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Il y a comme un problème...
16 juin 2017

Marianne : "Levy et Séguéla m'ont tué(r)"

Sur les murs de la démocratie française, ainsi s'exprima la République au moment d'agoniser.

Depuis que le politique, discours comme personnel, a fait le choix électoral de se promouvoir comme un paquet de lessive, à mesure que les publicitaires d'abord, les agences de communication ensuite, ont pris la main du candidat pour en faire un produit d'image, façonné à la seule exigence du marketing, la démocratie a perdu son fondement essentiel, le lien censé exister entre le citoyen et son représentant, et fondé autour d'un projet communément partagé.

La désaffection populaire pour les urnes, révélée par une abstention toujours plus massive, alors même que la colère et l'inquiétude sont prégnantes en force partout sur nos territoires, s'explique avant tout par ce fossé qui s'est creusé, élection après élection, entre une caste en panne de solutions, obnubilée par son propre devenir, et des citoyens désabusés prenant désormais pour acquis que la machine politicienne ne tournait plus que pour elle-même.  

Et il faut bien convenir qu'à grand renfort de slogans, à coups de buzz médiatique finement orchestrés, la communication en politique est passée du statut d'outil de "faire savoir" à une logique auto-centrée de "savoir-faire". Le fond a été dilué dans la forme ; l'image politique s'est vue élevée au rang d'art se suffisant à lui-même, à mesure que le discours politique, se perdant dans les méandres du politiquement correct, a été réduit au gazouillis de petites phrases, ciselées à l'avance dans les officines de communication.

Le génie publicitaire a progressivement renversé l'échelle des valeurs, l'emballage devenant plus important que le contenu, l'apparence étant prioritaire sur l'essence. Il capitalise sur la marque, il simplifie à l'extrême la complexité des enjeux, il préfère oublier la nécessaire pédagogie à conduire des débats éclairant sur la gestion des affaires publiques pour mieux miser sur l'accessoire et le futile.

A avoir trop longtemps vendu le politique comme une lessive, faut-il s'étonner que le consommateur-électeur se détourne désormais d'un produit qui, non seulement ne répond jamais au cahier des charges mis en avant dans la pub' (la fameuse blancheur "qui lave plus blanc que blanc"), mais, au final, ne lui apporte aucune satisfaction ?!

D'une comedia dell'arte sur fond de joutes parlementaires, la politique "version communicant" a versé dans le soap opera, ce programme conçu pour et par les régies publicitaires, et elle finira en mauvais programme de TV-réalité, avec notamment la complicité de Paris-Match ou VSD. Le paradoxe, c'est que cette politique-là ne fait même pas recette, contrairement à la soupe télévisuelle indigente à laquelle elle s'assimile. 

Car la réalité des chiffres est implacable, qui met en relief la mort de notre démocratie représentative. A la présidentielle 2017, à l'heure du "choix par adhésion", le candidat Macron avait totalisé un peu moins de 8.7 millions de suffrages, soit 24% des exprimés avec un taux de participation légèrement inférieur à 78%. Au premier tour des législatives, avec un taux d'abstention supérieur à 51%, l'ensemble des "mules" de la République en Marche n'a réuni que 7.3 millions de voix, soit une perte sèche de 1.4 million d'électeurs en un mois !

Et pourtant,  jamais un candidat, ni son parti n'auront autant bénéficié d'un tel soutien complaisant, d'une telle unanimité de la part de l'univers médiatique ; jamais l'effet d'emballage n'aura été à ce point mis en avant dans la scénographie millimétrée de son parcours vers la présidence ; jamais la com' n'aura été si présente dans l'ascension de "l'inconnue" Macron dans l'équation politique française. Mais en dépit de ce matraquage des esprits, couplé à l'indicible faiblesse de ses opposants, le "phénomène d'image Macron" est loin, très loin d'avoir suscité un réel engouement. Le meilleur des "savoir-faire" ne fait plus illusion : les citoyens, désabusés ou instruits du fait marketing, ne se font plus attraper si facilement par les illusionnistes Lévy, Séguéla et consorts. Et puisque le "faire savoir" politique est en panne de projets, de visions engageantes pour l'avenir, et même de discours construits par autre chose que des postures ou des ambitions personnelles, c'est la démocratie qui se voit privé d'expression et de représentativité. 

La politique n'est pas un produit de consommation. A l'avoir trop cru, ses acteurs ont dynamité les fondements du vivre ensemble national. Et ça, c'est un problème... 

 

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  • Un regard décalé sur l'information du moment, des analyses originales sur les sujets d'actualité, un point de vue dérangeant qui pose de vraies questions sur notre société et son mode de fonctionnement.
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