Ecole : éternel laboratoire soumis aux lobbies et aux idéologies

Contribution au débat sur l'école / réforme Peillon sur le site Newsring

Faut-il changer l'école ? Oui sans aucun doute. Mais tiens j'ai voté "Non". Encore un français typique, englué dans ses paradoxes et parlant pour ne rien dire, penserez-vous ? Peut-être. Seulement je trouve qu'avant de "changer l'école", cette institution largement malmenée, écartelée, torturée par des ministres qui se succèdent, porteurs de réformes souvent contradictoires, l'école, cet édifice majeur volontiers desservi par des castes carriéristes et des idéologies plus politiciennes que pédagogiques, l'école, cette machinerie qui ne fonctionne plus depuis longtemps, il faudrait répondre à quelques questions basiques : "l'école, oui mais pour quoi faire ?"  "Le système éducatif est-il conçu pour l'épanouissement individuel du jeune citoyen ou en priorité pour répondre aux besoins à venir de la nation ?"  " L'école doit-elle être un cadre formateur qui ancre dans la société ou un dispensateur de savoirs plus ou moins utiles et/ou adaptés à ladite société ?" "L'école a-t-elle, dans la réalité objective des faits, une raison d'être autre que celle de faire vivre un personnel administratif fort d'un million d'électeurs et d'occuper les jeunes durant quatre jours la semaine  ?

Ce que je constate c'est qu'au delà des querelles pédagogiques, des merveilleuses idées avancées de part et d'autres de l'échiquier politique, l'école à la française ne forme pas les jeunes à devenir des citoyens éclairés et responsables, de même qu'elle ne les oriente pas vers des filières pourvoyeuses d'emplois ou qu'elle ne répond pas à un service public minimum, puisque c'est aux organismes professionnels, voire aux forces armées puis aux forces vives de la nation que l'on demande de pallier ses carences.

Avant de changer les méthode, les rythmes, les modes d'organisation ou les bases de recrutement et de formation du personnel enseignant, ne vaudrait-il pas mieux poser clairement les objectifs - mais des objectifs réalistes porteurs de sens - que la nation doit assigner à l'école ? Il sera temps ensuite de définir les moyens pour les atteindre et dégager enfin une logique pédagogique qui laisse du temps au temps. Alors non il ne faut pas administrer un énième "remède" à ce grand malade qu'est le système éducatif français - en copiant d'ailleurs des bouts rafistolés sur d'autres systèmes qui ne correspondent pas au fonctionnement actuel de notre société. Il faut d'abord savoir quelle est la vocation première de cet outil et ce que l'on en veut faire afin de le rendre performant par rapport aux demandes et besoins exprimés par notre société.