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Il y a comme un problème...
2 avril 2013

Affaire Cahuzac, ou le feuilleton ordinaire de la montée en puissance du FN

La France est malade de ses "élites".

Cela ne date certes pas d'hier, rappelons-nous les diverses affaires de financement politique ou les détournements de fonds publics, les postures morales de ceux qui menaient double ou triple vie, les arrangements entre amis pour couvrir turpitudes et luxure. Le pouvoir est corrupteur, l'argent son complice. Cela a pu faire hausser les épaules souvent, entre fatalisme et fatalité ; cela a pu faire sourire parfois ; cela a énervé sans doute mais cela glissait finalement sur la pelisse de l'indifférence.

Aujourd'hui la crise économique perdure depuis trop longtemps ; aujourd'hui les perspectives d'avenir restent très sombres ; aujourd'hui les dirigeants du pays, de gauche comme de droite, demandent de plus en plus d'efforts, de plus en plus de sacrifices. Or trop régulièrement, les médias et la justice se font l'écho de comportements et d'habitudes de ces élites qui nous gouvernent, incompatibles avec leur discours de rectitude, avec leur concept de cet honneur duquel ils se drapent dans une dignité outragée. Trop régulièrement ces élites nous prouvent que leurs actes sont à l'opposé de leurs propos. Trop souvent ils donnent l'impression voire la certitude de s'exonérer des règlements qu'ils entendent pourtant imposer à leurs concitoyens. Le sentiment s'installe dans l'opinion que celui qui fait la loi ne s'estime pas en devoir de la respecter. A la plèbe les devoirs, aux élites tous les droits.

A chaque affaire, le "tous pourris" se renforce ; cela renforce surtout le discours des opposants de toujours, ceux qui n'ont jamais été en position de faire la même chose et donc d'avoir l'occasion de se faire prendre la main dans le sac. Au moment du vote, cela renforce le phénomène de l'abstention et le vote de contestation extrémiste. Ce à quoi on assiste ce soir, avec le passage aux aveux de Jérôme Cahuzac, c'est un nouvel épisode de la montée en puissance du Front National.

Il ne faut pas s'y tromper : les membres les plus en vue du systèmes UMPS - pour reprendre l'expression frontiste - donnent, par leur comportement délictueux, du corps au discours de dénonciation du FN, légitimant ainsi du même coup son projet politique et son programme d'action. Chaque manquement de ces élites qui nous gouvernent depuis 30 ans amène une pierre de plus à l'édification de cette passerelle qui doit amener Marine Le Pen aux portes du pouvoir. Et à ce train-là, on va bientôt parler de viaduc.

Avec l'affaire Cahuzac, ce n'est pas le "pêché originel" qui est en cause. La possession à l'étranger de comptes bancaires non déclarés à l'administration fiscale ne constitue pas en soi un manquement grave, nuisible au pays. Ce qui est grave en l'occurrence, c'est l'aplomb avec lequel ce personnage estimé par le système - n'avait-il pas été choisi par Nicolas Sarkozy pour être le rapporteur des finances au Parlement ? - a menti avec une belle régularité aux médias - et donc aux français - la main sur le coeur, ou peut s'en faut. Cahuzac, c'est le syndrome Nixon, ce président destitué non pour avoir commis un acte répréhensible mais pour en avoir eu connaissance a posteriori et l'avoir dissimulé au peuple américain. Ce qui est grave, c'est aussi ce que sous-tend la possession de ces comptes : qu'ils aient servi à dissimuler de l'argent gagné du fait de ses activités professionnelles, mais n'est-ce pas ce que font tous les riches de ce pays et ce qu'aimerait faire chaque français pressuré par un système fiscal perçu comme trop lourd ?! On pourrait pardonner. Mais que ces comptes aient servi, comme c'est avancé aujourd'hui parle Canard Enchaîné, pour encaisser des commissions occultes payées pour amadouer celui qui était alors conseiller de Jospin, là on frise la trahison de la mission d'Etat.

Si le FN monte dans les sondages, ce n'est désormais plus le fait de citoyens "égarés" qu'il "faut ramener dans le droit chemin", mais la conséquence du grave divorce entre un peuple en souffance, économique et/ou morale, et cette élite donneuse de leçon qui se comporte comme l'aristocratie de l'Ancien régime. La question est de savoir à quelle distance nous sommes encore de la Révolution.

 

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