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Il y a comme un problème...
3 avril 2013

Peut-on attendre des femmes et des hommes

Peut-on attendre des femmes et des hommes politiques une exemplarité totale, y compris pour les actes commis avant leur investissement citoyen en politique ? Peut-on exiger de nos représentants, élus ou ministres, un parcours sans tâche ou exempt de zone trouble, alors que, nous, "simples" citoyens, il n'est pas rare que nous nous accomodions avantageusement au quotidien de certaines règles, que nous fassions entorse à quelques lois ? Notre monde n'est pas parfait ; et les français ne sont pas parfaits. Faut-il attendre que ceux qui les représentent le soient ?! N'est-il pas plus logique au contraire qu'ils soient justement à leur image, volontiers frondeurs et parfois fraudeurs ? Le tort de Jérôme Cahuzac est d'avoir menti, menti d'abord par "omission" sur la valeur réelle de son patrimoine, ce qui de facto jette la suspicion sur les fiches de ses petits camarades puisque, à l'évidence, aucune institution de l'Etat ne contrôle vraiment la véracité des dites informations ; menti surtout par intention-action, ce qui doit nous interroger. Est-ce seulement le syndrome bien connu du petit garçon niant les faits, surpris la main dans le pot de confiserie, qui s'exprimait "hier" dans l'hémicycle ? Ou celui du délinquant qui refute les preuves en répétant "c'est pas moi", histoire de continuer à espérer en une issue miraculeuse qui l'exonérerait des conséquences de son acte ? Ou est-ce la certitude que sa position de ministre et son relationnel sauraient finalement le préserver d'une enquête médiatique plus approfondie, voire de la diligence des juges instructeurs, qui lui a soufflé cette tactique de défense, en réalité intenable ?

La petite Histoire nous dira, dans quelques années, quelles auront été les véritables conséquences de la "bombe Cahuzac" pour la présidence Hollande, car les mois de mensonges autant que le sidérant aplomb de l'ex-ministre du Budget ne peuvent que miner la confiance accordée par la nation à l'actuel exécutif. Qui savait ? L'Etat a-t-il cherché à couvrir l'un des siens ? Comment se fait-il que la banque suisse ait pu délivrer un faux certificat de probité ? Les questions se bousculent et aucune des réponses ne saura satisfaire des observateurs attentifs, enfin vaccinés de toute naïveté. S'ouvre l'ère du soupçon généralisé. S'ouvre l'un de ces moments dans l'histoire où, chacun, l'on se sent autorisé à suivre le mauvais exemple qui vient d'en haut. Le ministre du Budget du gouvernement Ayrault avait pratiqué l'évasion fiscale, pas étonnant que ce médecin ait été reconnu par ses pairs comme un bon "argentier" pour la France !?

En 2011, le parti socialiste perd son "meilleur économiste" pour disputer la présidence à Nicolas Sarkozy. A cette occasion, la France effarée découvre l'omerta des milieux parisiens, cette même omerta qui avait dissimulé une fille illégitime sous Mitterrand au prix de manoeuvres de basse police, Jean-Edern Hallier aura pu en témoigner. Se pose immédiatement la question des limites à la connaissance portée aux électeurs de la "vie privée" de ses élites. Mais hors de tout caractère criminel ou délictueux, hors de toute observation "morale", le citoyen doit-il être laissé dans l'ignorance  que tel candidat a la braguette en feu et qu'il ne maîtrise pas forcément ses pulsions primales, ou que tel autre sniffe de la coke dans les soirées branchées ?

En 2013, le parti socialiste perd son grand argentier, "le" ministre pivot de sa politique financière au moment de raboter les dépenses de l'Etat et de procéder à des arbitrages budgétaires sans précédent au vu des engagements européens et de campagne. C'eût été pour une affaire de sexe ou d'ivresse sur la voie publique, l'affaire aurait été regrettable mais elle aurait fait sourire. Or on est là dans le pire cas qui soit, le symbole dévastateur. Premier symbole :  l'homme de Hollande, en charge de poursuivre les fraudeurs du fisc, était un "ripoux" lui même. Second symbole : l'un des ministres-phares de la République exemplaire voulu par l'exécutif, a menti à la représentation nationale, et donc aux français.

On est là dans l'illustration la plus consternante, pour une société en perte de repères et de valeurs, de ce principe à usage de ses élites : "faites ce que je dis, et non ce que je fais". On le répète assez souvent : "l'exemple vient d'en haut" ; or il s'agit en l'occurrence et de façon trop récurrente de contre-exemples. Cette affaire Cahuzac fait tâche : pour l'homme lui-même et pour son parcours politique a posteriori ; pour l'exécutif qui ne peut qu'être que plus fragilisé encore ; pour le monde politique en général, car les français ne sont pas naïfs au point de croire que le cas est isolé, à gauche comme à droite ; pour le pays, qui n'a rien à gagner d'une grave crise de confiance "politique" qui viendrait s'ajouter à la présente crise économique et aux tensions financières.

Cette affaire Cahuzac pose aussi la problème de l'autorité clairvoyante du duo présidentiel : il n'aura fallu aux juges que quelques heures en tête-à-tête pour que l'ex-ministre s'effondre, tel un ballon de baudruche quand le même Jérôme Cahuzac aurait leurré pendant des mois, "les yeux dans les yeux", le président et son premier ministre ?! Car il est connu que le ministre du Budget avait dû s'expliquer à l'Elysée et à Matignon sur la campagne engagée par Mediapart depuis la fin de l'année 2012, et pas qu'une fois. C'est donc leur capacité de jugement, à démêler le vrai du faux qui est en cause aussi dans cette affaire.

La Droite n'a pas de leçon de probité à donner ; elle bruisse encore d'affaires d'argent et d'autres, bien plus sordides, d'un passé pas si lointain ponctué de cadavres. La Gauche a, quant à elle, définitivement perdu son aura vertueuse auto-proclammée et sa légitimité médiatique à s'ériger en donneuse de leçons. Alors maintenant, il se passe quoi, sinon un grand appel d'air attisant la flamme du Front National ?

 

 

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