Révolution, un titre prémonitoire pour la présidence Macron
Post écrit le 06/11/2018 non publié et réédité ce jour
Révolution... Le choix du titre de l'ouvrage programmatique d'Emmanuel Macron aurait-il été prémonitoire ? Le fait qu'il soit dans la même tranche d'âge que Louis XVI aurait dû l'inciter à plus de prudence, lui le passionné d'Histoire ! Car il semble bien que la mobilisation citoyenne contre la taxation de l'essence, faisant écho à la problématique du pouvoir d'achat, prenne les allures d'une fronde d'un autre temps, quand le ventre creux de la paysannerie se révoltait contre le pouvoir royal. L'or noir a remplacé le blé, mais la colère est identique, où se mêlent l'angoisse du lendemain, la peur du déclassement et surtout un profond sentiment d'injustice face aux facéties des puissants.
Des années durant, afin de soutenir les constructeurs automobiles français en pointe sur cette technologie et de booster la croissance par le biais de la consommation des ménages, les gouvernements successifs n'ont eu de cesse que d'encourager le petit peuple laborieux à acquérir des véhicules diesel, alors même que les premiers rapports évoquant la dangerosité des particules fines liées à ce type de carburant trônaient sur le bureau d'Edouard Balladur, dès les années 1993/94. Et ce peuple français, que l'on dit pourtant volontiers râleur et rebelle, a largement embrayé sur la parole étatique jusqu'à se doter d'un parc diesel à hauteur de 70% des véhicules en circulation vers 2010.
Aujourd'hui la présidence Macron voudrait que les grugés d'hier se précipitent sur la voiture électrique en se débarrassant de leur véhicule diesel, largement déprécié à l'Argus suivant les lois du marché de l'offre et de la demande.
- Sauf que l'investissement, à qualité/ capacité égale par ailleurs (confort et volume / nombre de passagers et autonomie), est hors de portée de la plupart des bourses qui peinent aujourd'hui à remplir un réservoir surtaxé !
- Sauf qu'il n'y a pas suffisamment de bornes de recharge dans l'espace public ! Sachant qu'il faut 45 minutes pour recharger une batterie et qu'il faut compter deux temps de recharge pour assurer une distance Paris/Marseille, combien faudrait-il de bornes sur l'espace autoroutier pour assumer le trafic des départs en vacances ? Largement plus que les 25.000 qui sont disséminées sur l'ensemble du réseau routier !!
- Sauf que l'argument écologique ne tient pas la route puisque le bilan carbone du véhicule électrique n'est pas bon ;
- Sauf qu'il n'y a pas ou peu de recul sur la problématique des batteries - durée de vie, retraitement des déchets, prix de remplacement ;
- Sauf que le tout électrique doit nécessairement conditionner une politique énergétique globale qui prenne en compte un transfert substantiel entre carburant fossile et puissance électrique, ce qui contrevient à la dénucléarisation du parc de production et qui très vite amènera à une forte hausse du tarif du kWh. Quand on constate que l'annonce de cette loi de programmation a pris six mois de retard, c'est dire que les discussions et les arbitrages sont houleux, à défaut d'être Hulot désormais !
- Sauf que, quand cette conversion aura finalement été opérée dans la douleur, ce même Etat, imprévoyant et impécunieux, trouvera encore le moyen d'augmenter la fiscalité directe et indirecte sur l'électrique, avant que de forcer les citoyens à se convertir à la voiture à hydrogène, le seul moyen de transport qui soit réellement écologique et décarboné en terme d'utilisation au quotidien.
Pour le diesel, l'argumentaire de la transition écologique ne tient pas franchement la route puisqu'un moteur de ce type consomme moins qu'un moteur essence, et donc qu'il rejette moins de CO2 par kilomètre parcouru. La propagande du gouvernement fait donc pschitt. Hé oui ! Il faudra s'habituer à ce que le bon peuple ne prenne plus forcément des vessies pour des lanternes désormais. L'Internet est passé par là ! Il aurait été plus honnête de parler des conséquences sanitaires sur les affections respiratoires, sauf que la dernière génération des moteurs diesel bénéficie de filtres performants ! Cherchez l'erreur de com' ! Pour lutter contre le réchauffement climatique, c'est donc sur l'essence qu'il faudrait faire porter la plus grande charge fiscale ! Sauf que cela touche moins de véhicules et donc que c'est moins bénéfique pour remplir les caisses !
Aujourd'hui la France périphérique en a marre de servir de vache à lait à un Etat dirigé par une élite qui semble évoluer dans une tour d'ivoire, déconnectée du quotidien du peuple d'en bas. Elle gronde du sentiment de se faire continuellement blouser, rouler dans une farine, avec ou sans gluten, par des gouvernants qui godillent à la petite semaine au lieu de porter une cohérence politique sur le long terme. Vous verrez que la loi sur la programmation énergétique vous parlera des engagements à l'horizon 2030 et 2040, bien après que tous les grands péroreurs en place auront quitté le navire !
Le président voulait s'affranchir des corps intermédiaires, passer outre les lanceurs d'alerte du terrain pour être au contact direct des français, quand bien même il ne semble pas disposer du logiciel pour les comprendre. Il pourrait être servi, bien plus qu'il ne l'avait théorisé dans son rapport au pouvoir.