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Il y a comme un problème...
8 février 2019

Huawei - Vénézuela : un nouvel ordre se met en place, sans l'Europe et avec la bénédiction des pantins de Bruxelles

     Que nous disent "l'affaire Huawei" et la question venezuelienne de la marche du monde ? En premier lieu, que la lecture du droit et le travail de la justice sont devenus des outils servant uniquement les intérêts politiques et économiques, y compris dans certains Etats dit démocratiques. C'était une chose évidente de longue date pour ce qui concerne les dictatures et les régimes autoritaires (il paraît qu'il y a une nuance). Avec l'instrumentalisation par le FBI et les tribunaux américains d'un haut cadre d'Alstom (Energie) il y a quelques années quand General Electric lorgnait sur la branche Energie du fleuron français et, tout récemment, avec le mandat d'extadition lancé par les Etats-Unis contre la fille du fondateur de Huawei, elle-même cadre dirigeante du groupe de télécommunication chinois, il est patent désormais que Washington s'arroge le droit d'utiliser les mêmes méthodes d'intimidation et de coercition pour essayer de maintenir ainsi son leadership menacé par la concurrence mondiale : apparemment les gros bras de son armée, ses lois iniques imposées urbi et orbi et le dollar - roi ne suffisaient pas !

     Le deuxième enseignement tient à ce que la France de Macron verse dans la tentation de Venise, concernant la tenue de sa politique étrangère. L'absence d'une ligne cohérente fondée sur le concept de l'indépendance nationale renvoie, en effet, à l'idée de ne plus rien faire et de se consacrer uniquement à d'autres tâches, en préférant s'aligner, sur le fond comme sur la forme, sur les décisions américaines. Il est hallucinant de constater à quelle vitesse le président de la République s'est empressé d'adopter le style Trump en tweetant ses positions sur le Venezuela il y a quelques jours, ou en montant sa guerre électorale contre les dirigeants des pays européens (Pologne, Hongrie, Italie)  qui lui déplaisent à titre personnel et qui sont susceptibles de nuire à son grand dessein européiste, mort-né hors du soutien de l'Allemagne. Que les populistes ne soient pas sa tasse de thé, la chose est compréhensible ; mais qu'il ait pris le pli de les insulter en gazouillant avec adresse et donc une belle part d'hypocrisie, montre à quel point l'énarque philosophe n'était pas préparé aux dossiers régaliens, comme certains observateurs - dont votre serviteur - l'avaient indiqué durant la campagne de 2017. En jouant le jeu de la provocation avec ses homologues étrangers à l'instar de ce qu'il a fait avec les Jojo, les Gaulois et les fainéants qui ne se donnent pas la peine de traverser la rue pour trouver du boulot, Macron a semé les graines du comportement - inacceptable par ailleurs - des leaders italiens, bien heureux de leur puching ball de substitution puisque Merckel sort progressivement du jeu !

     Le troisième point à relever est que l'Europe est totalement absente de la grande redistribution du pouvoir politico-économique à l'échelle mondiale, et ce n'est pas la décision d'empêcher le mariage Alstom-Siemens (Transport) par la Commission de Bruxelles qui ira à l'encontre de cette autre évidence : au plan économique comme au plan stratégique, l'Europe est devenue, en quelques années, le paillasson du monde ! C'est donc en spectateur que le premier marché économique mondial regarde la lutte que se livre le tenant du titre, affaibli, et son challenger asiatique, qui pose patiemment ses pions à la manière du jeu de go, sur fond de hautes technologies de l'information, de l'Intelligence Artificielle, bref sur tout ce qui constitue la troisième révolution industrielle, celle portée par le numérique. Quant au Vénézuela, certes le pays est assis sur de l'or, or et noir d'ailleurs, mais l'affrontement médiatique sur fond de détresse sociale et de tragédie humanitaire, tient moins à ces richesses inexploitées qu'à un grand poker où la Chine, prenant pied en Amérique du sud, négociera un jour son retrait pour assurer sa main-mise sur la mer du Japon et toute la façade orientale du Pacifique.  

     Le quatrième enseignement prête à sourire : il est en effet amusant de constater que les Etats-Unis, secondés par leurs affidés anglo-saxons, britanniques, néo-zélandais et australiens, crie à l'espionnage et au vol de données dans l'affaire Huawei, alors que cela fait des décennies que les services fédéraux spécialisés de la NSA et d'officines plus confidentielles, mais tout aussi pointues et efficaces au point de vue de l'intrusion technologique. Pour ne rien dire des accords existants entre Apple, Google et tous les acteurs de l'Internet et des télécoms qui souhaitent travailler aux Etats-Unis, ou avec le dollar ! Ne soyons pas naïfs !  Evidemment que tous les pays désireux de jouer dans la cour des grands se renseignent et espionnent leurs amis, voisins et concurrents, tout autant que leurs ennemis, tous avec leurs moyens... qui n'ont rien à voir avec ceux engagés par l'oncle Sam ! Faut-il rappeler que le différentiel de budget militaire entre les deux prétendants, Etats-Unis et Chine, est de l'ordre de 7 pour 1 au profit de Washington. Le renseignement n'est plus uniquement militaire ou diplomatique depuis des dizaines d'années ; les cibles sont stratégiques, financières et économiques ! Tout ce qui passe par les réseaux satellitaires est "écouté" ou retranscrit ; les cables sous-marins intercontinentaux ont des dérivations. En réalité, la seule différence entre les Etats-Unis et la Chine, c'est que Washington s'est fait prendre la main dans le sac, alors que les preuves techniques impliquant la Chine manquent encore dans le dossier de l'accusateur américain. Ce n'est qu'un question de temps, assurément, mais franchement, celui qui aboie n'est certainement pas le mieux placé pour jouer les vierges effarouchées !

     Le dernier enseignement réside dans le fait que l'absence de l'Europe, ou d'un petit groupe de pays européens fortement engagés, sur de grands projets concurrentiels face aux géants américains et chinois sur la question de la grande révolution numérique en cours, entraîne inéluctablement la fin de la vision occidentale dans la gestion des affaires du monde. La technocratie bruxelloise aura réussi ce tour de force de rendre le premier espace économique du monde à la remorque des défis du vingt-et-unième siècle. 

  

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