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Il y a comme un problème...
2 avril 2013

Nouveau couac à Matignon : le couac de trop ?

Deux nouvelles contradictoire relevées à quelques heures d'intervalle sur le Net. En ces temps crise où le sentiment de précarité grandit dans l'opinion, le sujet pourrait paraître accessoire, et surtout indélicat compte tenu du montant des salaires évoqués, puisqu'il s'agit de l'application de la taxe de 75% aux clubs de football. Mais au delà du sort des entreprises-clubs de football, sur lequel chacun aura son opinion selon son rapport au sport et à l'argent, il s'agit de mettre en évidence un problème qui dépasse largement le couac de communication. C'est en cela que le sujet mérite un post sur ce blog.

Dans une interview, Noël Le Graet, président de la Fédération Française de Football, indique avoir eu l'assurance directe du Premier ministre que la taxe de 75% applicable aux revenus salariés ne concernerait pas les PME, et donc pas les clubs professionnels de football. Rappelons que ce gadget électoral était sorti du chapeau du candidat Hollande à la surprise générale, y compris de l'appareil socialiste, l'objectif de l'annonce étant alors de pouvoir s'ériger en chantre du combat des pauvres afin de contrebalancer la montée dans les sondages de Jean-Luc Mélenchon. La mesure avait ensuite été retoquée par le Conseil constitutionnel au motif que le calcul du revenu fiscal français se conçoit par foyer et non par individu ; sans même parler de l'aspect "confiscatoire" de cet impôt, le problème tenait d'un défaut dans l'approche technique de la disposition, laquelle aurait pu être corrigée par une approche de "un million de revenus par foyer" ou par "deux millions de revenus pour un couple".Rappelons aussi que jeudi soir, lors de son interview sur France 2, le candidat-devenu-président Hollande revenait avec sa taxe de 75%, mais en changeant son fusil d'épaule, c'est-à-direen faisant supporter la charge fiscale à l'entreprise et non plus au salarié avantageusement rétribué. Sur le fond comme sur la forme, cette mesure de "justice fiscale" perd forcément de sa substance politico-symbolique, sans compter qu'elle pose les germes de l'injustice : un artiste ou tout professionnel indépendant, non salarié par définition, se voit de facto exonéré de ce dispositif fiscal. Est-ce un message adressé à l'ami Gérard Depardieu pour qu'il regagne son village gaulois ?! (sourire)

Mais revenons au vrai sujet : le couac au sein même de Matignon. Car, à la lecture de l'intervention de M. Le Graët, le cabinet du Premier ministre se fend alors d'un communiqué qui fait état de l'universalité de cette taxe aux entreprises concernées, eu égard au plafond salarial indiqué, PME comprises, et par voie de conséquence son applicabilité aux clubs de football. Quel est cet exécutif qui en arrive à engendrer des couacs dans un même ministère, le principal qui plus est ! Voici un Premier ministre contredit par son propre service ! Je n'imagine pas le président de la FFF mentir sur la teneur de sa conversation avec Jean-Marc Ayrault, de la même façon que je n'imagine pas cet homme d'affaires "mal comprendre" ce qui lui aura été dit à cette occasion.

Alors quoi ? La réforme "75% new look" annoncée par le président Hollande n'a-t-elle pas été communiquée au Premier ministre, pour qu'il se permette ainsi de l'interpréter de façon aussi légère que fantaisiste ? On peut en douter, puisque ses services s'estiment légitimes et fondés à communiquer dessus pour le contredire. JMA ne se tient-il pas suffisamment informé des décisions du château ou de ce qu'il se passe dans ses services ? Ou JMA serait-il atteint du syndrome Hollande, consistant à faire croire à ses interlocuteurs ce qu'ils veulent croire, au lieu de dire clairement les choses ? A ce point de ressemblance, quel serait l'intérêt pour le pays d'un tel profil de Premier ministre ? Faisons des économies : autant charger le secrétaire général de l'Elysée des arbitrages techniques ministériels et instaurer une omniprésidence Hollande. Au moins un semblant de cohérence dans la communication de l'exécutif serait-il préservé ! Sarkozy avait choisi Fillon pour lui faire contre-point ; avec le duo Hollande-Ayrault on est dans le mimétisme le plus total, sauf que, là, mimétisme n'est pas symbiose.

Sur cette mesure symbolique, qui a sans doute fait la différence à l'élection présidentielle, l'exécutif vient de se prendre les pieds dans le tapis, une fois de plus, une fois de trop. J'avais pronostiqué que le prochain couac amènerait inéluctablement une décision forte du "chef de bataille" Hollande, compte tenu des critiques qui pleuvent sur son manque d'autorité. Pour peu que les médias appuient là où ça fait mal, je ne vois pas comment JMA pourrait sortir par le haut de cette nouvelle erreur. Mais Hollande a-t-il une solution de rechange ? Peut-il consommer un Premier ministre si tôt, alors que Matignon sera en souffrance à la rentrée d'automne avec les dossiers chauds des retraites, du budget 2014 etc... ? 

Après ce nouveau couac, je ne vois pas comment les français pourraient ne pas être inquiets, en ces temps de grave crise économique et sociale, de la tournure que prend la gestion du pays par cette équipe dirigeante.

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