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Il y a comme un problème...
13 mars 2012

Un léger revirement de tendance

La nouvelle de cette matinée, c'est le croisement des trajectoires du premier tour entre les candidats Hollande et Sarkozy. Comment interpréter la remontée du candidat Sarkozy dans ce dernier sondage ? Simple : plus vous avez de visibilité, et plus vous engrangez d'intentions favorables selon la règle "c'est le dernier qui parle qui a raison" ; et plus vous cultivez une sorte de "proximité physique" avec l'électorat, et plus vous en engrangez de voix, selon la règle "je soutiens celui que je "connais".

Cette remontée ne tient donc pas vraiment à une meilleure lisibilité des intentions-programme du président sortant, ni à un renforcement de sa crédibilité personnelle à mettre en oeuvre une politique meilleure dans ses résultats que celle conduite pendant les cinq dernières années. Cela tient à un simple effet mécanique : l'occupation de l'espace médiatique paie ; l'occupation du terrain paie. C'est du reste ce qui fait tant de mal à ces « petits candidats » que les médias traitent volontiers par dessous la jambe : en ne relayant ni leurs positions, ni leurs propositions, le quatrième pouvoir les rendent à la fois inaudibles et invisibles. Et vous verrez que la campagne officielle, qui leur donne enfin une visibilité médiatique à égalité avec les deux "privilégiés", leur permettra de progresser en terme de reconnaissance et de voix dans les sondages.

Vous n'imaginez pas le nombre d'électeurs qui voteront pour M. X ou Mme Y... simplement parce qu'ils l'ont "croisé" en personne, un jour il y a longtemps ou alors tout récemment. Ce phénomène ne touche bien évidemment pas ceux qui ont une « conscience politique » (si ces deux mots accolés ont une réelle signification d'ailleurs), ou ceux qui votent par conviction ; mais pour tous ceux qui constituent le ventre mou du corps électoral, loin des dogmes et des chapelles partisanes, cette proximité, quand bien même elle est seulement cathodique ou virtuelle, est un facteur déclenchant de vote. Cela s'explique très bien d'un point de vue psychologique, mais ce n'est pas le sujet du jour...

François Hollande est en pré-campagne depuis deux ans, deux ans à sillonner la France jusque dans ses coins les plus reculés, d'abord pour obtenir le soutien des sympathisants socialistes (tant l'appareil s'était ligué contre sa démarche présidentielle, notamment aux grandes heures de la DSK-mania), ensuite pour commencer à labourer un terreau électoral plus élargi au centre (rappelez-vous alors sa posture très centrale, sinon centriste, sur les sujets dit « de gauche »). Rien ne remplacera jamais le travail de terrain, pour un maire, pour un député et pour un candidat à la présidentielle. Fort de cette campagne de coureur de fond, et porté par son succès médiatisé aux primaires socialistes, M. Hollande a donc fort logiquement démarré « au taquet » de ses possibilités d'opinions favorables dans les sondages. Et fort logiquement l'engouement à 30% ++ va finir par retomber pour se situer autour de la valeur moyenne « haute » que représente le parti socialiste dans un premier tour de présidentielle. Encore faut-il que sa campagne continue de masquer les  imperfections de sa cuirasse couleur « fraise des bois » (sic)!

Pour Nicolas Sarkozy, le processus est strictement inverse. S'il a mis du temps à endosser la « présidentialité » de sa fonction – sa « plus grave erreur » (sic) à ses yeux – en début de quinquennat, il a aussi mis du temps à le quitter pour reprendre ce « bleu de chauffe » qui va si bien à cet orateur hors pair, à ce galvaniseur de troupes en campagne. Son entrée en scène n'a pas été des plus réussies et jusqu'à présent, il a plutôt déroulé sur le même faux rythme. Qu'il ait, au meeting de Marseille, oublié de lancer l'une des mesures phares de son déplacement du jour, montre à quel point il n'était pas encore dans le bain. Mais sa présence médiatique se fait plus forte et plus ciblée, de même que ses meetings sont plus offensifs. Parti plus bas qu'il est normal pour le leader naturel de l'UMP, il va nécessairement monter dans les enquêtes d'opinion pour se situer sur la valeur moyenne de l'UMP dans l'électorat de droit, sauf si il tombe dans quelque chausse-trappe disposée par ses adversaires à son intention.

La présidence Sarkozy n'a pas démérité, notamment face aux crises internationales, et le candidat Hollande a encore beaucoup à démontrer pour assurer en terme de crédibilité ; la logique du premier tour voudrait donc que l'un et l'autre se retrouvent au coude à coude autour de 26-30% pour amorcer le virage du second obstacle. Le croisement des trajectoires n'est donc un événement de campagne et il y aura encore de nombreux croisements d'ici le 21 avril.

Ce qui est plus intéressant en revanche, c'est que l'écart du second tour se resserre autour de 54-46%. C'est donc d'abord la question des reports de voix qui fera le vainqueur de 2012. Et de ce point de vue, M. Hollande bénéficie d'un avantage certain ; les voix de l'extrême-droite et du centre se reporteront moins efficacement sur son adversaire que les suffrages issus d'EELV, du Front de gauche et donc de M. Bayrou.

Ce n'est pas une erreur de considérer que si la qualification au premier tour présidentiel s'obtient grâce à un discours emprunté des positions de ses « extrêmes », Front National pour l'un, Front de gauche pour l'autre, le scrutin se remporte quant à lui grâce aux voix du centre. Avec cette loi électorale-là, Hollande est bien toujours devant.   

 

 

 

 

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