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Il y a comme un problème...
26 octobre 2011

Argent et Politique


Le triptyque « politique » de départ de ce blog ne serait pas complet si je n'évoquais maintenant le rapport trouble existant entre nos élus et l'argent. Tous ceux qui, comme moi, ont un jour eu l'occasion d'approcher de près le milieu politique le savent : tout engagement politique est, par essence, fortement dépendant de la capacité à financer une ambition, un terme qui, dans mon esprit, n'a aucune connotation négative ici. En politique comme partout, l'argent constitue le nerf de la guerre, l'alpha et l'omega des préoccupations récurrentes de tout politicien, et de tous ceux qui aspirent à le devenir.


Destin politique et argent sont en effet indissociables pour une raison simple : pour exister en politique, quels que soient le projet ou l'idéal poursuivi, le positionnement ou les idées, il faut disposer d'une mise de fonds personnelle. Et plus l'objectif est
ambitieux ou le parcours long, et plus le besoin de trésorerie est important.

L'hypocrisie du personnel politique envers la question du financement de leur carrière publique puise certainement ses racines dans notre culture catholique où « parler d'argent » ou pis « faire de l'argent » est d'emblée très mal vu. Mais pas seulement : ce rapport trouble du politique avec l'argent s'explique aussi par le fait que le politique est « Pouvoir » et qu'il est difficile de prétendre oeuvrer pour le sacro-saint « bien public » avec de l'argent obtenu d'intérêts privés. Sauf à croire que les "mécènes en politique" sont vertueux à ce point qu'ils n'attendent jamais le retour d'ascenseur ; permettez-moi de n'être pas aussi naïf. 

Il faut bien en prendre conscience : au delà des belles envolées lyriques et des engagements vertueux (et souvent sincères) des élus et de ceux qui souhaitent le devenir, la politique, telle qu'elle se pratique aujourd'hui, est d'abord un métier. Pour
s'en convaincre, il suffit de voir la longévité de nombre de parlementaires sur les bancs de nos assemblées, de maires dans nos communes, voire un fond de commerce comme en témoignent ces  tentations de népotisme dont la presse se fait l'écho de temps à autre, preuve que « la soupe est bonne ».

La politique est un métier, mais un métier un peu paradoxal en cela qu'il oblige d'abord à un investissement personnel conséquent, en terme d'énergie, de temps mais aussi, bien évidemment d'argent, tout candidat à un poste électif étant par définition le premier contributeur à sa campagne. Car faire de la politique a un coût financier immédiat, lié aux frais de
déplacement, aux coûts directs et indirects d'une campagne (support de propagande, location de matériels divers, etc...), lesquels frais ne sont pas forcément pris en charge à 100% par les structures du parti.  

Il n'est donc pas illogique qu'une fois élu, celui-ci cherche, en premier lieu, le moyen d'assurer sa situation professionnelle,
c'est-à dire se constituer cette « cagnotte » qui lui permettra d'affronter la campagne à suivre, celle de l'échelon supplémentaire ou celle conduisant à sa réélection. C'est à la fois compréhensible et tout à fait normal. 

Sauf qu'il y a aussi comme un problème...

La politique française tend en effet à devenir un produit de consommation régi par les règles du pur marketing, à l'image de ce qui se fait déjà aux Etats-Unis d'Amérique. A grand renfort de propagandes électorales outrancières et d'équipes de consultants recrutés à prix d'or, le gagnant y est donc souvent celui qui a disposé du budget électoral le plus conséquent. Cette escalade dans le « toujours plus » n'est pas souhaitable. Cette dérive est même inquiétante car un tel système sclérose le milieu politique, il empêche de fait les petits candidats de s'exprimer et les modestes formations partisanes, où les idées nouvelles foisonnent, d'émerger. Cela conduit à une situation figée par un bipartisme factice qui cache, dans chacun des deux camps, des ambitions personnelles et des courants divers, voire antagonistes.

Le principe premier de l'idéal démocratique n'est pas de donner à tous les citoyens le droit de vote ; c'est de lui donner le choix du vote, un choix éclairé si possible. Cela passe nécessairement par la prise en compte de la variable financière et de son encadrement par une législation stricte autant que réaliste. La récurrence des affaires de rétro-commissions, de valises qui s'échangent de mains en mains, d'enveloppes remises à des tiers prouve à quel point la loi actuelle – pourtant rédigée et
votée par les intéressés eux mêmes, ce qui est un comble – ne correspond ni aux besoins de financement des candidats, ni à la réalité du jeu politique.  

Il faut donc réfléchir sur une méthode pragmatique permettant une plus grande égalité des chances entre les candidats et un contrôle efficace du bon usage de deniers dont il faut rappeler qu'ils sont publics, c'est-à-dire issus des rentrées fiscales de l'Etat, dès lors que les candidats satisfont à un certain nombre de critères.

N'est-il pas étonnant de voir que les dépenses contrôlées pour une campagne présidentielle ne concernent que celles opérées durant la campagne officielle – qui dure quelques semaines seulement – alors même que les candidats à la magistrature suprême sillonnent le pays un à deux ans avant le scrutin, pour ne pas dire que la campagne suivante démarre dès la publication des résultats ?!! Dans un souci de transparence, les partis politiques ne devraient-ils pas rendre leurs comptes publics, les élus un état régulier de leur patrimoine (en entrée et en sortie de mandat), de sorte que le citoyen-électeur sache de quoi il retourne ? 

En France, on déteste parler d'argent, mais comme dans toutes les sociétés dites modernes, c'est bien l'argent - et lui seul - qui est au centre de toutes les attentions et qui conditionnent notre quotidien. Alors ce ne serait pas mal que ceux qui nous représentent nous montrent le chemin en jouant le jeu de la vérité - au moins sur cette question - sans tabou et sans hypocrisie.

Qui a dit naïf ?!!!

 

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