Elus FN, un danger pour la démocratie ?

Un débat semble prendre corps sur le Web pour savoir si l'élection de deux députés du FN est une bonne ou une mauvaise nouvelle pour la démocratie. Mon point de vue est que leur élection au suffrage universel est d'abord l'expression d'un vrai pluralisme politique dans notre société et qu'à ce titre, l'apparition du FN au sein de l'hémicycle ne saurait être considérée en aucune façon comme une atteinte à l'esprit de la démocratie, bien au contraire.

Quand un parti représente à une élection majeure dans nos institutions démocratique - la présidentielle - 19% des électeurs exprimés, avec une participation à hauteur de 80% du corps électoral ; quand ce même parti parvient à enregistrer un total cumulé de voix de 14% au premier tour d'un scrutin législatif, avec localement des pointes à 30-40%, je ne vois pas par quel artifice de raisonnement spécieux d'aucuns pourront redire à la présence - même symbolique - de deux représentants du dit parti à l'Assemblée nationale.

Pour le coup, ces deux élus sont représentantifs de quelque chose, et à tout le moins d'une vraie force politique. Après, que l'on apprécie les valeurs ou les idées du FN, ou «RBM», ou qu'on les juge à l'aune de la balance «des valeurs démocratiques», c'est un tout autre débat.

Mais comme je sais qu'il y aura forcément des beaux esprits chagrins, pourquoi ne pas renverser le raisonnement : est-il normal qu'un parti dont la candidate à la présidentielle a recueilli à peine plus de 2% des voix se retrouve avec un groupe parlementaire à l'Assemblée ? Grâce aux accords partisans PS-EELV (on pourrait dire aussi marchandages tant cela ressemble souvent à ce genre d'arrangement), 1% du corps électoral EELV est crédité de 8 députés, quand le ratio pour le FN est de 1 député pour 9% de ce même corps de citoyens. N'est-ce pas plutôt cela - ce différentiel de poids et de mesures -  qui devrait nous interroger sur la "bonne" santé de notre démocratie ?