Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Il y a comme un problème...
22 janvier 2019

La révolte des classes moyennes : la financiarisation en accusation

     La crise des Gilets jaunes a révélé au grand jour le malaise des classes moyennes, celles qui, habituellement, ne s'expriment jamais dans la rue et ne font pas de vague, pour reprendre un hashtag récent. Les petits retraités, comme on dit, et les femmes en charge d'un foyer monoparental, ainsi que les professionnels précarisés par la mondialisation et par le problème des travailleurs détachés, sont sortis de leur réserve naturelle, à force de désespérance et d'un profond sentiment d'injustice. Même s'il y en a, les cortèges du samedi ne sont pas constitués par des réserves de chômeurs. Cette crise qui,malgré sa durée, malgré les gênes occasionnées, malgré les violences et la casse, trouve un écho favorable dans un noyau dur, estimé autour de 20% des citoyens, et une sympathie, à hauteur de 30 autres pour cent, est celle de cette France qui bosse ( ou a bossé durement) et qui n'y arrive pas ! La désindexation des retraites et des prestations sociales a aspiré "les modestes, les gens de peu" vers le bas, tandis que l'accroissement des taxes et l'inflation n'en finissaient plus de gréver leur maigre budget. Cette révolte est un cri, celui d'une dignité que la financiarisation de l'économie a piétiné sans vergogne.

     Au moment où Oxfam et Attac sortent leurs rapports sur ces inégalités qui se creusent entre les plus riches et les plus pauvres dans le monde et en France, il n'est pas inutile de réfléchir à une plus juste répartition de la richesse produite. Car que nous révèlent ces rapports, sinon que la grande crise financière de 2008, causée par la rapacité sans fin de banques, principalement américaines, a été largement épongée par le petit peuple, au prix d'un surendettement budgétaire national, qu'il lui faut aujourd'hui rembourser, en même temps qu'elle contribuait in fine à rendre les grands financiers et les acteurs majeurs de la nouvelle économie encore plus riches !? 

     La redistribution ne fonctionne pas, pas plus que le fameux ruissellement théorisé par Emmanuel Macron dans sa philosophie du premier de cordée. Au contraire, preuve est faite que ce système se nourrit de la précarisation des classes moyennes, des délocalisations et de la distribution de dividendes indécents, justifiés à l'aune des intéressements immédiats à deux chiffres. 

     Lancés dans une compétition biaisée par les quasi-monopoles et les grands groupes mondialisés, les Etats sont piégés, et leurs gouvernements impuissants à remettre la politique au centre décisionnaire. Rendez-vous compte que Google pourra traîner des Etats européens devant les tribunaux américains dont on sait pertinemment qu'ils n'ont d'indépendants que l'appellation, alors que le gouvernement d'un Etat démocratique est incapable de le sanctionner autrement que symboliquement !

     Les révoltes grondent de partout en Europe, elles vont éclater. Puisque personne ne semble se soucier de les protéger de ce monde qui accorde des primes aux destructeurs d'emploi et aux profiteurs de subventions, les classes moyennes n'ont d'autre choix que de se lever et de renverser la table. Alors forcément, cela fait le jeu des populismes, des nationalismes et du repli sur soi, mais à qui la faute ?

     Pourtant, une solution pourrait être envisagée : instaurer une fiscalité sociétale et environnementale couplée à la fiscalité des entreprises, avec un système de bonus-malus afin de récompenser les acteurs économiques vertueux et sanctionner au portefeuille les déviants et les profiteurs. Avec un taux ramené à une moyenne européenne - autour de 20-22% - cette fiscalité thématique prendrait en compte tout ce qui, aujourd'hui, concourt à la désindustrialisation massive des économies européennes ou au rapatriement des emplois sur le sol national, ainsi qu'aux efforts liés à l'environnement. Toutes les entreprises ayant un siège ou une filiale en France seraient comptables des subventions reçues et des transferts financiers ou des restructurations amenant à des licenciements massifs, des délocalisations partielles ou des fermetures de site : remboursement immédiat de toutes les aides perçues sur les cinq dernières années ; dépollution obligatoire des sites industriels gelés, laissés dans un état de quasi abandon alors que leurs effets nocifs se feront ressentir pendant des années ! Les sanctions et les menaces ne manquent pas, de même que les encouragements à se montrer socialement et écologiquement responsable !

     Il faut bien se rendre compte qu'une délocalisation vers un pays en voie de développement ou à fiscalité quasi nulle, ce n'est pas seulement du chômage direct et induit pour le pays perdant, mais c'est aussi, par exemple, une empreinte carbone beaucoup plus élevée pour les produits réimportés plus importante ! On pourrait aussi interdire d'importation tous les services et produits émanant des sociétés les plus problématiques, au titre de la sécurité (économique) nationale, à l'instar de ce que pratiquent allègrement les Etats-Unis d'Amérique. Ces derniers le font sans vergogne sous ce prétexte fallacieux ! Qu'attend-on pour rendre la monnaie de leur pièce à ce géant grevé de dettes qui protègent ses monopoles malgré la loi anti-trust ? 

     Sans un signal fort envoyé aux partenaires européens et au Monde, ici et maintenant, la France sera irrémédiablement condamnée au déclassement et sa classe moyenne renvoyée à la pauvreté. Le pays fournira, encore pour un temps, les grands noms amércains et mondiaux de la nouvelle économie et des secteurs de recherche en ingénieurs éduqués et formés, quasi gratuitement, dans les universités et grandes écoles du pays, avant que le système éducatif global (>11% du budget national) ne soit plus finançable. Et puis il finira en gigantesque Disneyland pour touristes en mal de châteaux, de musées et d'histoires vivantes des terroirs. Est-ce la vision Macronienne pour notre pays ? A priori oui, vu l'enthousiasme suscité par le record de touristes enregistré en 2018 et les attentes pour 2020 (100 millions de visiteurs). Petit bémol : sont comptabilisés dans cette statistique des personnes qui ne font que transiter dans le pays, lors de grandes transhumances estivales, depuis la Belgique vers le Maghreb ou depuis le nord de l'Europe vers l'Espagne, l'Italie notamment. Et si l'on prend aussi en compte les chauffeurs routiers de l'Europe centrale qui sillonnent nos routes tous les jours !

 

Avant de finir, j'aimerais bien que quelqu'un m'explique, car il y a une chose que je n'ai jamais comprise : en France la recherche médicale est financée pour partie par un appel aux dons, largement médiatisé à grands renforts de chaînes publiques, qu'il s'agisse des recherches sur le cancer, le sida, les maladies génétiques etc... Mais que se passe-t-il quand une recherche aboutit, quand une équipe ainsi financée trouve un traitement ? Est-il distribué à prix coûtant aux malades ayant contribué à son financement, à défaut de l'être à tous les citoyens ? Qu'il s'agisse de l'argent public et de l'argent du public, il ne semble y avoir aucun "retour sur investissement", pour ce que j'en sais ! En revanche, les laboratoires n'hésitent pas à faire payer à la Sécurité sociale des tarifs extravagants pour ces traitements, des prix qu'ils justifient par le coût de ces mêmes recherches, auxquelles ils sont peu ou prou associés ! 

 

 

 

Publicité
Publicité
Commentaires
Z
Merci d'appeler "les gens de peu", comme je le fais moi-même, et non ceux ui ne sont rien comme un certain... pouah !<br /> <br /> <br /> <br /> Le ruissellement : Mais si il est bien réel... Le fric ruisselle des gens de peu vers les riches...<br /> <br /> <br /> <br /> Sur les découvertes de la recherche médicale... Motus et boche cousue. Émeus-toi et paye, mais les résultats c'est pas pour toi... A moins qu'ils ne fassent que chercher leurs clés ? On ne sait pas.<br /> <br /> Je veux dire par là, que la transparence, ils ne connaissent pas, mais seulement les ressorts de l'émotion en guise de marketing...<br /> <br /> Très bonne soirée
Répondre
Il y a comme un problème...
  • Un regard décalé sur l'information du moment, des analyses originales sur les sujets d'actualité, un point de vue dérangeant qui pose de vraies questions sur notre société et son mode de fonctionnement.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Il y a comme un problème...
Archives
Publicité