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Il y a comme un problème...
28 octobre 2011

Du rapport au temps qui passe

C'est le début d'un week-end comme la France les affectionne tant, une sorte de viaduc quelque peu incongru depuis l'avènement des RTT mais qui fait toujours plaisir aux salariés en quête de repos. Une France qui cultive les paradoxes : comme le disait Coluche, ceux qui travaillent guettent la moindre opportunité de profiter d'un repos supplémentaire ; ceux qui sont au chômage depuis des lustres ne rêvent que du moment où ils pourront enfin travailler. France éternellement coupée en deux. Une France qui court après ses 35 heures en espérant secrètement passer à la vraie semaine des quatre jours (payées cinq si possible) mais qui affiche en même temps une productivité record. On travaille de moins en moins en produisant de plus en plus. Et l'on s'étonne que les dépenses de la Sécurité sociale explosent ?! Ceux qui triment sous la dictature de l'horloge se bourrent de tranquilisants et d'excitants pour tenir le choc ; ceux qui sont laissés sur le bord de la route se consolent avec les mêmes expédients.

J'ai lu quelque part que les écoliers travailleraient cette année 144 jours, soit a contrario un total de 221 jours de non-travail. Avec un tel rythme, le système d'enseignement les habitue à gérer les phases de repos plus qu'à appréhender les exigences du travail à venir. Sans compter que le concept de  "productivité" s'applique aussi à l'école, où il est demandé aux élèves d'ingérer un maximum de programmes en un minimum de temps de présence. Et l'on crée des commissions d'experts pour chercher à savoir pourquoi la France n'a de cesse de perdre des places dans les classements comparatifs de l'OCDE ?!! Quand les rythmes scolaires, le respect du temps des apprentissage j'entends, sont sacrifiés sur l'autel des intérêts du tourisme, du confort de vie extra-scolaire des uns (personnel enseignant) et des autres (familles),  le bilan ne peut être qu'insatisfaisant.

Rendre le temps au temps. La perte de nos racines rurales, celle du "bon sens agricole" (rien à voir avec la banque du même nom - pas de sponsor ici), a déconnecté notre société du temps qui prend le temps de passer, de la saisonnalité des choses qui fait que l'on accepte de vivre au rythme de la nature. D'allié, le temps est devenu ennemi, à combattre, à défaire, à nier. Les marchands de cosmétique et les professionnels de la chirurgie plastique ont toujours plus de bon temps devant eux !! 

Conséquence de cette ingatitude des hommes, le temps s'est mis à accélérer, de lui-même. Le progrès nous dépasse. Regarez par dessus votre épaule : combien d'outils, d'appareils, de technologies dont vous n'imaginez pas pouvoir vous passer aujourd'hui existaient déjà voici 5, 10, 15, 20 ans. Ce matin, c'est en feuilletant d'un regard distrait le catalogue de Noël d'une grande surface, que je l'ai ressentie, cette vengeance du temps : la tablette high-tech multimédia a d'ores et déjà remplacé le tableau noir et son jeu de craies de couleur. Nos valeurs et nos références se sont dissoutes dans les puces de silice et les écrans tactiles ; le fossé générationnel ne se chiffre plus en dizaines d'années mais en simples unités. Il y a comme un problème....    

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  • Un regard décalé sur l'information du moment, des analyses originales sur les sujets d'actualité, un point de vue dérangeant qui pose de vraies questions sur notre société et son mode de fonctionnement.
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