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Il y a comme un problème...
9 février 2017

Désormais une chose est sûre : on ne sait jamais tout, alors autant dire qu'on ne sait rien

Connaissez-vous ce texte magnifique, interprété par Jean Gabin, qui s'intitulait "Je sais" ? C'est le point de vue d'un vieil homme se retournant sur son passé et qui constate qu'à chaque étape de sa vie, il avait eu la certitude de savoir tout sur tout, mais qu'en fin de compte et avec le recul, il s'était rendu compte qu'il n'avait jamais rien su de rien en réalité. Et cela se terminait par cette morale empreinte de grande sagesse : dans la vie, la seule chose que l'on sache vraiment, c'est que l'on ne sait rien en vérité. Encore faut-il le comprendre, et l'accepter.

 

Affaire Fillon :

Avec l'épisode 3 de l'affaire Fillon paru dans le Volatile, lequel journal, en d'autre temps, avait déjà torpillé une candidature de droite à la présidentielle, favorisant ainsi activement l'arrivée de la gauche au pouvoir (Mitterrand, 1981), il devient difficile de savoir. Selon l'hebdomadaire satirique, Pénélope Fillon aurait reçu 45.000 euros en guise d'indemnités de licenciement payées par le Parlement. Ceci plus cela, il n'y aurait plus de quoi fouetter son chat - une pratique stupide et condamnable, soit dit en passant ! Le trouble vient que cette révélation survient alors que, depuis quelques jours, les français n'ignorent plus rien du travail d'attaché parlementaire. De nombreux reportages, pléthore d'interviews des intéresses ont permis de mieux connaître le statut et les fonctions, diverses et variées, de ces assistants de la vie politique institutionnelle. Or, justement qu'a-t-on appris de la condition de ces forçats du Parlement ? Notamment trois choses :

- qu'ils touchent en moyenne 2.500 euros mensuels, une somme payée par le comptable du Parlement sur l'enveloppe consentie à chaque parlementaire (autour de 9.500 euros),

- qu'ils sont affectés, par contrat de droit privé, à des tâches décidées uniquement par leur employeur, en l'occurrence et uniquement le parlementaire,

- et qu'ils sont des travailleurs précaires, sorte d'intermittents du spectacle politique, puisqu'ils sont renvoyés automatiquement et sans aucune indemnité, notamment si leur parlementaire n'est pas réélu ou qu'il ne se représente pas. Ce statut mal fagoté et l'absence d'indemnités font d'ailleurs l'objet de négociations entre les institutions et l'association des attachés parlementaires.     

Et c'est là que l'on s'y perd : pourquoi le comptable du Parlement aurait décaissé une somme additionnelle au titre d'indemnités, qui, si elles sont prévues dans le contrat de travail, devraient être réglées par l'allocation mensuelle du parlementaire ? Si il était d'usage que le Parlement paie de telles indemnités - quel qu'en soit le montant - pourquoi tous les parlementaires n'en ont-ils pas fait profiter ceux de leurs attachés qui ont été licenciés ? Autant se quitter dans le meilleur des termes si on veut éviter des fuites malveillantes, non ?  Surtout si ça ne coûte rien au parlementaire ! Et pourquoi la question de cette indemnité est-elle justement sur la table des négociations avec le Parlement, prouvant de fait que le comptable de l'institution n'est ni en droit, ni en devoir d'acquitter ces surplus ?

Et si dysfonctionnement il y a eu en l'espèce sur le cas Pénélope Fillon, à qui la véritable faute ? A l'employeur - François Fillon - qui aurait fait la demande de paiement pour solde de tout compte, ou au service comptabilité qui aurait validé une telle procédure non réglementaire ? Comment se fait-il que les journalistes ayant enquêté sur le cas des attachés parlementaires ne soulèvent pas le hiatus ? Ou alors c'est que leurs reportages, et les informations rapportées, ne sont que du pipeau ? A l'évidence, le public ne sait que ce que l'on veut bien qu'il sache ; autant dire qu'on ne saura jamais le vrai du faux dans toute cette histoire à épisodes. Mais sans doute n'est-ce pas la vérité qui est recherchée ici, juste un moyen d'interagir avec une campagne électorale à des fins qui, elles, resteront dans l'ombre... du sacro-saint secret des sources journalistiques !  

 

Affaire Sarkozy / Bygmalion :

Avec la demande de renvoi de Nicolas Sarkozy devant le tribunal correctionnel dans l'affaire Bygmalion, on entre aussi dans ce savoir de l'ignorance, ou l'ignorance du savoir, allez savoir !?

Le candidat Sarkozy de 2012 est accusé d'avoir été le principal bénéficiaire du jeu de trésorerie de cette fameuse société oeuvrant dans la double facturation. Bénéficiaire de la mise à disposition d'outils de propagande lors de sa campagne, c'est une évidence. Bénéficiaire certes, mais pour quel bénéfice en définitive, puisqu'il a été sanctionné dans les urnes et par le Conseil Constitutionnel ? Et que savait-il vraiment des montages financiers et du dépassement effectif du plafond de campagne ? Mystère. La charge de la preuve étant du ressort des enquêteurs, il aurait été plus opportun de signifier un autre libellé pour ce renvoi au tribunal.

Par ailleurs, les comptes de campagne ont déjà été invalidés par le Conseil Constitutionnel : les comptes définitifs, tels que constatés a posteriori par la Haute juridiction après enquête, ont été clos sur un dépassement de quelques centaines de milliers d'euros et le candidat Sarkozy, ainsi que son parti l'UMP, ont été condamnés au non-remboursement des frais de campagne, à hauteur de 21 millions d'euros (environ, à ces niveaux je ne chipote jamais les chiffres !) et à une pénalité financière déjà acquittée par Sarkozy.

Ce renvoi est donc surprenant puisqu'il entendrait faire rejuger par une instance juridictionnelle inférieure un délinquant - puisqu'il y a présomption de délit - dans une même affaire, à savoir le financement abusif de sa campagne. Cette incongruité n'a d'ailleurs pas échappé, semble-t-il, au second juge en charge de l'instruction puisqu'il n'aurait pas signé le procès-verbal de renvoi, aux dires de l'avocat de Sarkozy. Vous me direz que Nicolas Sarkozy en son temps militait pour la double peine et qu'il n'a donc que ce qu'il mérite. Allez savoir....   

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  • Un regard décalé sur l'information du moment, des analyses originales sur les sujets d'actualité, un point de vue dérangeant qui pose de vraies questions sur notre société et son mode de fonctionnement.
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