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Il y a comme un problème...
29 avril 2012

Le temps des affaires

La dernière semaine de la campagne présidentielle 2012 sera donc celle des "affaires". Le débat sur l'état de la France et sur les solutions à mettre en oeuvre pour sortir au mieux de la crise n'aura donc pas lieu ; et tant pis si les citoyens se retrouvent ainsi floués de leur droit de savoir. Car c'est au niveau de la fange immonde que devrait se clôturer ce duel UMP- Forces de gauche anti-Sarkozyste. 

En 2007, on avait déjà eu droit au slogan "Tout sauf Sarko" avec un argumentaire si manichéen qu'il avait fini par montrer ses limites et par se retourner contre ses initiateurs dans la dernière ligne droite. En 2012, le "tout sauf Sarko" se nourrit des mêmes manoeuvres de déstabilisation ; cependant, le style Sarkozy et la frustration née d'une mandature aux réformes encore trop peu abouties viennent renforcer ce rejet à tel point que que le parti socialiste est sur le point de toucher du doigt la victoire tant attendue. Pour autant, il semble bien que cela ne suffise encore pas puisque le PS vient de faire donner l'artillerie lourde. Il faut dire que la désignation d'une "bête à abattre" ou le dénigrement systématique d'un "mec à virer" sont bien plus mobilisateurs que n'importe lequel des programmes électoraux, surtout quand, par ailleurs, les divers partenaires de fait s'opposent sur tout ou presque. Car à la vérité, il y a fort peu de points communs aux objectifs respectifs du PS, de EELV et du Front de gauche. Alors, à défaut de pouvoir présenter une vraie logique majoritaire, la gauche fait feu de tous bois pour être sûr d'emporter la mise.  

Voilà donc le grand déballage des affaires ou des pseudo-affaires pour mettre en cause la candidature Sarkozy, dans la droite ligne de la campagne d'Eva Joly, "la juge intègre". A ce stade, l'important n'est pas que l'information soit vraie, ou vraissemblable. Au moment où les électeurs centristes se focalisent sur la moralisation de la vie publique, le discrédit visant le président sortant ne peut que perturber le report des voix du Modem sur le candidat UMP. Et qu'importe que la baudruche se dégonfle le 7 mai, le but recherché est uniquement de distiller le "petit" doute qui fera la différence dans l'isoloir. Quant à faire condamner les pourvoyeurs de fausses informations, c'est naturellement peine perdue. La démocratie a beaucoup de souci à se faire.

Première "affaire" :  voici "comme par hasard" le retour médiatique de DSK qui revient sur sa théorie du complot dans la presse. S'il admet du bout des lèvres "sa relation inappropriée" avec Mme Dialo, c'est juste pour mieux rebondir sur l'instrumentalisation qui aurait été opérée ensuite à cette occasion par les sbires présidentiels afin de nuire à sa candidature. Franchement, avec le passif de DSK qui multiplie les affaires sexuelles plus que "limites", je doute que le ministère de l'Intérieur aurait eu à travailler beaucoup pour trouver des éléments, sinon compromettants, au moins embarrassants dans la perspectives de la campagne présidentielle. Les français sont sans doute indulgents sur les turpitudes de la vie privée de leurs personnalités politiques ; en revanche, ils n'auraient pas admis être dirigés par un obsédé sexuel. L'enquête du Carlton était suffisamment avancée pour que l'affaire Diallo ait plus été un "problème" pour Nicolas Sarkozy qu'une opportunité. Tactiquement, il était en effet plus logique de "sortir" une affaire franco-française, l'affaire du Carlton en l'occurrence, après les primaires socialistes pour casser la machine électorale du prétendant. Non, quand bien même DSK aurait fait l'objet d'une surveillance particulière - ce qui reste à démontrer -  ses histoires sulfuro-sexuelles récurrentes sont là pour démontrer qu'il n'avait besoin d'aucun conspirateur de l'ombre pour le discréditer en tant que personnage public. La question fondamentale qui se pose ici est de savoir si la presse, largement en faveur du parti socialiste, aurait bruissé des appétits sexuels hors normes du futur hôte de l'Elysée avant l'élection, histoire d'éclairer les citoyens sur la réelle personnalité de leur futur président. Autre question importante : depuis quand une conduite potentiellement délictueuse ne devrait pas faire l'objet d'une enquête, et le cas échéant de pousuites judiciaires ? DSK l'a constaté à ses dépens, être un personnage de premier plan n'empêche pas de répondre de ses comportements devant la loi. DSK a commis une succession de fautes aux conséquences "politiques" qui ont objectivement bénéficié à Sarkozy, encore que la candidature Hollande ne soit manifestement pas une sinécure avec des sondages à 45-55%. Mais de là à renverser la situation délictueuse initiale pour mettre en cause le président sortant conspirateur, c'est un artifice un peu fort de café.  

La seconde affaire qui revient opportunément sur le tapis a trait à l'encombrant colonel Khadafi. La première question à se poser est de savoir pourquoi le président Sarkozy aurait pris le risque d'une campagne militaire contre le régime libyen en sachant qu'à tout moment la famille du dictateur déchu pourrait impliquer le candidat Sarkozy dans le financement occulte de sa campagne. Quant à "déclencher une guerre préventive" pour éviter que Kahdafi ne parle, cela n'a vraiment aucun sens. Qui peut raisonnablement croire qu'un homme d'Etat comme Nicolas Sarkozy ait pu faire preuve d'une telle naïveté en contractant avec un personnage connu notamment pour son instabilité ? Le document fort opportunément servi par le site Mediapart fait état d'une rencontre de responsables libyens avec Brice Hortefeux et le déjà trop fameux M. Takieddine. Par la voix de l'une de ses avocats, le franco-libanais dément avoir participé à une telle réunion mais dans le même temps il juge néanmoins "crédible" le dit document. Il faudrait savoir : soit ce document est vrai, et dans ce cas, M. Takieddine était "donc" avec M. Hortefeux pour négocier le don (illégal) de la famille Khadafi à la campagne de Sarkozy ; soit M. Takieddine n'était effectivement pas présent, en conséquence de quoi il n'a aucune légitimité à juger de la supposée crédibilité du document. En disant tout et son contraire, M. Takieddine trouve ici une nouvelle oppportunité pour enfumer son monde et sans doute minimiser son rôle dans les autres affaires dans lesquelles la justice veut l'entendre. Le site Médiapart a-t-il été intoxiqué ou plutôt s'est-il laissé volontairement intoxiquer pour faire le jeu du candidat Hollande en jetant un nouveau discrédit sur le président sortant ? La question est de savoir quelles sanctions pourraient être prises à l'encontre de ces médias qui colportent des ragots et des rumeurs comme autant de vérités pour servir leurs maîtres idéologiques ou leur haine envers un opposant ? Qu'importe que l'action judiciaire conclut à une condamnation symbolique pour diffamation dans six mois ou un an, des électeurs auront peut-être fait le choix de ne pas soutenir le président sortant en raison de cette "affaire-là". Ceci n'est pas acceptable.

Cette campagne se roule désormais dans la boue et à ce stade de la campagne et de la crise, la France et ses citoyens ne méritent pas que le choix démocratique si important du 6 mai soit suspendu à la bile de crapeauds malfaisants. Quant au PS, avant que ses élus se précipitent dans les draps de la vertu en demandant des "explications" au candidat Sarkozy, il conviendrait sans doute de lui rappeler quelques évidences : les socialistes ont couvert les nombreuses déviances des présidences Mitterrand, qu'il s'agisse des divers suicides qui ont émaillé ses deux septennats, l'affaire des "irlandais de Vincennes", l'affaire des écoutes illégales, l'affaire du Rainbow warrior, les tromperies constantes sur un état de santé déclinant etc... Quant au candidat Hollande, il a pour le moins couvert par omission des agissements illicites dans diverses fédérations du temps où il était premier secrétaire du parti. Qu'il n'ait pas été "au courant" prouve au minimum qu'il n'a pas été capable de s'entourer pour contrôler ce qui se passait dans son propre parti avec ses propres "amis". Diriger l'Etat et le pays dans toutes ses composantes n'est-il pas trop au-dessus de cet homme normal ?         

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