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Il y a comme un problème...
7 janvier 2017

Europe, ce sujet majeur de la campagne que l'on instrumentalise pour ne pas le traiter

La campagne de la primaire socialiste, comme la campagne pour la présidentielle, est l'occasion de parler, un peu, de l'Europe, la plupart du temps en martelant un mot-clé, "renégociation". Comme le candidat Hollande en 2011-12, chacun se fait fort de "mettre l'Allemagne au pas", de dicter un nouvel ordre européen, comprendre à l'image des seuls intérêts de la France, ce pays qui fonctionne si bien avec son modèle social que tout le monde nous envie et que personne ne copie vraiment. Oui, "moi devenu président", il sera loisible de modifier telle loi ou d'annuler telle disposition. Pourquoi ? Parce que je le vaux bien pardi ! Il s'agit d'un syndrome d'arrogance communément partagé par tous nos valeureux candidats, tel un fait du prince postulant que la légitimité obtenue des urnes françaises aurait une valeur universelle à l'échelle de l'Union européenne. Cela pourrait être le cas si nos dirigeants montraient effectivement au reste de l'Europe le bon exemple à suivre et s'ils étaient crédibles, paroles et actes confondus,sur la scène internationale, C'est loin d'être le cas, et c'est bien là le problème. 

Les mêmes causes produisant les mêmes effets, ces candidats à l'Elysée s'illusionnent autant qu'ils mentent éhontément aux électeurs, comme François Hollande lors de la campagne 2012. Car si elle est toujours l'un des piliers de l'Europe politique, malgré un effacement progressif à partir de 2005, la France est renvoyée dans son immobilisme quand nos partenaires européens se réforment, dans sa suffisance quand elle veut donner des leçons qu'elle-même ne s'applique pas, dans son silence quand elle laisse à d'autres le soin de tenir les rênes de la (dé?)construction européenne.

La France n'est pas l'Allemagne et personne en Europe, y compris à Berlin, ne lui demande de raboter ses spécificités comme elle prend souvent l'initiative de le faire d'elle-même dans une sorte de surenchère nationale pour l'exemple (!?), rendant toujours plus contraignantes les normes décidées en commun par les chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union et mises en musique par la Commission de Bruxelles. Si le moteur à deux temps de l'Europe a si bien fonctionné jusque dans les années 2000, c'est parce que le couple franco-allemand avait fait de ses différences, en terme de culture économique, de tissu industriel et social ou de mentalités, une bénéfique complémentarité. Ce qui a changé, c'est le traumatisme du référendum raté de 2005 qui a plongé les gouvernants français à jouer un pied dedans, un pied dehors la poursuite de la construction européenne, quand l'Allemagne tirait toutes les conséquences - et tous les profits - de l'élargissement progressif à 28. La France n'a plus joué le jeu, s'octroyant des passe-droits "parce que c'est la France" tout en minant les fondements de sa compétitivité par un abus de normes plus européennes que l'Europe. Cette complémentarité bien comprise entre Paris et Berlin s'est muée en une compétition frontale dans des secteurs-clés de notre économie, notamment l'agro-alimentaire, et dans les technologies nouvelles ou émergentes. Tout à leurs stratégies partisanes et électorales, les membres de notre classe politique ont refusé de purger la question intégrationiste-fédéraliste qu'impliquait l'adoption d'une monnaie unique (en lieu et place d'une monnaie commune). Ils ont trouvé bien commode de camoufler, qui une incompétence récurrente à régler les problèmes économiques, qui une totale impréparation à gouverner, qui une coupable absence d'idéal national ou de vision européenne, derrière des faux semblants faits de demi-mesures, avec pour toile de fond un rejet permanent de la faute sur Bruxelles et sur l'Europe, comprendre Berlin !

La réalité, c'est que derrière ce spectre "l'Europe", derrière cette "Commission infernale bruxelloise", c'est aussi la France, la France (mal ou peu) représentée par son président de la République aux sommets ad hoc, par ses ministres quand ils daignent assister aux réunions au lieu de battre la campagne électorale, par ses députés qui font les commissions (quand ils y viennent) et qui votent des lois à vocation supra-nationale. La réalité, c'est que soit on invente plus et mieux d'Europe, soit on déconstruit l'Europe de l'Euro, mais que la France ne peut pas se satisfaire de cette situation actuelle perdant-perdant. Mais quel candidat ose vraiment dire les choses ?!     

Il est pure illusion de faire croire aux électeurs que la solution à la crise sociale et économique qui plombe le pays depuis trente ans viendra d'une renégociation à notre (seul) profit du fonctionnement de l'Union. La France sera écoutée quand elle sera redevenue fiable ; elle sera entendue quand elle aura fait montre d'une crédibilité retrouvée ; elle sera suivie quand elle aura su se montrer convaincante par l'exemple et par la présentation d'un projet commun. Ce n'est pas demain la veille, comme disait mon grand-père, et c'est bien là le problème...

 

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  • Un regard décalé sur l'information du moment, des analyses originales sur les sujets d'actualité, un point de vue dérangeant qui pose de vraies questions sur notre société et son mode de fonctionnement.
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