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Il y a comme un problème...
25 août 2021

La Justice, malade de nos élites

     La révision générale des politiques publiques, ou RGPP, a démembré, sous couvert d'économies budgétaires à réaliser, les fondements de l'Etat. Les forces de l'ordre, la justice, les armées, l'hôpital public en ont directement fait les frais. Mais à travers ces institutions nationales de leur quotidien, c'est, aussi et surtout, les citoyens français dans leur ensemble qui en ont été les grandes victimes.

     La conséquence de cette gestion calamiteuse - qui a préféré le plan comptable à l'humain, dans une rigueur à géométrie variable, souvent au service d'une paix sociale clientéliste - s'étale aujourd'hui sous nos yeux. La politique sanitaire de la France - soit la répétition des confinements et autres couvre-feux, ou l'instauration de pass liberticides - est actuellement conditionnée par le parc, ridicule, des fameux 5.500 lits de réanimation, mal répartis, qui plus est, à travers le pays. Autre exemple : la politique pénale de notre nation - où, il faut le rappeler, la justice est théoriquement prononcée au nom du peuple ! - est, de fait, limitée au seul nombre des places de prison pour les majeurs, des hébergements en centre fermé d'éducation pour les mineurs ou en centre de rétention administrative pour les étrangers en situation irrégulière.

     A l'heure où Marseille fait la Une d'une actualité brûlante (BBQ oblige ! ) - au point que le ministre des Sots, pardon le garde des Sceaux, ait consenti à faire le déplacement, parlons justement un peu de ce parent pauvre qu'est cette justice rendue au nom de la collectivité nationale. En France, on ne sanctionne plus en fonction de la faute commise, de la nécessaire réparation due aux victimes ou de l'indispensable protection dévolue à la société dans son ensemble. On doit se contenter de faire ce qui s'apparente à du management de places hotelières. On s'interdit une salutaire mise à l'écart du délinquant multi-récidiviste pour les peines inférieures à deux années de prison ; et les circulaires ministérielles pressent les juges de libérer, autant que faire se peut, tous les détenus éligibles à une sortie anticipée afin de permettre un certain turn-over derrière les barreaux. C'est pure folie que d'entretenir une politique répressive qui ne tiennent plus compte de la dangerosité objective des individus. Qui plus est dans un pays ouvert à tous les vents, politique migratoire et espace Schengen obligent.

     Pour des raisons financières, mais aussi idéologiques, la prison n'est pas considérée comme une solution à part entière, mais comme un pis-aller. C'est la fameuse "école du crime" dont il faudrait pouvoir se passer ! Sans doute l'est-elle en partie, mais uniquement parce que le manque de moyens, en personnel d'encadrement et en infrastructure, concourt objectivement à cet état de fait ! Si chaque prisonnier disposait d'une cellule individuelle et si les activités courant à sa réinsertion étaient mieux surveillées, sans doute que cette appellation n'aurait plus lieu d'être. D'ailleurs, pourquoi faudrait-il que la privation de liberté signifie une dépossession de toute dignité humaine ?! La cellule individuelle n'est pas un luxe, c'est une exigence de base dans le cadre d'une réinsertion à suivre. Et moins de récidive, c'est mieux pour l'individu comme pour la société ! Tout le monde y trouverait son compte. Mais pour nos gouvernants, ce n'est pas ce compte-là qui doit prévaloir ! 

     En effet, l'absence de places de prison n'est que l'arbre qui cache la forêt d'une autre réalité: le souci constant de préserver l'intérêt des élites ! Quel rapport, me direz-vous ?! Tout, en réalité ! Car au pays de Descartes, on a le don paradoxal de confondre la cause et la conséquence ! Cette justice en panne n'est pas la résultante d'un manque de moyens ; c'est la conséquence d'une politique volontariste de nos gouvernants, décennie après décennie, d'enrayer la mécanique judiciaire ! L'esprit des lois, comme le besoin de justice de toute société humaine ont été intentionnellement pervertis par le législateur, lequel, servant ses propres intérêts et ceux de ses "sponsors", n'a eu de cesse que de complexifier les procédures d'enquête, multiplier les voies de recours et offrir un maximum d'échappatoires légales afin de s'éviter, à lui-même et aux élites économiques et financières dont il relaie les besoins, les désagréments d'un passage derrière les barreaux ! 

     L'encombrement des tribunaux ? Un moyen bien commode quand il s'agit de faire traîner les affaires "délicates" en longueur, en ayant l'air de rien puisque cela est le lot du justiciable commun ! L'absence de toute gestion cohérente des ressources humaines dans ce ministère ? Une tare bien pratique pour faire se succéder les magistrats instructeurs sur un même dossier, histoire de les plonger inutilement dans des tonnes de paperasse pour s'en imprégner, voire de provoquer un vice de procédure, ou, au contraire, des actes redondants pour encombrer un peu plus le bureau des greffiers ! L'arsenal des codes procéduriers a été pensé en fonction d'un seul objectif : doter les élites, éventuellement mises en cause dans des affaires peu glorieuses, des outils légaux afin que leur dossier s'enlise de guerre lasse, dans l'indifférence médiatique la plus totale. 

     Observez combien de temps il aura fallu - quand ce fut le cas ! - pour conduire des anciens ministres, voire d'anciens présidents de la République devant un juge, contraint à la clémence au vu de l'état médical des prévenus. Quand il s'écoule vingt, trente ou quarante années entre la commission de faits et leur jugement, le juge et l'opinion publique sont tout de suite plus enclins au pardon ! 

     Toutes les lois qui, aujourd'hui, protègent grandement les malfrats professionnels, les criminels endurcis et les membres de gangs organisés, ont vu le jour uniquement parce qu'elles pouvaient être utiles à nos élites prises la main dans le sac... de pognon souvent, de poudre blanche parfois quand cela n'avait pas un lien avec des affaires d'ordre sexuel. La Justice est d'abord malade du législateur, bien plus que de l'explosion - réelle - des affaires à juger ! 

     C'est donc une erreur d'appréciation que de considérer les quatre euros attribués "généreusement" à la Justice - sur mille euros de dépenses publiques - traduisent un défaut d'arbitrage quand ils sont surtout le reflet d'une volonté récurrente visant à affaiblir la seule autorité encore susceptible de perturber nos élites dans leurs petits arrangements entre amis, puisque la presse est aux ordres de celles-ci. Que cela aboutisse à laisser des délinquants du quotidien impunis, à sanctionner a minima des criminels, à s'empêcher de renvoyer les clandestins dans leur pays d'origine ou à pourrir la vie des citoyens, englués dans leurs conflits familiaux ou de voisinage pendant des lustres, peu leur chaut en réalité ! Et c'est bien là le problème : il est donc grand temps que cela change !!

       

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  • Un regard décalé sur l'information du moment, des analyses originales sur les sujets d'actualité, un point de vue dérangeant qui pose de vraies questions sur notre société et son mode de fonctionnement.
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