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26 mars 2017

Brèves de comptoir : Le Drian, Macron, Fillon et les autres

Brièvement de passage sur mon blog pour quelques brèves de comptoir, en toute liberté en ce beau dimanche printanier :

Jean-Yves Le Drian rejoint Macron : 

Le quinquennat Hollande aura permis de révéler deux hommes d'Etat, surnageant au milieu de l'indigente cohorte des ministres pâlots, j'en-foutre et autres carriéristes, longue liste d'ambitieux et d'inadaptés à leurs fonctions qui ont pourtant hanté les palais de la République depuis 2012. Je veux parler ici de Bernard Cazeneuve et de Jean-Yves Le Drian.

Le premier finit son cursus - et apparemment sa carrière - politique  à l'hôtel Matignon, après des débuts pourtant effacés quand Ayrault le nomma aux Affaires européennes. L'ascension de ce "pompier de service" des affaires politiciennes ou judiciaires de la Hollandie (affaire Cahuzac, départ de Macron, nommination puis départ de Valls) en dit long sur le désastre de ce quinquennat, où la gouvernance socialiste n'a eu de cesse de privilégier les amis de la promotion Voltaire et de ménager les courants socialistes au détriment de la bonne marche de l'Etat. A l'évidence, François Hollande n'était pas prêt à exercer le pouvoir, lui qui n'a pas su et voulu s'entourer de vrais serviteurs de l'Etat, choisis pour leur compétence et leur efficacité. Quand bien même Cazeneuve n'aura pas révolutionné les pratiques, ni obtenu de résultats extraordinaires aux postes où il a exercé, il aura su être l'incarnation d'une image positive de cette mandature, celle d'un politique au seul service de l'Etat, autrement une exception dans ce quinquennat. Cela en dit long sur la qualité de la "pépinière socialiste" des apparatchiks et de l'aptitude de ceux-ci à exercer correctement les plus hautes charges.  

Le second, membre historique du cercle présidentiel, est apparu à ce point unique et indispensable à sa fonction, hôtel de Brienne, qu'il a pu cumuler, sans vergogne (et sans susciter l'ire politico-médiatique), fonction ministérielle et présidence de Région durant deux années, contrevenant ainsi à la règle pourtant édictée par Hollande lui-même. Cette réalité témoigne de cette tare génétique du Parti Socialiste à pouvoir présenter des experts crédibles sur les questions de Défense quand il regorge d'esthètes sur les questions d'Education et de Culture ! Dans un environnement guerrier, cette question pose un vrai problème ! Quant à ce cumul, il ne peut que nourrir le manque d'empressement citoyen à participer aux scrutins électoraux, quand il est à ce point évident que la classe politique surfe au quotidien sur les mensonges et sur ses reniements à la parole donnée, de Valls à Fillon, de Rugy à Le Drian donc.

Sans surprise, c'est très naturellement que Le Drian a fait, cette semaine, du Le Drian. Le ministre et président de région Bretagne a indiqué tout à la fois rejoindre la candidature Macron - très faible sur les questions régaliennes, Defense, Diplomatie, Sécurité - et rester socialiste. A cette heure, aucune réaction du camarade premier secrétaire Camba(délis) qui avait promis (autre engagement jamais tenu) l'exclusion aux défecteurs partant marcher avec Macron. Il est bien normal que l'intouchable Le Drian, partisan du "et (ministre) et (élu régional) " pour ses mandats rejoigne un mouvement qui réfute le "ni - ni" pour ce même "et (droite) et (gauche) ". Macron élu, l'indéboulonnable breton campera-t-il dans son ministère pour cinq autres années ?!

Au fait, pas une ligne ou presque pour critiquer ce ministre cumulard qui n'a pas souhaité déménager dans ses pourtant nouveaux quartiers du "Pentagone à la française", à Balard.  Sans doute qu'un vieil hôtel particulier sied plus à sa conception du décorum républicain qu'un édifice moderne, regroupant tous les états-majors militaires et doté des outils électroniques les plus modernes en terme de communication et de confidentialité. Pourquoi s'astreindre soi-même à des économies, affectant pourtant les armées, quand on est intouchable et médiatiquement préservé ? 

 

Macron : E. M.

Emmanuel Macron a utilisé ses initiales pour créer son mouvement En Marche, un coup de communication qui en dit peut-être long sur la véritable personnalité de ce candidat, se vivant, en meeting, réincarnation messianique plus qu'homme providentiel, stature chère à l'histoire de nos institutions. Prendre des postures christiques pour quelqu'un qui se targue de modestie en reprenant des "idées remontées de la base militante", c'est pour le moins paradoxal. Mais sa candidature cristallise - comme on dit dans les médias - au point que le candidat Hollande-bis est donné vainqueur du premier (et du second) tour. Il serait bon qu'au lieu de se pâmer devant cette "jeunesse", cette "nouveauyé", cet "air frais", ce "charme", ceux qui orientent volontiers la pensée de l'opinion publique éclairent vraiment les citoyens par des observations pertinentes et des questionnements de fond sur le marketing Macron. A défaut de quoi, les électeurs et de droite, et de gauche et du centre, qui auront succombé à cette illusion indéfinissable allant de Robert Hue à Alain Minc, se réveilleront cocus en se disant E. M. (Et Merde). "Cinq ans, p.... ça va être long" ! comme aurait pu dire le Chirac des Guignols de l'info.

 

 Fillon : la droite assassinée

Il peut toujours prétendre que "la bave du crapeaud" médiatico-judiciaire n'atteindra pas "la blanche colombe" de la droite issue de la primaire et que son innocence apparaîtra au grand jour le moment venu, il n'en reste pas moins vrai que François Fillon, en terme de posture de communication et de stratégie politicienne, prive la droite Républicaine de cette alternance qui lui avait été offerte sur un plateau par le quinquennat de la "Fraise des Bois". D'abord, parce qu'il y aura toujours un immense fossé entre ce possible, bien qu'improbable, à savoir son innocence "légale" sur les faits reprochés, et la perception d'amoralité sur les actes dûment engagés. Ensuite, parce que ces affaires, feuilletonnées à des fins partisanes par une presse socialo-macronienne, ont gravement abîmé la personnalité du candidat de la droite, beaucoup moins lisse et vertueuse que son austére apparence le laissait supposer. Des "petits cadeaux" entre amis aux honoraires mirobolants d'une boite de consulting, créée quelques jours à peine avant qu'une loi de moralisation ne soit votée pour empêcher le mélange des genres au Parlement, la barque Fillon de la probité a largement pris l'eau. C'est peu de dire qu'iI y a eu une part d'imposture dans la victoire du "simple collaborateur" dans son match face à Sarkozy : contrairement à ce qui a été dit, c'est moins le "programme Fillon" que la "personnalité Fillon" qui avait été boostée par des électeurs de la primaire, lesquels voulaient en finir avec l'interminable séquence des mises en cause et autres mises en examen de l'ancien président, pourtant leader naturel de la droite. Cette personnalité aurait mieux été décryptée avant le scrutin qu'il n'est pas sûr que Fillon ait été au second tour, ou que Juppé soit renvoyé à Bordeaux en novembre dernier.   

Après la défaite post-2012, Fillon se présentait volontiers comme la victime d'une mafia Copéiste qui l'aurait privé de la présidence de l'UMP ; aujourd'hui, plus personne ne saurait affirmer que Fillon-la-vertu-outragée n'avait pas été au moins aussi coupable que Copé dans cette élection partisane truquée. Avant-hier, bien peu des électeurs de la primaire n'avait accordé foi à la manoeuvre Fillon pour écarter Sarkozy de sa trajectoire élyséenne. via sa sollicitation pour une accélération des procédures judiciaires visant l'ex-président ; aujourd'hui, tout le monde est convaincu que le déjeuner Fillon-Jouyet était bien une tentative de Fillon pour instrumentaliser la "justice hollandaise" à son avantage. Hier, ce père-la-rigueur faisait illusion, non par ce qu'il avait mis en oeuvre durant ses cinq années à Matignon, mais pour sa capacité à (re)présenter une certaine rectitude morale et une gestion saine des fonds publics ; aujourd'hui, il est, à tout le moins, celui qui a commis bien trop d'erreurs de jugement personnel pour apparaître comme un exemple de probité susceptible d'incarner la France.

Puisque la Justice serait mise en suspens le temps de son quinquennat, rien ni personne ne pourrait effacer le doute et le soupçon, tout au long de l'exercice présidentiel, ce qui ne peut qu'amoindrir sa capacité à gouverner et à imposer des réformes socialement difficiles. Quand bien même François Fillon, qualifié pour le second tour de la présidentielle face à Marine Le Pen, serait élu par défaut, sa légitimité à gouverner ne manquerait pas d'être gravement entâchée par une opposition à gauche, à l'extrême-droite mais aussi au sein même des Républicains, laissant présager une fronde de droite équivalente à la fronde socialiste entre 2012 et 2016, surtout dans l'hypothèse d'un quinquennat unique (promesse d'ivrogne, là encore ?!).

A la vérité, pour que vive une vraie alternance, les électeurs de droite seraient bien inspirés de consulter les propositions d'un gaulliste social, Nicolas Dupont-Aignan, ancien proche lui aussi de Philippe Seguin, et sans doute bien plus fidèle à l'élu des Vosges que Fillon, qui trace sa route avec une constance et une transparence qui apportent une fraîcheur bienvenue dans ce climat putride des affaires politico-financières. Son coup médiatique face à TF1 lui a apporté un effet buzz qui pourrait attirer les curiosité demain et les ralliements dans les prochaines semaines. Il reste quatre dimanche avant le verdict de l'isoloir. Rien n'est fait, tout reste possible. 

 

 

    

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