Trop, c'est trop

Pour ceux qui auraient encore un doute sur cette subjectivité des comptes-rendus médiatiques qui fait le lit de la candidature Hollande, ce week-end aura apporté une preuve définitive. Journalistes et commentateurs de la vie politique ont fait leur Une avec les "boules puantes", opposant d'emblée "l'affaire DSK" et "l'affaire Khadafi", l'une étant censée avoir été initiée par la droite et l'autre par la gauche. Sauf que.... Sauf qu'il n'en est rien et que ces deux affaires sortent à l'initiative unilatérale des amis de M. Hollande.

Journalistes et commentateurs agissent comme si le retour médiatique de DSK à ce moment précis de la campagne était le fait d'une stratégie de l'UMP. Or ce n'est pas le président sortant qui a décidé de l'interview de DSK dans un journal anglais - largement reprise en France naturellement. Ce n'est pas le président sortant qui a organisé la campagne de promotion pour la sortie d'un livre entendant dédouaner ce dernier dans l'affaire du Sofitel New York et reprenant la théorie de la "conspiration après-coup" mise en place par des barbouzes télécommandées par l'Elysée. Ce n'est toujours pas Nicolas Sarkozy qui a établi les cartons d'invitation pour la fête d'anniversaire du socialiste Julien Dray. C'est donc bien un contre-sens total de prétendre aujourd'hui dans les commentaires orientés sur cette "boule puante" que Sarkozy a remis DSK dans la campagne et qu'il instrumentalise l'ex-patron du FMI pour essayer d'affaiblir François Hollande. Tout au contraire, c'est bien le camp socialiste qui fait ressortir DSK du bois avec un double objectif : rappeler au bon souvenir des électeurs centristes que le PS dispose d'un courant Modemo-compatible, en l'occurrence le courant strauss-kahnien ; renforcer l'idée que le candidat Sarkozy a profité des pouvoirs présidentiels pour fomenter complots et conspirations contre ses opposants. Faire entonner le champ des partisans en début de meeting concourt à ce même raccourci de placer la candidature Sarkozy dans une perspective collabo-fasciste, capable de toutes les ignominies. Et quand on entend les héritiers de Miterrand, l'auteur du "Coup d'Etat permanent" se réclamer de l'héritage gaulliste, on croit rêver !!                 A ce stade de la campagne, je m'étonne qu'aucun théoricien gauchiste du complot n'ait encore avancé l'idée que Sarkozy aurait fait élire DSK au FMI pour mieux le placer dans une position sexuellement intenable compte tenu de sa libido libertine excessive. Au pays du harcèlement sexuel sévèrement réprimé, il aurait été miraculeux que le Frenchy survive sans commettre un seul impair ! Ne serait-ce pas Nicolas Sarkozy qui a mis la subordonnée hongroise du FMI sur la braguette de DSK ?  

Quant à l'affaire des 50 millions de Khadafi, la supercherie est tellement grossière qu'elle augure de belles manipulations à venir dans la droite ligne de celles survenues durant la présidence Mitterrand, d'autant plus que le parti socialiste aura bientôt tous les pouvoirs, exécutif, législatif, et médiatique, pour autant que le judiciaire ait quelque chance d'être "indépendant" un jour. Les assertions de ce document sont fausses sans l'ombre d'un doute ; pour autant, le document lui-même pourrait être vrai. Je m'explique : rien n'empêche que les services secrets libyens, à un moment donné, n'aient conçu et préparé une opération de déstabilisation visant Nicolas Sarkozy et à travers lui, l'influence de la France sur la zone Méditerranée. Je rappellerai pour mémoire qu'en 2007, la présidence Sarkozy mettait en oeuvre son projet pan-Méditerranéen qui pouvait porter ombrage à la dictature libyenne sur sa zone d'influence. De là à ce que le colonel Khadafi ait imaginé une machination contre Sarkozy...         Aussi la seule question qui se pose en l'occurrence est de savoir si le site Médiapart est la victime ou bien le complice  a posteriori de cette manipulation géopolitique pour en faire un sujet politicien franco-français pour le seul profit du PS. Ce qui est particulièrement regrettable, c'est que personne n'ait même évoqué la possibilité que le document, et pour autant qu'il émane vraiment des services secrets libyens, ne soit d'abord une manipulation libyenne. Ce qui n'admet aucun doute par contre, c'est que cette affaire des 50 millions arrive étrangement à point nommé dans la campagne pour déstabiliser Nicolas Sarkozy et le  perturber juste avant le débat à venir. Le site Mediapart est tellement arc-bouté sur son unique cheval de bataille, à savoir faire tomber Sarko à tous prix, qu'il en oublie une évidence élémentaire : rien n'est plus sujet à caution qu'une source ou pseudo-source travaillant ou ayant travaillé pour les services de renseignement ou de contre-espionnage. En diffusant une information qu'il est incapable de corroborer d'aucune façon, le site Médiapart ne fait que se discréditer lui-même et, à travers lui, le "vrai" journalisme d'investigation. Les affaires "Karachi" ou "Bettencourt", désormais gérées par la justice, n'ont pas pu déboucher sur une quelconque mise en cause fort opportune du président sortant à ce moment de l'agenda électoral. Alors les affidés du PS ont fait ce que le candidat Hollande reproche si souvent au président sortant : user de manipulations et de contre-vérités pour servir un discours vertueux. Alors, vraiment là trop, c'est trop...