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Il y a comme un problème...
7 décembre 2015

Premiers enseignements : abstention

Que faudrait-il retenir du premier tour de scrutin des régionales ?

Que le premier parti de France est celui des abstentionnistes. Les raisons de ne pas voter sont aussi diverses que variées, mais le désintérêt ainsi manifesté à l'expression démocratique tient, pour l'essentiel, à la profonde rupture entre le citoyen et la sphère politique, un comble dans une société qui se passionne pour les discussions sur la chose publique. Et je dis à ceux qui pensent  que l'aspect "local", régional en l'occurrence, explique tout, seront bien surpris quand ce désamour affectera aussi la mère des batailles, jusqu'ici "épargnée" par ce phénomène, à savoir le scrutin présidentiel. Car le mal est non seulement profond, mais il affecte toutes les strates de notre société.

Il ne faut pas s'y tromper : une affiche qui serait la simple redite de 2012 (Hollande - Sarkozy - Le Pen - Bayrou - Mélenchon) verrait en effet se produire une abstention inédite record pour le rendez-vous de 2017, comme en témoignent les mauvais résultats des Républicains de ce premier tou. C'est sans doute en partie parce qu'ils sont dirigés par Nicolas Sarkozy, que les têtes d'affiche LR ont été incapables de capitaliser sur le vote sanction contre les exécutifs en place (gouvernement) ou sortants (conseils régionaux). Il n'est pas nécessaire de sonder le coeur des français pour deviner qu'ils ne veulent plus, ni de Sarko, ni de Hollande dans l'offre 2017. Le problème est que l'un et l'autre - pour des raisons différentes, mais aux relents de stratégie élctorale - ne veulent pas s'effacer pour donner une respiration nouvelle à une nation qui s'asphyxie. 

L'explication de la mécanique d'abstention a des racines aussi profondes que "le trou de la Sécu" et le gouffre du chômage. Quand une majorité de citoyens vote à gauche pour se voir appliquer, dans les faits, une politique de centre-gauche, voire de centre-droit, ou quand, à l'inverse, l'expression des suffrages populaires place au pouvoir une droite dite décomplexée qui va en réalité conduire une politique molle de centre-droit, alors l'électeur est en droit de se demander si il est bien utile de se déplacer au bureau de vote, dimanche après dimanche. Hormis quelques rares"marqueurs" phares pour habiller les quinquennats en "droite" ou "gauche", c'est toujours l'impression du "bonnet blanc et blanc bonnet" qui perdure. Depuis 1975, aucun homme politique, aucune pensée économique n'ont jamais apporté la preuve d'une amélioration structurelle de nos fondamentaux économiques.... A vrai dire, seule l'impuissance du politique à "faire mieux" que le prédécesseur est clairement lisible, au-delà des soubressauts conjoncturels.

Paradoxe français : rien ne dit que la société française accepterait de s'éloigner de cette gestion centriste du pays. Rappelons-nous que dans le passé, les rares tentatives - quoique timides - se sont vite soldées par des manifestations populaires et des blocages orchestrés. Aussi, c'est moins l'absence récurrente de résultats qui alimente l'abstention que le total déphasage entre discours de campagne, "les promesses", et actes de gouvernement. Aujourd'hui un électeur sur deux ne voit pas en quoi sa voix serait entendue et relayée par ce personnel politique indigne de toute confiance.

L'abstention, c'est avant tout le signe de la rupture du contrat de confiance qui est censé constituer la base de la logique démocratique de représentatitivité. Et les appels à la mobilisation, lancés par ceux-là même qui alimentent cette défiance au quotidien, n'auront aucun écho. A force de tirer sur la corde du "devoir et du sursaut", celle-ci s'est rompue et il faudra, non du temps, mais des preuves, - oui des preuves que le personnel politique se vit dans une "mission de service public du bien général" et non en recherche de la seule préservation de ses propres intérêts personnels dans la carrière  - avant que le terme de représentativité réveille de nouveau un écho chez le citoyen - électeur de base.

Il serait tragique, face aux défis et aux menaces, que la période 2017-2022 soit dirigée par une personnalité, petitement vainqueur par défaut et par rejet.

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  • Un regard décalé sur l'information du moment, des analyses originales sur les sujets d'actualité, un point de vue dérangeant qui pose de vraies questions sur notre société et son mode de fonctionnement.
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