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Il y a comme un problème...
15 mars 2012

Les petites phrases qui tuent

Un candidat lancé dans une campagne électorale marche toujours sur ses deux pieds, un pied "positif" constitué de son programme et de ses propositions et un pied "négatif", fait de dénigrement et d'attaques visant ses adversaires de scrutin. A défaut d'emporter l'adhésion des citoyens, la philosphie politique est ainsi faite qu'il est permis au prétendant éligible de casser la concurrence afin de remporter la mise. Dans ce duel, tous les coups sont permis et, au final, seul le résultat compte ; le concept de panache et chevalerie est mort avec les Mousquetaires, ou peu s'en faut. 

Bien entendu, les attaques personnelles sont rarement le fait du candidat lui-même,ou alors par allusions indirectes (en rappel ou seconde couche) et à fleuret moucheté ; le "sale travail" est laissé aux porte-flingues, aux porte-parole officieux et à ceux qui acceptent de se rouler dans la fange en espérant une future reconnaissance pour services rendus (les secrétariats d'Etat, c'est aussi fait pour ça, figurez-vous !). Cependant, il y a "sale travail" et "travail sale", car il y a schématiquement deux façons de procéder. La première est d'user simplement de la plus pure calomnie (association de mots antinomiques typiquement française), au motif qu'il en restera toujours quelque chose même si, par définition, l'accusation est totalement infondée (la fumée et le feu, c'est une histoire aussi vieille que l'énigme de la poule et de l'oeuf !) ; la première façon, c'est aussi de détourner des propos sortis de leur contexte afin de leur donner une interprétation servant ses propres intérêts ou sa propre stratégie de communication. La seconde est simplement de faire appel de mémoire pour dire aux électeurs "distraits"  quels étaient les positions ou les comportements passés de l'adversaire, histoire de relativiser son discours du moment et de discréditer l'homme.

La mise en ligne par l'UMP d'une vidéo de M. Mélanchon datant de 2009 dans laquelle on apprend de la bouche même du (futur) candidat du Front de gauche que M. Hollande "ne tient jamais parole" ou qu'avec lui "un accord ou rien, c'est pareil" relève de la seconde démarche. Pour mes amis lecteurs de Polynésie, c'est la version métropolitaine du "bout de papier" si cher à l'indépendantiste président Temaru. Le message est ici clair et explicite : "amis électeurs, vous ne pouvez pas vous fier aux déclarations du candidat socialiste". Rien de choquant et terriblement efficace car potentiellement déstabilisant, surtout que la flèche assassine est tirée par un futur allié, a priori incontournable. Pour l'UMP, c'est une première réponse du berger à la bergère, puisque de nombreux sites ou journaux affichant clairement leur anti-Sarkozysme n'ont eu de cesse de pointer les revirements "idéologiques" du candidat-président, sur la taxation des riches, sur l'Europe et les traités, sur la gestion des finances publiques etc...

A vrai dire, ce genre de communication en négatif est d'abord destiné à faire réagir la "cible" qui va brouiller sa communication positive en cherchant à se justifier ou à s'amender, mais surtout à amuser la galerie populaire. Car au jeu du retournement de veste ou reniement des engagements, il n'y a guère de perdants ; il faut en être conscient : les hommes politiques sont avant tout des opportunistes et le nombre de leurs convictions profondes ou sincères tient à peine sur les doigts d'un seule main. Et cela s'explique très bien : non seulement la vérité d'aujourd'hui n'est jamais celle d'hier dans une société en perpétuelle mutation, mais de toutes les façons, pour tout politicien qui se respecte, l'électeur est essentiellement un "veau" sans aucune mémoire. Mais ont-ils tort, nos élus hypocrites de tous bords confondus ? Attend-on d'un candidat qu'il nous dise la vérité sur ce qu'il va faire, ou préfère-t-on qu'il entretienne le rêve d'un lendemain qui va chanter pour nous ? La réponse est dans les sondages : plus vous promettez, et plus vous montez ; plus votre discours est réaliste sur les constats et sur les perspectives limitées d'actions d'après scrutin, et plus vous stagnez. Le parler vrai ne fait pas gagner, M. Bayrou ne l'a toujours pas compris, comme M. Barre en son temps.    

Avocat de formation, grand orateur, Nicolas Sarkozy est sans conteste bien meilleur comme candidat en campagne que comme président ; il excelle dans le verbe mais il est à la peine dans le suivi de ses actions. Il aurait pu être un président exceptionnel s'il s'était cantonné à une présidence en mouvement qui trace les pistes, avec des ministres et une administration d'Etat qui mettent ses paroles en musique ; au lieu de quoi, il s'est éparpillé dans une hyper-présidence souvent agitée qui a démobilisé les acteurs sus-cités et perturbé la bonne application des mesures gouvernementales. Aujourd'hui, une grande partie de sa crédibilité pour les cinq ans à venir dépend grandement de la crédibilité du ou des premiers ministres probables ou potentiels. Pour le second tour, il aurait donc tout intérêt à définir un ticket à l'américaine avec une personnalité qui offre aux sceptiques et aux échaudés de droite toutes les garanties d'une action gouvernementale enfin cohérente et efficiente. 

A l'opposé, François Hollande n'a rien d'un "galvaniseur de foule". Sans aucun doute il est au fait des dossiers et il s'est préparé pour ce rendez-vous avec les français. N'ayant jamais été en charge des affaires de l'Etat, il ne traîne a priori aucune casserole d'importance ; sa crédibilité personnelle est donc plutôt positive, ce qui rend d'autant plus impactant pour sa trajectoire présidentielle les témoignages à charge mettant en doute la cohérence dans ses intentions autant que ses méthodes litigieuses pour parvenir à la réalisation de ses objectifs personnels. Même si il sait très bien ce qu'il advient des belles promesses, le peuple n'entend pas se fourvoyer avec un chef dont le postulat est de n'être lié en rien et à personne, excepté à ses intérêts propres. La perte de crédibilité, c'est la certitude d'aller à l'échec. Rappelez-vous ce qui est arrivé à son ex-compagne en 2007 : Mme Royal était alors porteuse d'une dynamique de victoire, au moins autant que M. Sarkozy dans les mois et semaines précédant le scrutin. Mais sa crédibilité à incarner la France a été mise à mal par les attaques de son adversaire certes, mais aussi par les commentaires au sein de son propre camp. Alors que le thème "tout sauf Sarko" était majoritairement porteur, que le programme socialiste n'était pas plus incohérent qu'un autre, "Ségolène" a brusquement souffert d'un manque de crédibilité, notamment à cause des critiques et petites phrases issues du camp socialiste. Avec ces mêmes amis et ces mêmes alliés de 2007, M. Hollande a toute raison de se méfier de l'impact de ces petites phrases assassines qui ressortent aujourd'hui, d'autant plus quand elles reflètent une certaine réalité. Entre l'image ridicule "fraise des bois" et le jugement définitif "non, mais vous le voyez en président ?! Soyons sérieux", il a finalement, comme Ségolène jadis, plus à craindre de son propre camp que des adversaires pour saper sa crédibilité... Et de la même façon qu'en tant que 1er secrétaire du parti, il avait soutenu la candidate de 2007 avec un enthousiasme relatif, on peut se demander si Mme Aubry met toute l'ardeur nécessaire à porter la candidature de son vainqueur aux primaires. Après tout, elle se verrait sans doute mieux premier ministre d'un Sarkozy défait aux législatives en raison des triangulaires avec le FN que premier secrétaire mis en sommeil pendant toute une mandature.

Reste à espérer que, pour que cette campagne ne soit pas seulement un perte de temps et d'argent, le débat "positif" l'emporte et que le scrutin débouche avant tout sur un résultat d'adhésion à une politique et à un programme. Au moins la politique aurait encore un sens.

    

 

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Commentaires
D
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