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Il y a comme un problème...
24 février 2016

La démocratie malade de la France

La France est-elle vraiment une démocratie ? Sur la forme, c'est une évidence puisque tous les marqueurs, tels la séparation des pouvoirs, la liberté de pensée, de parole et de circulation ou le suffrage universel, sont bel et bien présents dans nos institutions. Pour autant, le fonctionnement actuel de notre démocratie est-il le gage d'un réel "gouvernement du peuple par le peuple et pour le peuple", selon l'expression consacrée ? On peut en douter.

Car une question se pose, celle du débat d'idées, ouvert et pluraliste, dans notre pays. En théorie, le fait démocratique établit et promeut l'expression de la pluralité des opinions, sans lesquelles il ne peut y avoir de choix citoyens vraiment éclairés. Et puisque toutes les opinions se valent a priori, avant que l'électeur fasse la décision, il est plus qu'important, indispensable, que les débats s'instaurent sur la base de constats pertinents et objectifs, ce qui n'est jamais le cas en France. L'instantanéité du fait médiatique et la nouvelle dictature imposée à la pensée par les sondages et par les réseaux sociaux ont fini de scléroser une société biberonée au "politiquement correct" et à cette fameuse langue de bois, entretenue par un carriérisme politicien forcené. A droite comme à gauche, la ligne politique est fracassée au petit jeu des ambitions personnelles et des arrangements de circonstance ; les postures "tweetanesques" disputent l'oscar de la crétinerie imbue aux combats idéologiques dépassés, hérités de la fin de XIXe siècle. Les élus et ceux qui aspirent à le devenir se complaisent dans un entre-soi qui ronronne paisiblement dans leur sphère élitiste, tandis que le monde d'en bas se confronte aux conséquences d'une destructuration sociale et économique rampante. L'agitation politico-médiatique sert surtout de paravent pour occulter l'état réel du pays et l'impuissance de ses élites à résoudre les problèmes, voire à les anticiper.

Un à un, les nouveaux présidents de région lancent des audits sur la gestion de leurs prédécesseurs. A quand un audit obligatoire présenté aux citoyens avant chaque élection majeure, présidence de la République et commune ? Quand l'électeur aura-t-il le droit de se prononcer en toute connaissance de cause, informé de la situation réelle du pays comme des défis qui se présentent ? Quand pourra-t-il tenir pour acquis que le programme du candidat sera respecté et tenu ?

En démocratie, le peuple est en droit d'attendre de ses représentants qu'ils aient un projet pour leur mandature et une ambition ou une vision plus globale comme ligne de la chose publique ; à tout le moins, il est en droit d'en attendre une gestion saine et équilibrée des finances publiques. En démocratie,ceux qui gouvernent ont le devoir de présenter des comptes aux électeurs, sur la base d'un état de la France qui soit digne de foi, l'administration étant justement là pour assurer cette impartialité objective des données. L'argument selon lequel le quitus populaire est donné par la ré-élection ne tient pas, puisque le citoyen est placé dans la plus totale des ignorances sur l'activité réelle des élus et leur implication sur les résultats obtenus.        

En démocratie, les lois votées par les représentants du peuple seraient forcément promulguées et appliquées, notamment par la force publique et la justice. Ce n'est pas le cas, loin s'en faut, il n'y a qu'à constater au quotidien les manquements à la laïcité sur la voie publique. 

En démocratie, le citoyen lambda serait capable de comprendre ces mêmes lois d'une simple lecture, ce qui est proprement impossible encore aujourd'hui ! Il n'y a qu'à consulter le volet législatif du Journal Officiel de la République pour se rendre compte que le législateur lui-même ne sait absolument pas ce qu'il vote ! Ainsi, il n'est pas rare qu'une loi votée reprenne des dispositions déjà promulguées, et donc censées être en vigueur ! C'est un fait avéré que la loi est rendue intentionnellement absconse par le système élitiste des élus et de la Haute fonction publique, afin que l'opacité règne en maître et que la gestion du pays échappe au contrôle de la nation.  

En démocratie, un président élu au suffarge universel sur un programme fondamentalement socialiste - vielle gauche - ne saurait, de son propre chef, mettre en oeuvre des mesures économiques à caractère libéral. Peu importe que ces mesures soient bonnes ou appropriées aux circonstances, il y a détournement du vote citoyen. Le programme engage dans sa globalité, ou il ne sert à rien ; la vision engage sur la ligne à suivre, ou il n'y a pas de vision. C'est tout ou rien. Ou alors qu'on nous épargne les programmes, les engagements, les X mesures et que le vote soit uniquement fonction de la personnalité du candidat, hors de toute revendication partisanne. La réalité impose de dire que le président Hollande suit aujourd'hui une feuille de route qui n'avait réuni que 6% des suffrages à la primaire socialiste, sur la personne du candidat Valls. De la même façon, on a peiné à voir une ligne résolument droitière dans les divers gouvernements Chirac, d'où le concept de rupture de Sarkozy en 2007, un comble après une mandature de droite !

Pour que le fait démocratique reprenne pied dans le fonctionnement de notre société, il est impératif de fixer un contrat de citoyenneté dans lequel la contribution citoyenne des impôts et taxes serait subordonnée au respect par les élus de trois grands principes :

- avant l'élection, dresser un constat clair de la situation en indiquant l'objectif qu'ils entendent atteindre et comment ils projettent d'y arriver ;

- après l'élection, s'en tenir aux mesures annoncées sur la feuille de route programmatique tenat forcément compte de l'objectif assigné ;

- pendant le mandat, consulter le suffrage des citoyens dès lors que des inflexions majeures s'avéreraient nécessaires ou indispensables pour atteindre l'objectif assigné.

Cette réorganisation de la pensée, du discours et de la stratégie politique permettrait ainsi d'avoir un personnel politique plus responsable quant à ses propositions de réforme et à ses discours, comme elle permettrait d'afficher des objectifs mesurables accessibles, donc réalistes, et enfin de couper court aux contestations de minorités agissantes qui bloquent de façon anti-démocratique l'expression majoritaire. 

Le scrutin de 2017 laisse encore le temps à ce que le débat présidentiel soit enfin digne des enjeux pour le pays, des défis pour la société française et de l'esprit d'une démocratie vivante.

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  • Un regard décalé sur l'information du moment, des analyses originales sur les sujets d'actualité, un point de vue dérangeant qui pose de vraies questions sur notre société et son mode de fonctionnement.
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