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Il y a comme un problème...
13 avril 2012

Echos de campagne

Faut-il croire les sondages ? Quand je lis qu'une majorité de français se déclare en faveur d'une alliance Hollande-Mélenchon, je me dis qu'on ne lit pas les mêmes comptes-rendus de campagne et qu'on n'écoute pas les mêmes programmes radiotélévisés. Comment faire cohabiter au sein d'une même équipe gouvernementale un gestionnaire à la petite semaine et un révolutionnaire ? Comment concilier deux programmes économiques qui se tournent autant le dos ? Comment concilier un candidat-président pour une Europe en reconstruction et le dynamiteur patenté de tous les traités ? Ou alors les français estiment que les postures de l'un et de l'autre ne sont finalement qu'un plan médiatique de plus et qu'il faut savoir prendre beaucoup de distance avec cette "gauche molle" et cette "gauche folle". Sans doute cette majorité de français se prononce-t-elle alors surtout pour un retour du balancier politique, pour une alternance démocratique qui doit permettre à une gauche modérément plurielle de gouverner au destin du Pays. La victoire annoncée de la gauche ne serait-elle pas d'abord et surtout un rejet de la greffe Sarkozy après les 12 années Chirac ? Quant au président sortant, est-il tant que cela le détenteur d'un bilan estampillé "droite décomplexée", si l'on excepte les errements bling-bling des premiers mois ? Et si c'était cela le problème politique de la France : une droite qui ne fait pas une vraie politique de droite compte tenu de la pression sociale et une gauche qui n'est pas en mesure de faire une politique de gauche compte tenu des réalités  économiques et financières ?

Faut-il croire les sondages ? Tous indiquent une victoire (que dis-je, un triomphe!) de Hollande sur Sarkozy au second tour. Cela veut-il dire qu'une surprise n'est pas possible au soir du 6 mai, voire au soir du 22 avril ? La constance dans les résultats au quotidien des enquêtes d'opinion semble dire que la messe est dite, d'ores et déjà. Un effritement de l'un ou l'autre dans la dernière ligne droite ne serait-il néanmoins pas à même de déclencher un tsunami que personne n'aura su pronostiquer ? Que la France en colère se reporte sur les extrêmes, cela a une explication "psycho-logique". Que la France qui a peur dans l'avenir se laisse bercer d'illusions par la campagne au long cours du candidat socialiste, lequel, depuis trois ans, n'a fait que travailler pour son ambition personnelle quand le pays traversait deux crises majeures (toujours en cours d'ailleurs), voilà qui en revanche n'a guère de sens. Changer de capitaine dans la tempête n'est guère raisonnable, surtout quand la mutinerie va déboucher sur la remise en cause des quelques réformes qui sont à porter à son actif ! La logique voudrait que les passagers du navire chahuté par les flots contraires cherchent à lui adjoindre un second compatible et clairvoyant. Le seul moyen pour que cette élection ne tourne pas au naufrage, c'est une redite de 2007, avec un Bayrou qui prenne toutes ses responsabilités, non pour lui-même mais pour le Pays. 

Si il y avait une quelconque logique en poiltique, on devrait donc avoir, au sortir du premier tour une alliance Front de gauche - Lutte ouvrière - Nouveau Parti Anti-capitaliste appelant à voter contre Sarkozy sans toutefois s'engager pour Hollande. S'il y avait une quelconque logique en politique, on devrait avoir un appel à l'abstention du côté du Front national et de Debout la République et un appel au report derrière le candidat PS de la part d'Eva Joly. Quant à François Bayrou, qu'il soit le 3ème ou le 5ème homme, il aurait donc encore à choisir, sauf que ce serait une erreur politique et morale que de se retrancher dans un "ni-ni" au moment où, comme il le dit lui-même, la France peut glisser très vite dans un sérieux marasme économique et social. Rejoindre Hollande aurait du sens pour autant que le PS n'ouvre pas à la gauche extrême, mais les courants Aubry/Hamon/Montebourg ne devrait guère goûter cette ouverture ; rejoindre Sarkozy serait vraiment plus logique, car au-delà des caractères et des tempéraments des deux hommes, il y aurait une réelle complémentarité de réflexion et d'action, pour peu que chacun des ego puisse respecter l'autre.

Après le second "grand oral" diffusé sur France 2, je ne peux que m'étonner du fait qu'un candidat comme M. Cheminade ait pu réunir les 500 parainages, quand M. de Villepin et Mme Lepage ont buté sur cet écueil. On ne me fera pas croire une seule seconde que les positions et les raisonnements de cet étonnant personnage "politique" méritent d'être plus soutenus devant les français que les combats des leaders de République solidaire ou de Cap 21. Il faudra sûrement s'interroger sur ce système de sélection des candidats qui laisse l'Ecologie "de droite" sur la carreau quand il légitimise un OVNI qui aurait plus sa place sur l'Internet et dans l'édition. 

Nous sommes à 9 jours du premier tour et dans le village où je réside, les panneaux de la propagande officielle restent quasiment vides : trois emplacements seulement ont trouvé preneurs : Mélenchon, Hollande et Dupont Aignan. Je ne sais si la campagne électorale passionne le peuple de France, mais à l'évidence elle peine à mobiliser les militants colleurs d'affiche. A ce niveau-là, et pour autant que mon village soit représentatif du pays, c'est bien la gauche qui dispose de la meilleure dynamique.                     Pour avoir vécu une campagne électorale de l'intérieur, à l'époque où je résidais en Polynésie française, j'ai appris deux-trois choses sur la politique. L'un d'elles est que les meetings doivent être organisés de telle façon qu'il apparaissent comme une démonstration de force, compte tenu du bouche à oreille d'une part et du compte-rendu médiatique d'autre part. A défaut de susciter les passions populaire, un candidat de second rideau aura donc tout intérêt à privilégier les contacts plus directs et personnels avec l'électorat potentiel, notamment en investissant les lieux de vie. Le second enseignement est que la propagande officielle doit pouvoir témoigner après des citoyens du travail effectué par la base militante, de son degré d'engagement, de son engouement et de son implication dans la dynamique de victoire. La consigne était donc de coller les affiches dès l'ouverture officielle de la campagne d'affichage. On ne me fera pas croire que les candidats Sarkozy, Bayrou et même Le Pen ont eu un problème logistique à l'impression de leurs affiches. A moins qu'il ne s'agisse là d'une tactique et qu'ils aient fait le choix d'attendre que les "adversaires" ne se découvrent pour opter pour l'affiche la plus appropriée ?! Il n'empêche, la nature n'aime pas le vide et cette non-existence sur les panneaux officiels ne milite pas en leur faveur.  Mais la vue de ma fenêtre n'est sans doute pas la plus objective...

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