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Il y a comme un problème...
28 janvier 2017

Une élection pour outsider

Si les futurs électeurs du Front de Gauche - j'entends par là les sympathisants du PC et du candidat Mélenchon - se mobilisent autant, sinon plus demain pour le second tour de scrutin qu'ils ne l'ont fait dimanche dernier, Benoît Hamon sortira grand vainqueur de la primaire de cette Belle Alliance Populaire, qui n'aura jamais aussi mal porté son nom.

Un tel résultat fera la démonstration qu'une élection ouverte à tous peut priver un parti politique de son leader logique, à défaut d'être "naturel", à un scrutin majeur dans la vie de nos institutions. En effet, si l'on en croit les résultats du dimanche 22 comptabilisant le vote des seuls militants et sympathisants socialistes, Manuel Valls était crédité de 44% des suffrages quand Hamon était autour des 20%. Mais la sous-mobilisation des socialistes authentiques - ceux qui voteront effectivement pour le candidat PS à la présidentielle - et la surmobilisation parasite de cette aile gauche de la gauche - qui votera assurément pour Mélenchon le 23 avril prochain - ont rééquilibré les résultats en faveur de Hamon, lui donnant une petite dynamique pour aborder le second tour de la primaire. Rien n'est joué, mais rien ne dit que Valls aura réussi à mobiliser son camp durant l'entre-deux tour pour compenser la tare de cette votation dévoyée.

Hamon ou Valls, le top 5 putatif de cette campagne 2017 comprendra Marine Le Pen (si l'enquête diligentée par le Parlement européen ne vient pas troubler son agenda électoral), Emmanuel Macron, Jean-Luc Mélenchon et François Fillon (dès lors que l'enquête préliminaire sur la triple "affaire Pénélope" des emplois fictifs n'aboutit pas d'ici trois semaines à un renvoi du dossier à un juge d'instruction, ce qui signifierait une mise en examen et donc le retrait automatique de sa candidature). A ces candidats dits majeurs, il conviendra d'ajouter un François Bayrou (qui, officiellement, continue de réfléchir) et Nicolas Dupont Aignan, pour les deux outsiders les plus représentatifs, en terme de suffrages probables.

Les prochaines semaines nous diront si François Fillon est en mesure, au plan légal, de concourir et, le cas échéant, quel "remplaçant" saura prendre le relais dans une candidature "spontanée", comprendre hors primaire et hors désignation officielle par le parti Républicain. Mais, quoi qu'il en soit, il semble acquis, d'ores et déjà, que la dynamique de la droite - avec Fillon ou un autre -  a du plomb dans l'aile et que l'envol de sa campagne est par trop lesté par ces affaires pour ne pas remettre en question sa qualification "automatique" pour le second tour. Il est d'ailleurs consternant de voir combien les leaders Républicains sont, en réalité, peu nombreux à soutenir le soldat Fillon, sans parler des coups de poignard assénés par les déçus juppéo-sarkozystes, Estrosi et Dati en tête. Dans cette ambiance de détestation et de rancoeurs, on ne voit pas très bien comment le candidat de la droite - Fillon ou un autre - pourrait contrer la médiatique dynamique Macron, voire la percée d'un possible ticket Mélenchon-Hamon, quand Le Pen est assise sur un confortable 28% des intentions de vote.   

Le favori Fillon devenu indésirable ou non-désiré aux dires répétés des sondages, les cartes à droite seront inéluctablement redistribuées. Après Hollande, Juppé, Sarkozy et Valls (en cas d'une victoire Hamon), éliminés durant la pré-campagne, et un Fillon, décrédibilisé moralement au tout début de sa campagne, cette élection marquerait définitivement la fin d'un cycle, celui des "ex" prétendant à la magistrature suprême ; à ce titre, elle pourrait être celle de toutes les surprises, avec, pourquoi pas, le déboulé d'un candidat outsider que personne n'aurait vu venir - comme c'est devenu une habitude ces dernier temps. Tout dépendrait alors, comme pour les deux primaires, des débats télévisés qui seraient organisés avant le 23 avril. 

Dans cette hypothèse, rien ne dit qu'un Nicolas Dupont Aignan ne rafflerait pas la mise. Son positionnement - qui a l'atout de la constance et du parler "franc" - lui permettrait en effet de fédérer à la fois les voix de la droite de (vraie) tradition gaulliste, des votes "utiles" venus notamment du Front National (toujours empêtré avec son plafond de verre du second tour) et les bulletins souverainistes. Pour cela, il suffirait qu'il tire son épingle du jeu dans les débats et qu'il bénéficie d'un éclairage médiatique équitable, avant la campagne officielle s'entend.  

Avec une droite malade de sa primaire et affectée par cette affaire Fillon, NDA peut constituer un recours crédible pour des électeurs refusant la perspective d'un second quinquennat Hollandais, version Macron, et les abîmes promis par le programme Le Pen. Affaire à suivre...

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