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Il y a comme un problème...
29 mai 2017

Ferrand, un bâton de maréchal trop lourd à porter

Ainsi il n'y aurait donc pas d'affaire Ferrand, mais un dossier Ferrand. De l'art de distinguer ce qui ressort du judiciaire par rapport à ce qui tiendrait du politique, voire de la seule moralité.

Je veux bien que les mutualistes concernés ne trouvent rien à redire à ce montage payé pour partie par leurs cotisations et qu'ainsi personne ne porte l'affaire en justice. Je veux bien aussi que la sphère politique ne se retrouve pas astreinte, plus que les autres composantes de la société française, à une rectitude morale de bon aloi, mais déconnectée des réalités humaines ; comme je souscris au fait qu'il ne faudrait pas que le souci de légitime transparence se mue en une chasse aux sorcières permanente, sur fond de voyeurisme médiatique sans limite. Personne n'est à ce point irréprochable dans sa vie personnelle ou professionnelle pour ne pas encourir le risque d'une vieille affaire, voire d'une pseudo affaire.

Pour autant, le cas Ferrand est un gros caillou dans un début de quinquennat par ailleurs parfaitement maîtrisé par la présidence Macron. Et c'est justement parce que le nouvel hôte élyséen s'est merveilleusement glissé dans le costume présidentiel que cette double histoire peut fragiliser la marche de la République, ou la République en Marche.

La première affaire serait bénigne si elle ne survenait après le feuilleton du printemps immortalisé sous le titre de Pénélopegate. Embaucher son fils pour un petit boulot d'été - même en hiver ! - payé au SMIC, tous les parents en situation de le faire le font ou aident à ce qu'un tiers bienveillant le fasse à leur place. Dès lors que le travail était effectif et que la rétribution était conforme à la charge, il n'y a pas de quoi fouetter un chat (pardon Brigitte ! Bardot, pas Macron !!). Il y a un côté malsain à vouloir interdire le travail familial en politique, sous prétexte de moralisation de la vie publique, quand dans les TPE, les commerces, l'agriculture ou l'artisanat, l'emploi familial constitue souvent une règle. A quand l'interdiction pour un artisan boucher de faire bosser son ado pour lui verser un peu d'argent de poche ?! Et en vertu de quoi un conjoint, dûment qualifié - diplomé pour un travail d'assistant parlementaire ne pourrait-il pas assister l'élu dans son travail ? Au lieu de définir le qui, il serait souhaitable de qualifier le quoi en l'occurrence, c'est-à-dire réglementer les taches dévolues à ce type d'activité ! 

Non, le problème ici, ce sont les déclarations du sieur Ferrand à l'encontre du candidat Fillon et plus généralement sa position personnelle sur l'emploi familial à l'Assemblée : trouver inconvenant et moralement condamnable sur les ondes ce que l'on s'est soi même permis de faire - mais sans que cela soit rendu public ! - voilà qui est plus que dérangeant, inadmissible. Il est toujours dangereux de se vendre aux médias comme "chevalier blanc" quand on a des cadavres pendus dans ses placards. En se décrédibilsant par effet boomerang, M. Ferrand porte atteinte à la crédibilité d'En Marche et de son leader, devenu président de la République. C'est gênant.

La seconde affaire est bien plus délicate sur le fond : pourtant ce n'est pas le comportement d'un homme politique qui pose problème en l'occurrence, puisqu'à l'époque M. Ferrand n'était pas encore député socialiste du Finistère, tout juste siégeait-il au conseil général. Mais dans ce dossier, la trame laisse entendre que le ministre du gouvernement Philippe sait profiter de sa position pour s'octroyer prébendes et dividendes. Quand moralité douteuse flirte avec vénalité, cela met en danger la crédibilité et la vertu de l'action gouvernementale.

Alors soit, M. Ferrand n'a pas directement participé au vote (unanime) qui a contribué à enrichir le partimoine de sa compagne ! Mais le montage de l'opération, son timing, laisse néanmoins planer de sérieux doutes sur la sincérité de l'appel d'offres. Qui peut croire qu'un directeur général n'est pas le mieux placé pour édicter un cahier des charges pro domo en fonction de l'acquisition "familiale" envisagée, voire pour connaître la teneur des offres concurrentes avant que son épouse ne finalise la sienne en fonction des renseignements transmis ? 

Demain le Canard Enchaîné ne sortira-t-il pas un nouvel épisode au feuilleton Ferrand, arguant par exemple que la compagne de M. Ferrand, toujours sous couvert de SCI, profite largement des frais de représentation de son député de mari  en louant à ce dernier la permanence qu'il occupe en circonscription ? 

A l'heure où le calendrier législatif va s'ouvrir avec une loi sur la pralisation de la vie politique, il serait illusoire de vouloir à ce que parlementaires et élus se comportent mieux que les électeurs qu'ils représentent. A tout le moins pourra-t-on exiger que leurs discours ou leurs postures médiatiques ne contreviennent pas à leurs actes, passés ou présents, sous réserve de sanction d'inéligibilité automatique et immédiate ! Ce serait déjà un progrès fort appréciable qui contribuerait à réconcilier la population et sa classe politique.  

 

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