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Il y a comme un problème...
26 avril 2012

Les voix n'appartiennent à personne

A lire la presse, on pourrait bien croire que les candidats déchus possèdent le suffrage des électeurs qui ont fait le choix de voter pour eux au premier tour. Chaque parti aurait ainsi une légion de citoyens répondant au doigt et à l'oeil aux ordres de son leader. Tout cela n'est que pure illusion ; les postures prises par les uns et les autres ne sont là que pour masquer le fait que leur influence se limite à la seule troupe de leurs militants et qu'en définitive c'est bien le peuple souverain qui fera, en conscience, son choix le 6 mai prochain.

On voit avec le Modem l'exemple même que ces discussions autour de ces hypothétiques reports de voix n'est qu'un cirque médiatique pour faire vivoter une campagne de l'entre-deux tours avant le débat télévisé de jeudi prochain. Alors que François Bayrou attend le 3 mai pour émettre un avis définitif sur le positionnement officiel de son parti, élus et représentants du centre n'en finissent plus de s'épancher auprès des médias pour dire leur soutien à l'un, leur inquiétude envers l'autre. M. Bayrou n'est pas capable de faire la police auprès de ses propres élus et l'on voudrait que les simples citoyens l'écoutent religieusement ?! Le problème actuel avec le leader du Modem, c'est qu'il se comporte toujours en troisième homme alors qu'il n'a guère pesé au premier tour. Son problème à moyen terme, c'est de démontrer qu'il a l'envergure nécessaire, la poigne suffisante pour canaliser une force médiane qui est surtout célèbre pour ses francs-tireurs et ses girouettes. Le 3 mai, François Bayrou rendra public son choix du second tour, mais ce sera surtout un non-évènement car chacun de ses électeurs se positionnera d'abord en fonction de ses propres attentes et de ses propres choix. Et à dire vrai, le leader du Modem n'a aucun intérêt à choisir l'un ou l'autre puisque son objectif à court terme est d'incarner le projet d'une alternative aux gouvernances de l'UMP et du PS. Entrer dans une logique de soutien, même sans participation, à une mandature Hollande (pour autant que celui-ci soit intéressé, ce qui reste à démontrer puisque François Hollande a d'ores et déjà refusé toute idée d'ouverture politique) ou Sarkozy, serait totalement contre-productive. Il n'avait pas choisi entre Sarkozy et Royal en 2007, il devrait reproduire le schéma du "ni-ni" en 2012. Sauf à penser qu'un ralliement officiel au candidat Hollande, donné  "à titre personnel", s'impose à lui compte tenu de l'importance des enjeux ; cette honnêteté intellectuelle ne manquerait cependant pas de signer la fin de ses ambitions politiques.

Avec les électeurs du FN, les choses sont encore plus compliquées puisque ces derniers viennent d'horizons très divers et rien ne dit qu'une fois leur vote de colère exprimé au premier tour, chacun ne retourne à son camp respectif, quel que soit le mot d'ordre de Marine Le Pen. D'ailleurs pour elle aussi, aucune consigne particulière n'est finalement à attendre puisqu'elle ne peut donner l'impression de privilégier Hollande afin de précipiter l'implosion de l'UMP. Quant à faire voter Sarkozy pour faire barrage au programme socialiste, cela aurait du sens au plan logique mais cela serait contraire à sa stratégie de prise de pouvoir à droite de l'échiquier politique. Le président sortant a raison de dire qu'une bonne partie des voix du FN n'appartient pas au FN, que ces électeurs du premier tour n'ont pas fait un vote d'adhésion aux idées défendues par Marine Le Pen, mais un vote de colère contre un système UMP - PS, jugé responsable de la situation actuelle et de ces déficits qu'il faudra combler dès demain. La question est donc de savoir combien de frontistes du 22 avril sont plutôt de droite, et combien se reconnaissent encore dans la gauche. Si l'électorat du FN est somme toute assez volatil, il ne faudrait pas en déduire pour autant que le vote FN ne peut pas se renforcer lors des législatives à suivre, ni dans les élections locales à venir.  Car le vote des étrangers hors UE va devenir un vrai enjeu dans les zones où cette immigration est particulièrement dense. Et à ce moment-là, la vérité d'aujourd'hui, selon laquelle le FN n'a pas une vraie base électorale, deviendra fausse. Et quand le FN se sera fortement implanté au plan local, il deviendra effectivement le parti majeur à droite. La mue "mariniste" est déjà en route, et le seul rempart à cela, c'est le vote Sarkozy. Au final, ceux qui mettent en priorité politique de ramener le FN à un score inférieur à 10% seraient bien inspirés de réfléchir à deux fois avant de glisser le bulletin Hollande dans l'urne, car l'application du programme politico-sociétal du PS constituera le meilleur des combustibles pour la fusée Marine. C'est Mélenchon qui, pour le coup, devrait avoir des problèmes de conscience, entre son désir de bouter Sarkozy hors de l'Elysée ou son combat à vouloir rabaisser la menace frontiste. Mais ça, ça serait mettre de la vraie logique dans les idées politiques, or rien n'est jamais logique en cette matière, et c'est bien là le problème.

        

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