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Il y a comme un problème...
27 janvier 2017

Affaire Fillon, ou le symbole d'une déconnexion entre peuple et élite

C'est un coup de gueule que j'ai envie de pousser ce matin après les révélations de l'affaire Pénélope Fillon. 

La justice dira si l'emploi était ou non fictif, mais il serait dommageable pour nos institutions que l'enquête ne soit pas rondement menée et qu'une décision de poursuivre ou non les mis en cause, à savoir M. et Mme Fillon, ne soit pas rapidement prise. Car, en temps de campagne électorale, rien n'est pire que le soupçon et les rumeurs qui l'accompagnent. Et qu'adviendrait-il si, une fois élu à la présidence de la République, le juge d'instruction trouvait qu'effectivement il y a suspicion légitime d'emploi fictif et qu'il ne puisse pas entendre M. Fillon du fait de son immunité quand il pourrait mettre l'épouse de ce dernier en examen et lancer le processus judiciaire avec une peine pour recel de détournement d'argent public allant jusqu'à 10 ans de prison !? Non, vraiment je n'aimerais guère être le membre du pôle financier en charge du dossier.

A cette heure il n'y a pas de scandale à proprement parler puisque la culpabilité n'est pas démontrée, et d'ailleurs, les médias seraient bien inspirés d'être prudents dans leurs commentaires sur ce genre d'affaires. Les mises en causes publiques sont toujours largement relayées, alors que le non-lieu définitif est trop souvent passé sous silence. C'est scandaleux, mais une "non-information" ne fait pas vendre. Pour la réhabilitation publique, vous repasserez.

Quant à employer une personne de sa famille, il n'y a rien de choquant en l'espèce. C'est un faux procès d'intention qui est intenté au candidat LR sur ce point. Salarier son conjoint, ses enfants ou ses relations, c'est ce qui se fait au quotidien dans toutes les professions libérales, dans le commerce, dans l'artisanat. Et je dirais même que cela se justifie d'autant plus dans une profession, la politique, où les relations professionnelles doivent être empreintes d'une grande dose de confiance. Et quand on voit ce que font "les amis" dans ce milieu...

En réalité mon coup de gueule porte sur les montants de rémunération divulgués par le Canard Enchaîné. Si on se réfère au charmant volatile, on parle d'un salaire brut allant de 5.000 à 7.500 euros ! Aucun travail administratif (tenue d'agenda...), aucune représentation à un quelconque comité, aucun travail à portée politico-législative ne mérite un tel montant, largement supérieur qui plus est à ce qui se pratique en général au Palais Bourbon ou au Palais du Luxembourg. Mais plus que le montant lui-même et ce que cela témoigne des petits arrangements entre élus, c'est ce que cela nous dit de cette classe politique qui me met en rogne.

Franchement, que peuvent réellement savoir M. Fillon, qui a fait toute sa carrière en tant qu'homme politique (parlementaire, ministre, premier ministre..), mais aussi MM. Valls et Hamon, deux apparatchiks du PS qui n'ont jamais exercé un vrai travail dans la vraie vie, de ce que c'est que de vivre avec le SMIG, ou même avec un salaire médian autour des 2.000 euros. 

Ceux qui nous ont dirigés, ou aspirent à le faire, ne peuvent se rendre compte des réalités quoitidiennes vécues par les français. Ils évoluent dans des bulles, totalement déconnectés de la vraie vie et des basses questions d'intendance. C'est cela qui pose question en vérité, cette distorsion qu'il existe entre les décideurs publics, qui font ou votent les lois communes à tous, et le peuple englué dans sa normalité. Je refuse à ces élus privilégiés le droit de dire qu'ils comprennent la situation des français (non nantis), qu'ils savent ce que veut dire une fin de mois difficile. Car leur discours est alors pur mensonge : pour comprendre les choses, pour les appréhender dans leur complexité et leur globalité, il faut les avoir vécues, ou à défaut les avoir côtoyées de près.

Alors ils comprendraient que le "travail", ce n'est pas seulement une "question de fierté" ou "d'accomplissement de soi", une "vertu qui enseigne l'effort et le goût d'entreprendre", "un moyen de se sociabiliser". Non, pour des millions de français, le travail, c'est avant tout un gagne-pain. Et ce qui est inadmissible dans une société dite développée et civilisée, c'est qu'un travailleur ne puisse pas vivre décemment avec son seul salaire ! Que tel employé soit obligé de dormir dans sa voiture par exemple ! Il est intolérable de constater qu'un travailleur, même qualifié, même expérimenté, ne gagne pas de quoi loger et nourrir sa famille, même modestement. Dans les cités, quand le niveau même de votre salaire vous déclasse, quel exemple offrez-vous à vos enfants, sollicités par les dealers pour protéger leur business autrement plus lucratif ?

Les politiques ont cette aptitude à jongler avec les chiffres, à travailler les pourcentages, à budgétiser la vie de la société. Et ils méritent d'avoir un traitement conforme aux charges et aux responsabilités qui leur incombent en tant de dirigeants, parlementaires et élus. Pour autant, il est clair que le système actuel les éloigne par trop des réalités vécues, parfois endurées par la nation. Si l'affaire Fillon pouvait contribuer à poser le débat, alors peut-être pourrait-on envisager un jour que les élites redescendent de leur nuage et être en condition pour vraiment se mettre à l'écoute du peuple ? A défaut, la rupture aura bien lieu, et ce n'est pas sûr qu'elle se passe sans heurt ni violence. Et ça, c'est un problème.

 

 

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