Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Il y a comme un problème...
12 novembre 2013

Le mal du Hollandisme

Il est à la fois triste et préoccupant que les célébrations officielles du 11 novembre, présidées par le chef de l'Etat, aient été ainsi perturbées. Triste, car cela n'était ni le lieu, pour le citoyen anxieux, de manifester sa colère, ni le moment, pour ces groupes classés à l'extrême-droite par la police, de s'illustrer ainsi dans une manoeuvre de basse politique. Ceux-là devraient d'ailleurs méditer sur le fait que, pour être soi même respectable et respecté, il faut nécessairement savoir témoigner du respect à autrui, a minima à l'égard des fonctions exercées si ce n'est pour les individus censés les habiter. Préoccupant aussi, car c'est là la conséquence d'un sentiment de plus en plus profond et partagé dans l'opinion publique qu'il y a à la tête de l'Etat un binome sans autorité apparente sur les évènements ou sur ses ministres et sa majorité, un binome sans projet pour bâtir le devenir de la nation au delà des petits plans comptables.. Préoccupant surtout car il semble n'y avoir aucune issue, aucune bouée à laquelle se raccrocher, aucun de ces personnages providentiels qui, dans l'imaginaire commun, ont forgé le destin de la France aux moments critiques de son histoire, de Jeanne d'Arc à De Gaulle.

Si c'est bien ce ras-le-bol fiscal et ces gouttes d'eau qui n'en finissent plus de faire déborder les vases de l'exaspération populaire, le mal est bien plus profond en vérité ; c'est un mal qui se nourrit naturellement de la crise, entre  perspectives de déclassement et précarité, mais c'est surtout un mal qui prend ses racines au sein même du pouvoir socialiste actuel.

Ce mal tient d'abord à un défaut de méthode à conduire les affaires du pays : gouverner c'est non seulement prévoir, mais c'est surtout trancher. Or la présidence Hollande entend ne décider de rien pour ne fâcher personne quand elle ne laisse pas les commandes à une haute administration hors de tout contrôle. Ce mode de non-gestion aboutit à mécontenter tout le monde au final. La France n'est pas la rue de Solférino : la méthode du brouillard permanent et de la procrastination ne peut s'appliquer ni à la gestion publique qui exige constance et réactivité, ni aux citoyens en demande.  Rappelons-nous que ce qui fut utilisé avec succès par le premier secrétaire Hollande pour naviguer à vue dans les courants du PS a abouti à une candidature Royal à la hussarde en 2007 (torpillée d'ailleurs au sein de son propre camp !) et à une quasi-implosion du parti dans le duel Royal/Aubry. La politique du pas en avant et d'un autre sur le côté précédant celui fait en arrière fait tourner la tête du peuple autant qu'elle déstabilise les acteurs économiques. Après 18 mois d'exercice de style, cette méthode vire aujourd'hui au désastre.

Le mal tient aussi à une déplorable communication qui transforme les ballons d'essai en couacs et décrédibilise les rares actions entreprises. Il arrive toujours un moment où les contradictions deviennent si évidentes que l'éloquence ou l'usage de la langue de bois ne suffisent plus à masquer la réalité du terrain. Le président Hollande paye cash son tour de passe-passe qui a permis au candidat normal de faire croire aux français de l'inexistence de cette crise dont il est incapable de prendre la mesure encore aujourd'hui. Plus encore que son autisme et son impréparation à diriger le pays, il paye cash l'indiscipline de son équipe d'amateurs, les calculs et ambitions politiques des pans de sa majorité introuvable, toutes conséquences directes de sa méthode de gestion des ego.

Le mal tient surtout à l'incapacité chronique du parti socialiste et de ses dirigeants à constituer une vraie majorité de gouvernement, ce qui est encore plus vrai quand le chef n'est pas reconnu comme tel. Nommer les membres du gouvernement a relevé du travail d'alchimiste tant le dosage des courants se devait d'être précis pour, encore une fois, ne mécontenter personne. Ce n'est ni la qualification personnelle, ni la capacité de travail, ni la volonté de créer une équipe de combat en ces temps difficiles, encore moins la recherche d'une cohérence de cap qui ont prévalu, mais un calcul interne au microcosme de la gauche socialiste et alliée. Comment être crédible avec autant de divergences fondamentales au sein d'un même mouvement ? Comment un libéral-démocrate peut légitimement conduire une majorité que se réclame de la gauche ? 

Ce qui doit préoccuper, c'est que la situation actuelle n'a pas d'issue pour le pouvoir en place. L'ex-candidat normal ne sera jamais un président conforme à la lecture constitutionnelle du poste, sauf à devenir un président de cohabitation. Mais une élection législative anticipée ne saurait apporter à la droite la légitimité et le courage politique suffisants pour mener les réformes structurelles qui s'imposent, en premier lieu parce que la droite n'a ni leader, ni programme cohérent, ensuite parce que ses chefs multiples seront tournés vers d'autres intérêts que ceux de la nation, l'échéance présidentielle de 2017. Le retour anticipé aux urnes est une impasse ; le remaniement ministériel en est un autre. Le changement de premier ministre par un "anti-Ayrault", quand bien même se nommerait-il Valls, ne sauvera pas la mise de Hollande, pas plus que cela n'améliorera la situation sur le fond : cela ouvrirait surtout le champ de la contestation interne, le Sarko-bis plébiscité par les sondages suscitant colère et crispation à l'aile gauche du mouvement. Quant à nommer un "fameux" inconnu, un baron régional suffisamment inconscient pour lâcher la proie pour l'ombre, cela n'aurait aucun impact dans l'opinion à ce stade de l'exaspération.

La France plonge et les français se noient, tandis que le président, confiant dans la reprise des pays voisins et satisfait de lui même, semble aller à la chasse comme jadis Louis XVI un matin de 14 juillet... Il y a un gros problème... et il sera bien difficile de le résoudre.

Publicité
Publicité
Commentaires
Il y a comme un problème...
  • Un regard décalé sur l'information du moment, des analyses originales sur les sujets d'actualité, un point de vue dérangeant qui pose de vraies questions sur notre société et son mode de fonctionnement.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Il y a comme un problème...
Archives
Publicité