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Il y a comme un problème...
14 mars 2012

Recherche vote utile pour homme normal

Il aura suffi d'un sondage dans lequel la trajectoire montante de Sarkozy coupe celle descendant de Hollande au premier tour de scrutin pour que le candidat du PS en appelle d'ores et déjà au "vote utile", mettant en avant le spectre du 21 avril 2002. Je ne saurai trop conseiller aux lecteurs de ce post d'aller faire un tour dans les archives à la fois pour démonter cette menace fantôme d'une non-qualification PS au second tour et pour tordre le cou à cette notion de vote "utile". A quoi bon avoir un scrutin à deux tours alors ?!

Le premier tour est censé être le choix du coeur, le second celui de la raison, qu'il s'agisse alors de l'adhésion minimale à un projet ou du refus d'un homme. Face à la combativité version 2.0 de Nicolas Sarkozy, M. Hollande peut finalement se retrouver piégé par sa propre stratégie : l'homme "normal" manque de pugnacité et à dire vrai, il sonne faux, tout simplement, parce que l'image présidentielle qu'il entend donner à sa campagne est en décallage avec sa personnalité profonde et en totale opposition avec l'attente de la nation.

La présidentielle, c'est un duel, un combat au corps à corps, nos derniers jeux du cirque (hors les programmes de la télé-réalité bien sûr). La France se choisit un chef. Nicolas Sarkozy avait estimé en 2007/2008 qu'il pouvait désacraliser la fonction en adoptant un style décontracté, voire "banlieue" ; il a vite compris son erreur. Les français sont des nostalgiques, nostalgiques de la puissance militaire et culturelle passée comme nostalgiques de leurs lignées royales, régnantes sur l'Europe et une partie du Monde. La tête de Louis XVI a eu beau rouler dans le panier de la guillotine, c'est bien une royauté, mais républicaine, qui constitue notre modèle politique favori.

Le président de la République réside dans un ...palais (de l'Elysée), et non dans un simple "hôtel" (comme l'est celui de Matignon). En France les mots sont signifiants ; les symboles encore plus : l'impunité présidentielle, le droit de grâce, la garde républicaine et toute l'organisation administrative autour de sa personne (combien de cuisiniers ?!!), la cour des conseillers et des demandeurs de prébendes (le "cour mitterandienne" est restée dans toutes les mémoires), tout cela fleure bon un Ancien régime, qui s'est perpétué sous les ors de la République depuis le second Empire. Et "l'homme normal" ne cadre pas avec cette Vème République, bâtie par un géant - De Gaulle - pour des hommes devant être forcément exceptionnels. Même le physique compte pour incarner cette fonction : "le petit Nicolas" ne serait jamais devenu président s'il n'avait dégagé toute cette énergie (épuisante à suivre ou à canaliser !!) qui transcende sa stature modeste ; VGE et Chirac en imposaient physiquement, Pompidou et Mitterrand spirituellement. Comment un homme "normal" pourrait-il incarner la France ?! Ou alors, c'est que les français se seront résignés à ce que leur pays soit désormais considéré comme une puissance secondaire, voire un pays comme les autres. A force de pratiquer l'auto-dénigrement, ce moment est peut-être arrivé, me direz-vous. C'est la seule chance de M. Hollande d'incarner la France à ce stade compte tenu de son déficit d'expérience gouvernementale et le peu de reconnaissance internationale dont il bénéficie.

Cette "normalité" c'est aussi l'un des défauts de M. Bayrou ; l'homme raisonnable et posé, bien qu'autoritaire et au caractère bien trempé, est parfait en gentleman-farmer, mais il ne cadre pas avec le costume présidentiel, à la différence de la prestance romantique d'un Villepin. Pour M. Bayrou, le poste à viser, c'est celui du chef d'orchestre, en premier ministre.

Comme il l'a parfaitement compris, M. Hollande doit donc générer une importante dynamique au premier tour pour s'affirmer ainsi auprès des indécis comme le vainqueur futur. C'est psychologique : on aime bien voter pour celui qui va gagner, histoire d'être dans la camp des vainqueurs !! Il ne peut se contenter d'être ni second, ni un "faiblard" premier au coude à coude avec le président sortant. Pour l'emporter, il lui faut absolument puiser dans le réservoir des Verts et du Front de gauche dès le premier tour ; il lui faut affaiblir ses futurs alliés de gouvernement dans les urnes. Il faut donc s'attendre que le discours alarmiste "21 avril" s'accompagne aussi de promesses électorales puisées chez les concurrents pour cibler leur électorat, quitte à s'arranger avec la cohérence de son propre programme. C'est naturellement sans compter sur les intérêts propres de M. Mélenchon et de Mme Joly à obtenir le meilleur des scores pour peser sur les accords en vue de la formation du gouvernement et des attributions de circonscription au scrutin suivant. A gauche, la lutte va être terrible.

A propos d'accords législatifs, on relèvera pour finir cette perle signée Jean-Pierre Chevènement à propos de son ralliement à la candidature Hollande : "je me suis décidé en fonction des intérêts de la France". Certes, certes... alors pourquoi monnayer ce soutien avec des circonscriptions pour les futurs candidats de son mouvement politique aux législatives ? L'intérêt bien senti de la France et le poids politique de M. Chevènement, c'est 9 circonscriptions (selon mes informations). Ah décidément la stratégie de boutiquiers a encore du bon temps devant elle (Cf post en archives).         

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Commentaires
K
Un lien intéressant : http://lavraietimeline.fr/
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