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4 avril 2013

Cahuzac : l'absence même de l'honneur envers l'Etat

Contribution au débat Newsring sur le sujet suivant : Jérôme Cahuzac devait-il avouer si vite après avoir nié si longtemps ?

Si il avait eu l'envergure de l'homme d'Etat, ou seulement le code de l'honneur, celui de l'aristocrate gentilhomme de la littérature du XIXe ou celui du samuraï, Jérôme Cahuzac n'aurait jamais avoué. Certes, et c'est heureux, il aurait fini par être confondu par les éléments à charge dans cette instruction (toujours en cours faut-il le rappeler), mais au moins la mise en cause relative à sa faute aurait-elle été limitée à sa seule personne. En avouant ainsi, il fait de cette filouterie fiscale aux ressorts encore flous une affaire d'Etat qui précipite une nation, fragilisée et anxieuse en ces temps contraires, dans une crise de régime. Si l'opportunité est belle aujourd'hui - et je m'en réjouis - de poser les bases d'une 6ème République inéluctable pour redonner du sens aux valeurs et du lien citoyen entre l'électeur et son représentant, il n'en demeure pas moins que Jérôme Cahuzac a failli pour le coup à sa charge de défendre l'Etat, non pas le gouvernement socialiste de M. Ayrault, non pas la présidence Hollande, mais l'Etat républicain dans ce qu'il a de permanent, de symbolique voire d'universel.

Je m'en voudrais ici de promouvoir l'idée du mensonge ou du parjure, mais je suis forcé de me montrer pragmatique en l'absence de dirigeants "éclairés, justes et vertueux". Aussi je préfère distinguer le mensonge d'intérêt, celui qui l'on commet pour s'exonérer d'une responsabilité ou obtenir un avantage, au mensonge "pour l'honneur" - non le sien (ce serait contradictoire), mais celui de l'Etat, et par là celui de la nation et de la France. Il suffit de regarder les commentaires sur ce qui aurait pu rester un fait divers fiscal - triptyque connu : mise en examen, présomption d'innocence et doute plus ou moins raisonnable - et qui tourne au haro sur l'ensemble de la classe politique et sur l'Etat !

Mais ce manquement au devoir n'est pas nouveau : qui se rappelle aujourd'hui ce Premier ministre jetant les noms de serviteurs de l'Etat en pâture à la presse et au monde dans la triste histoire du Rainbow Warrior ? Là déjà, il n'y avait point d'honneur, pour l'homme d'Etat supposé, à désigner des lampistes à la vindicte afin de faire retomber la responsabilité des ordres à ceux en charge de les exécuter. Quel paradoxe à l'époque ! Quel funeste oubli depuis ! Voilà l'état d'esprit de ceux qui nous gouvernent, des amateurs dépassés, promus par copinage ou intérêt, ou des carriéristes de la politique qui entendent d'abord protéger leurs ambitions et sécuriser leur parcours professionnel avant que de servir la nation et l'Etat. Cahuzac n'est qu'une des nombreuses erreurs de casting d'une Ve République condamnée pour absence de vertu. Ses aveux en sont une autre preuve.

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