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Il y a comme un problème...
5 février 2019

Diplomatie française : entre trahison et veulerie

     Où est passée la diplomatie française ? Où est passée l'indépendance nationale ? La précipitation tweetesque d'Emmanuel Macron à embrayer derrière le gazouillis de Donald Trump, puis la décision officielle de la France à reconnaître le président du Parlement vénézuélien comme légitime détenteur du pouvoir à Caracas ne font que témoigner du retrait français sur la scène internationale. Et d'ailleurs durant ces dix-huit derniers mois, qui s'est aperçu que Le Drian, ex-grognard de Hollande et caution socialiste de Macron, était aux manettes au Quai d'Orsay ? Et qui peut définir la politique internationale de la France, en vérité ?!

     Depuis que la France a rejoint l'état-major intégré de l'OTAN, notre pays ne cesse de donner dans le strict alignement aux intérêts politiques, économiques et militaires des Etats-Unis d'Amérique. Cette position ultra-atlantiste contrevient à l'élan impulsé par le général De Gaulle aux heures les plus sombres de la seconde guerre mondiale, puis à sa politique équilibrée en pleine Guerre froide. Il avait montré l'exemple de ce qu'un pays, qui se veut porteur d'un idéal démocratique et humaniste, ne peut et ne doit céder aux sirènes des uns ou aux menaces des autres, mais, tout au contraire, peut et doit tracer son propre sillon, de sorte à rassembler les nations désireuses de ne pas se laisser enfermer dans un manichéisme réducteur. Avoir un siège au Conseil de sécurité des Nations Unis oblige l'Etat français à se montrer digne de cet héritage ! C'est ce qu'avait bien compris Jacques Chirac, par la voix de son ministre des Affaires étrangères de l'époque, Dominique de Villepin, quand la France s'était opposée avec force à la résolution américaine portant sur la question irakienne. Faut-il rappeler que les armes de destruction massives, invoquées par le président Bush et son toutou britannique de Downing street n'ont jamais été qu'une pure invention destinée à mettre la main sur le pétrole irakien avec l'assentiment de leur opinion publique, à défaut de l'opinion internationale ?!

     Ce qui est à la fois triste et grave, c'est que cet alignement marque, d'une manière certaine, l'abandon de notre souveraineté en même temps que la totale absence d'une vision stratégique de nos gouvernants en matière internationale. La technocratie régnante dans les couloirs du pouvoir se targue d'économie et de finances, bien plus que des sujets touchant à l'équilibre stratégique et au rayonnement de la France à l'international. Au sein de l'exécutif, il y a bien plus qu'une frilosité à porter haut et fort la voix d'une nation indépendante dont la vocation est de proposer une troisième voie ou une médiation entre les deux blocs, ou deux camps, qui s'affrontent ; il faut dire les choses comme elles sont : il y a un renoncement volontaire et assumé qui s'apparente à de la veulerie !

     Comme par hasard, il n'y a que dans le pré carré de la soit disant Françafrique - qui n'est censée plus exister depuis Sarkozy et Hollande - que le chef des Armées aime à jouer au petit soldat et au stratège en chambre - avec les succès que l'on sait (c'est ironique, naturellement !). Et pour cause, pour le moment, le continent africain n'intéresse pas les Etats-Unis. Cela devrait changer prochainement, car il faudra bien que l'oncle Sam pousse ses propres pions pour contrer, d'une manière ou d'une autre, la stratégie d'expansion de la Chine, qui entend ainsi sécuriser ses approvisionnements en matières premières et en denrées agricoles sur ce continent.  

     On aurait pu entendre que la diplomatie française se tienne sur une réserve de bon aloi si une vraie diplomatie avait pris corps au niveau européen, mais rien n'est moins vrai ! L'Europe est un nain à l'échelle internationale, parce qu'il n'y a pas de réelle union entre ses membres (c'était de toute façon improbable dès 1972 avec le Royaume-Uni comme tête de pont des intérêts américains, et encore plus impossible dès que les "douze" ont élargi à dix-huit puis vingt-sept !), parce qu'il n'y a pas une force armée indépendante associée et parce qu'elle n'arrive même pas à défendre ses intérêts économiques essentiels dans son propre espace !

     Au Moyen-Orient, en Asie, aux Amériques et même en Afrique, la France a perdu sa voix parce que ses gouvernants à la petite semaine, focalisés sur les sondages et ces conquêtes électorales assurant leur carrière, ont choisi de quitter la voie tracée par celui qui se faisait une grande et belle idée de cette France, héritière des valeurs inspirées de la République et de la Révolution. En trahissant l'héritage gaullien, Emmanuel Macron, encore plus que ses prédécesseurs immédiats, a en réalité trahi l'idéal d'une nation éclairant le monde. Est-ce étonnant de la part de celui qui a oeuvré à démanteler ce qui restait du fleuron industriel national au profit des intérêts américains ? Poser la question, c'est y répondre.

 

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Commentaires
Z
Nos sommes un pays de vassaux, comme nous sommes un peuple considéré comme esclave du souverain qui se veut absolu dans la républiue bananière nommée France... C'est très triste, mais cela renferme une très grande dose de colère..<br /> <br /> Très bonne journée
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  • Un regard décalé sur l'information du moment, des analyses originales sur les sujets d'actualité, un point de vue dérangeant qui pose de vraies questions sur notre société et son mode de fonctionnement.
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