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Il y a comme un problème...
15 janvier 2019

Macron a-t-il tué la dernière chance de survie de la démocratie française ?

     Au moment de l'élection présidentielle de 2017, certains observateurs avaient estimé qu'il s'agissait là du scrutin de la dernière chance pour la démocratie française. Moins de deux années après, les faits ne leur donnent pas tort.

     Durant plus de trentre années, la classe politique française, ou devrais-je dire les partis dits de gouvernement, ont joué un jeu funeste pour fragiliser leurs adversaires et gagner des élections, alors même qu'ils se savaient minoritaires dans l'opinion. L'instrumentalisation d'un parti classé à l'extrême-droite était chose aisée, puisque son leader charismatique avait une personnalité qui servait leur stratégie et que lui-même d'ailleurs ne souhaitait finalement qu'être le trublion de service. Et les choses auraient très bien pu s'arrêter à des manoeuvres malsaines de basse politique politicienne comme la France en a le secret depuis des siècles. Mais ce faisant, les gouvernements de droite comme de gauche en ont oublié de traiter les vrais problèmes de la société française.

     Trente années d'alternances politiques n'ont servi qu'à défaire plutôt que faire une stratégie économique et une ligne de gouvernance pensées et mises en oeuvre pour trouver des solutions pérennes à des crises systémiques à répétition et à un enkystement du chômage de masse dans le pays. Les trésors de l'Etat ont été vidés de leur susbtance, vendus à perte ou à des intérêts internationaux concurrents pour remplir des caisses vidées autant par gabegie que par faiblesse, électoralisme et incompétence. Les atouts industriels, comme les forces vives de l'économie ont été mis à mal à la fois par des arbitrages où l'intérêt particulier l'emportait sur l'intérêt général, par l'absence d'une vision stratégique à long terme et par une instabilité fiscale répressive. Incapables de se réformer ou de se remettre en question face à l'absence de résultats probants et au creusement des déficits et de la dette souveraine, la technostructure et les tenants d'une haute administration indéboulonnable ont fait le lit de la situation inextricable dans laquelle la France, mais aussi le fonctionnement de l'Europe, font les frais pour le plus grand malheur, présent et à venir, des peuples concernés.

     Que cette classe politique, censée gouverner, c'est-à-dire prévoir et organiser, se soit montrée inefficace à protéger les intérêts vitaux des citoyens est pardonnable. Après tout, nombre de pays ont connu des crises économiques et financières violentes, et la France n'a jamais été une île capable de fonctionner en autarcie. Dans un monde régi par les règles édictées par l'Organisation Mondiale du Commerce puis par la mondialisation des échanges et de la finance, il est peu probable qu'aucun dirigeant en réserve ait eu une quelconque chance de faire moins mal. Ce qui est, en revanche, tout à fait inadmissible, c'est que les sujets, les inquiétudes remontés d'élections mineures en élections majeures depuis trente ans aient été à ce point ignorés par les gouvernants qu'il aura fallu deux mois de vives tensions dans la société (compteur en cours) pour qu'enfin la parole des sans grades, des oubliés, des silencieux commence à parvenir aux oreilles du pouvoir. Parce qu'ils étaient relayés par les discours du Front National et de quelques partis discrétionnaires, les ressentis d'une population inquiète, meurtrie, abandonnée n'avaient pas voix au chapitre. Et aucun débat ne pouvait se tenir sur les fondamentaux du malaise sociétal : paupérisation de la classe moyenne inférieure, concurrence déloyale, sentiment de déclassement, désertification rurale, immigration et intégration, sécurité... 

     Aujourd'hui, à travers les cahiers de doléance et ce fameux débat national, dont l'organisation et la prise en compte effective de ce qu'il en ressortira relèvent encore du grand flou artistique et de la plus totale improvisation, ce sont ces trente années de frustration, de colère et de peurs qui remontent d'un coup à la surface. Alors quoi ? Trois mois de débat pour solder trente années de mauvais et déloyaux services ? Faut-il être désespéré ou désemparé pour imaginer une seule seconde une issue positive à cette crise nationale, révélée par le mouvement des Gilets jaunes !?

     Pendant les trois mois de cette consultation qui mobilisera, ou pas, tout ou partie de la population dans son extrême diversité, sociale, générationnelle, géographique, culturelle, identitaire, la France va tourner au ralenti. Il est prévu que le mois d'avril serve à compiler toute la matière obtenue afin que le président de la République soit en mesure de dire au peuple français les enseignements qu'il aura tiré de ces débats citoyens. Il n'aura échappé à personne que la France politicienne sera alors totalement tournée vers la campagne européenne du 29 mai ! Et que la majorité Macronienne sera suspendue aux résultats qui, pour ne pas être de "mid-term" seront un signal fort envoyé à la Présidence et au gouvernement. Il nous faut bien en faire le constat : d'ores et déjà la France est en panne pour les six prochains mois. 

     Emmanuel Macron a mené sa campagne électorale de 2017 en consultant les français grâce à ses Marcheurs, déployés partout en France. Qu'a-t-il fait des résultats de cette consultation interne pour ne pas avoir vu venir la tornade et mener une politique en conséquence ? Sa stratégie politicienne consistait à détruire la droite et la gauche républicaines. Il y a pleinement réussi, mais qu'a-t-il su construire à la place, sinon un face à face avec l'extrême droite, avec cette idée que cela le conduirait dans un fauteuil à la réélection ? Le Nouveau monde a les relents pestilentiels de l'Ancien !

     Jupiterisé par sa seule volonté, il a pris la responsabilité de placer sur ses seules épaules le destin d'une nation qui n'a plus d'autre alternative "apaisante et sécurisante" (quel paradoxe !) qu'un Mouvement National dont celle-ci connait pourtant les immenses faiblesses et les tares existentielles. 

     Il était impératif que le renouveau porté et espéré de 2017 soit une réussite, en matière de résultats économiques, mais aussi et surtout sur la question de la gouvernance. En dix-huit mois, la personnalité et la méthode d'Emmanuel Macron ont achevé de saper les bases de la Cinquième république : quel est ce Président qui, au travers de 34 questions, semble poser des interrogations auxquelles il n'aurait pas de réponse ? Et s'il les a en réalité, à quoi cela sert-il de faire croire qu'il pourrait en changer dès lors qu'il pense qu'elles sont les plus adaptées pour le pays ? Sans préjuger des résultats effectifs du débat qui s'ouvre, il semble bien que 2019 sera au mieux une année blanche, ce qui n'est pas de bon augure dans un monde instable et compétitif. A moins que le chaos s'installe et que le calendrier électoral anticipe les échéances de 2022.   

 

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Commentaires
Z
Je trouve votre analyse très pertinente et suis en accord total avec vos propos...<br /> <br /> <br /> <br /> Le grand débat... N'est qu'une poudre aux yeux, un fumigène, un brouillard, pour masquer la réalité, pour redonner un espoir insensé à une frange de Français toujours prêts à repartir "gonflés à bloc"... Mais quand les yeux verront à nouveau... Quelle flambée de colère, pire que celle que nous venons de subir, nous aurons alors !<br /> <br /> <br /> <br /> A moins que Jupiter n'ait vraiment changé... Un Enarque qui a baigné dans le moule de la finance et qui a réussi par l'aide de ce milieu... Il y a peu de chance que les intentions affichées débouchent sur des actes qui aillent dans le même sens... Très peu !<br /> <br /> Très bonne journée
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J
Bonjour.<br /> <br /> Avec Macron, ce n'est plus la..Démocratie, mais une..Technocratie, et sinon, depuis peu..une dictature déguisée..<br /> <br /> L'expression de la colère, exprimée en cela, par ce mouvement des "Gilets jaunes", n'en est que le reflet d'un constat d'échec édifiant !<br /> <br /> Il n'y a pas que..les "Gilets jaunes", mais bien une grande majorité de la population Française, pour ne pas dire les trois-quart, qui sont directement concernés, par la baisse réelle du pouvoir d'achat, des différentes hausses subies, dont sur le carburant, mais également de cette T.V.A. sur les produits alimentaires et de première nécessité, sans oublier en passant, la fiscalité, et la trop grande disparité sur le plan fiscal en impôts et contribution direct. Il n'y a que 20% qui paient des impôts et contribuent pour les 80% qui eux ne paient rien, très peu ou..pas du tout !!! On est où ? On va où comme ça et avec ça ?..<br /> <br /> Mr. Macron est pris en otage et "coincé" par tous ceux, les dix plus riches milliardaires, dont du "CAC 40", et qui ont financé sa campagne électorale et tout fait pour que celui-ci soit voté et devienne président. Il a été "obligé", en quelque sorte, de leur renvoyer l'ascenseur dans ce sens !<br /> <br /> A présent, avec ce beau tapis rouge déroulé devant eux, ceux du "CAC 40", tous les grands entrepreneurs comme patronat et dont "MEDEF", comme Hollande avant (moi et la finance..), on est dans une drôle de situation, à présent, sans oublier, en passant, la dette publique abyssale de 2580 milliards d'Euros (97,9-98 % du P.I.B., pas rien..), tout comme la dette du budget de fonctionnement de l'Etat..<br /> <br /> Après tous ces différents Actes I, comme II, puis III,etc, à présent, ce Grand Débat National, voulu et souhaité par l'Etat, n'apportera pas grand chose, sinon, toujours plus de mécontentements et de mécontents.<br /> <br /> Ce débat n'est qu'une récupération politique dans le sens de l'électorat comme des voix en vue des prochaines élections Européennes de mai, et rien d'autre !<br /> <br /> De..l'enfumage..aveuglement...<br /> <br /> Bonne fin de journée à vous..Denis.
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