arrêter à cette seule explication. Cette ouverture avait réellement du sens car elle entrait dans un cadre voulu par le leader de l'UMP qui souhaitait gouverner la France au delà de son seul parti. Il ne faudrait pas oublier les réactions de colère et de frustration de certains cadres du parti majoritaire qui estimaient alors n'avoir pas été justement récompensés pour leur travail et leur fidélité alors que des personnalités comme Amara, Hirsch, Besson ou Kouchner trouvaient une place de choix dans les ministères. C'est aussi Sarkozy qui a nommé le socialiste Cahuzac à un poste clé de l'Assemblée nationale. Je n'ai pas souvenir que les présidences Mitterrand aient eu cette ouverture d'esprit politique ; et je doute de François Hollande ait les mêmes scrupules à donner à l'opposition quelque rôle dans la future administration de gauche. En réalité, je postule que la France n'a jamais été gouvernée à droite, je ne parle pas là au plan budgétaire ou économique, voire au niveau social, mais au plan des valeurs qui sont supposées être "de droite".      

En chassant l'électorat du Front national dans cet entre-deux tours, Nicolas Sarkozy ne fait que revenir aux bases de son engagement politique originel. En portant un discours empreint des valeurs de droite, il rappelle aussi à notre bon souvenir qu'il est encore, pour quelques jours au moins, le leader de la droite républicaine. Et les procès d'intention qui lui sont fait par une presse de gauche, au delà du fait qu'ils sont partials, ou plutôt partisans, montrent surtout à quel point on a oublié que la gauche n'avait pas le monopole de valeurs positives. Il y a bien trop longtemps que l'UMP, et avant lui le RPR, ont réduit leurs discours "de droite" à la seule vision économico-sociale de la France, avec par à-coups, des retours pontuels à un message électoral sécuritaire. En forçant le trait, on pourrait même dire que cette droite "républicaine" a progressivement laissé tomber à terre des valeurs pourtant essentielles, symbolisées par le drapeau ou par l'hymne national par exemple. Or, ces valeurs fondamentales ne pouvaient rester longtemps orphelines. Aujourd'hui, le FN est sans doute à côté de la plaque dans ses solutions économiques, mais il a réussi à s'accaparer la légitimité d'incarner une fierté à être et à se revendiquer comme défenseur d'un certain idéal français.

Quel citoyen français aurait cette audace folle de pavoiser son balcon avec le drapeau tricolore sans être immédiatement suspecté d'appartenir au FN et donc montré du doigt ? Pourtant, ne serait-il pas logique et sain que chaque foyer français en ait un chez soi ? Je parlais dans le post d'hier de cette politique du renoncement qui a conduit l'Etat à dénier tout respect envers ses propres serviteurs, qu'ils soient policiers, militaires, fonctionnaires du Trésor ou professeur des écoles ...  Quand chanter l'hymne national s'apparente à une provocation, quand porter l'uniforme de son pays dans la rue ou dans le métro est considéré, jusque dans la haute hiérachie militaire, comme une provocation potentielle, ce n'est pas la droite qui a un problème avec le FN, c'est la nation qui est en divorce avec le pays. Aujourd'hui, le climat est tel que l'on trouverait presque normal de s'excuser d'être français au lieu de le revendiquer, ou à tout le moins d'en être fier, au même titre qu'un citoyen du pays de l'Oncle Sam se dit et se vit  fier d'être américain. Il est où, en France, le cérémonial scolaire fondateur de la nation qui fait que les jeunes américains, chaque matin, récitent les premières lignes de la Déclaration d'Indépendance ou hissent la bannière étoilée ? Les Etats Unis d'Amérique sont semblables à la France, en cela qu'ils sont une nation d'immigration, historiquement ouverte au monde, une nation qui a la diversité des origines et des cultures dans ses gènes. Or en France, le fait de revendiquer des valeurs "nationales" est immédiatement affublé d'une tare nationaliste. Ce n'est pas un problème, ça?

Le discours de Sarkozy est enfin un discours de droite ; et apparemment c'est une infamie. Or ce qui est une infamie, c'est d'avoir laissé les valeurs traditionnelles de la France dans un état de quasi abandon, uniquement défendues par un seul parti politique (extrémiste) quand elles devraient être le ciment commun à toutes les formations républicaines, des valeurs positives maintenant accaparées de fait, ce qui les rend suspectes de xénophobie, de racisme et de nationalisme  exacerbé. Il est scandaleux que les symboles de la nation française aient à ce point fait les frais d'une gauchisation des esprits. Se lever pour l'hymne national est devenu une bizarerie quand la nation tolère les sifflets sur la Marseillaise, comme ce soir terrible au Stade de France lors d'un match amical France-Algérie. Ce ne sont que des symboles, mais ce sont avec des symboles que se contruisent et s'enracinent les identités des nations. Etre français n'empêche en rien de se sentir européen et citoyen du monde. Défendre des valeurs de droite ne signifie pas être xénophobe ou raciste, c'est juste donner des priorités et des définitions différentes par rapport aux valeurs prônées par la gauche. Le problème est que les valeurs de droite sont revendiquées par le Front national et que désormais elles lui sont assimilées car la droite a eu la faiblesse de démissionner. Et pour le coup, c'est un vrai problème.  

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  • Un regard décalé sur l'information du moment, des analyses originales sur les sujets d'actualité, un point de vue dérangeant qui pose de vraies questions sur notre société et son mode de fonctionnement.
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