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Il y a comme un problème...
21 avril 2013

Economie : de l'austérité et de la croissance

Contribution au débat Newsring sur la question de la compatibilité entre austérité et croissance.

En candide, je dirai qu'en théorie la croissance repose sur trois piliers : les dépenses-investissements des créateurs de richesse (ou "entrepreneurs" au sens le plus large), les dépenses-consommation des ménages et les dépenses publiques.

En toute logique, la vraie croissance dépend donc en premier lieu de la capacité d'un pays à produire et à vendre une production adaptée (de biens et/ou de services) à la fois pour satisfaire son marché intérieur et pour prendre des parts de marché à l'exportation : cela nécessite d'être compétitif en terme de prix et/ou de rapport qualité/prix ; cela nécessite d'être innovant et performant.

La croissance suppose aussi une capacité intérieure à acheter cette production ; la croissance est donc liée au pouvoir d'achat des ménages, lequel devrait s'entendre comme une redistribution équitable des fruits de la richesse produite.

La croissance repose enfin sur la capacité de l'Etat à jouer son rôle de facilitateur des échanges, notamment via des investissements d'infrastructures, et plus ponctuellement en tant que "client public" à donner un coup de pouce à l'activité et/ou à la consommation.

En théorie, croissance et austérité pourraient donc coexister, dès lors que le premier pilier entreprenarial joue pleinement son rôle de moteur économique. Rationaliser les dépenses publiques, optimiser les investissements en infrastructures et couper dans les budgets de fonctionnement dispendieux ne sont pas des facteurs intrinsèques de récession. De la même façon, une stabilisation ou un légère baisse du pouvoir d'achat des ménages ne compromet pas durablement la croissance, dès lors que la matelas de l'épargne peut être mobilisé en compensation. Mais cela nécessite une certaine confiance dans l'avenir, une confiance certaine dans la capacité d'un gouvernement à atteindre ses objectifs clairs et réalistes.

Aujourd'hui force est de constater que le pilier entreprenarial français n'est ni en mesure, ni en volonté d'investir dans les outils de production qui lui permettrait de jouer pleinement son rôle économique et social. L'Etat est tenu par des impératifs budgétaires drastiques qui contraignent les dépenses publiques ; quant aux ménages, ils thésaurisent leur épargne en prévision de moments encore plus difficiles à venir, quand ils ne sont pas déjà en situation de précarité. Ainsi posé il semble évident que croissance et austérité ne sont donc compatibles dans notre pays

Le problème français vient que l'organisation de notre système économique fait encore trop souvent de la puissance publique l'alpha et l'omega du potentiel de croissance : cela tient à un modèle sociétal et administratif éminemment rigide qui ne favorise ni la prise de risque individuelle et/ou entreprenariale, ni la création de richesse. La France économique est encore un pays qui se vit et se veut une "nation de fonctionnaires" - ce qui n'est en rien péjoratif en soi, mais non viable dans une économie mondialisée. Depuis des années, crise ou pas, la France ne sait plus vraiment créer de la richesse intrinsèque : sa croissance minimale fait surtout la part belle à une économie de redistribution dans laquelle un stock d'argent, souvent alimenté par les caisses publiques, circule en circuit fermé. C'est un fait : l'Etat n'a eu de cesse de scier la seule branche capable de créer durablement une croissance saine, celle due à l'entreprenariat privé, notamment à cause de sa politique fiscale illisible, incohérente et surtout non pérenne, et d'une vision industrielle et post-industrielle largement défaillante. L'Etat a failli, mais la responsabilité de cette situation est bien plus collective : la faute à un dialogue social inexistant lié à une absence de représentativité des syndicats, la faute à une crispation politicienne autour d'un modèle social français dont tous les acteurs-décideurs savent bien qu'il ne peut survivre à moyen terme sans de profondes réformes, mais qui fait néanmoins l'objet de tous les mensonges électoralistes, la faute à des institutions qui refusent de jouer leur rôle jusqu'au bout....

 

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  • Un regard décalé sur l'information du moment, des analyses originales sur les sujets d'actualité, un point de vue dérangeant qui pose de vraies questions sur notre société et son mode de fonctionnement.
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