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Il y a comme un problème...
3 février 2017

Macron, un énigme bientôt à l'Elysée

Voici cinq jours, la victoire de Benoît Hamon à la primaire de la Belle Alliance Populaire confirmait l'ouverture d'un boulevard au centre gauche et au sein de la Hollandie au profit d'Emmanuel Macron. La chute politique programmée de François Fillon dynamite le roc de cette droite, initialement promise à l'alternance gouvernementale, et, par voie de conséquence, ouvre une seconde voie royale au centre-droit pour l'ex-ministre de l'Economie. Autrement dit, tout se combine, plus que parfaitement, pour promettre le fauteuil élyséen à l'Objet Politique (toujours) Non Identifié Macron en mai prochain.

Macron enthousiasme les jeunes et rassure les seniors ; il plaît aux fonctionnaires autant qu'aux auto-entrepreneurs et aux petits patrons ; il parle un langage commun avec le monde de la finance, dont il a fait partie, suffisamment pour amasser une jolie fortune, et il tutoie tranquillement le who's who du CAC 40. Candidat à la présidentielle française, il va lever des fonds à Londres et à New York, ce qui devrait interroger. Séducteur et comédien dans l'âme, il a tout pour plaire, y compris une esquisse de programme consensuel, sans aspérité et donc sans rebond énergique, que François Hollande ne désapprouverait pas.

Macron se construit comme l'incarnation d'une sorte de rassemblement national ; il constitue un vide en dépression autour duquel graviteraient tous ceux qui veulent profiter de l'effet d'aubaine. La posture n'est pas inédite ; ce qui l'est en revanche, c'est que cela fonctionne, sans parti institutionnel constitué et sans soutien de poids - jusqu'à présent - dans le paysage politique. Cette réussite inédite laisse donc à penser que la stratégie Macron a été pensée largement en amont des dissensions gouvernementales, en "on" et en "off", de l'année 2016 quand il était encore le ministre du gouvernement Valls. D'aucuns, dans les coulisses du pouvoir actuel, avancent même que Macron était déjà dans sa logique présidentielle en 2015 !

Aussi la question se pose de savoir qui, dans le couple Hollande-Macron, était la marionnette et qui était en réalité le marionnettiste. François Hollande a longtemps cru que Macron était sa conquête, sa "chose", celui qui "sait ce qu'il me doit", dira-t-il même. J'avance l'hypothèse du contraire : l'entreprise présidentielle Macron était sur les rails dès que le futur conseiller à l'Elysée a rejoint l'équipe du candidat Hollande. Vous avez dit "sous-marin" ? Au point que Macron aurait pu sciemment dynamiter la présidence Hollande en alimentant la fronde des élus socialistes ? La question peut se poser.

C'est ma conviction : Emmanuel Macron n'est pas le personnage politique que sa communication si parfaitement huilée nous vend.

Macron n'est pas le chantre de la nouveauté politico-économique ; suivant l'adage, dis-moi quel est ton relationnel, et je te dirai qui tu es, Macron c'est un entourage largement connu - et parfois discrédité par des décennies de pouvoir par procuration avec une absence totale de résultats - allant de Jacques Attali à Alain Minc, de Jean-Pierre Jouyet (fidèle de Hollande mais ami de Fillon, tiens, tiens...) à des gérants de banque d'affaires et de fonds de placement qui ne voient dans toute crise financière que le moyen de gagner plus d'argent, voire de se renflouer grâce aux interventions de l'Etat.

Macron n'est pas un produit de la méritocratie républicaine :l'enseignement public, il ne connaît pas. Il est un excellent élève de l'école privée, avant de rejoindre le lycée de la caste élitiste (lycée Henri IV pour l'année de terminale) puis les grandes écoles, dont l'ENA. Son coeur bat à gauche, héritage politico-sociologique de sa grand-mère, mais le milieu familial vit dans un confort certain - qu'il ne nie pas d'ailleurs, il faut lui reconnaître cela.

Macron n'a pas l'intérêt général et le sens du devoir envers l'Etat chevillé au corps : alors qu'il devait encore du temps à la haute fonction publique au titre de l'enseignement reçu, il a opté pour la mise en disponibilité - pour pantoufler dans une grande banque d'affaires - puis pour la démission de la fonction publique (avec remboursement effectif de sa scolarité ?).

Macron est à l'identique de ces personnalités qui ont uniquement fait une carrière politique. Sa relative jeunesse ne doit pas masquer que, comme ses aînés, il est, non pas coupé des réalités du quotidien des français moyens, mais en dehors de tout ressenti de cette réalité. Pensez qu'il ne lui aura fallu que quinze mois pour devenir millionnaire. Je vous renvoie à ce qu'il avait déclaré à la haute autorité de la transparence au titre de sa fortune personnelle en entrant au gouvernement (2014) : propriétaire d'un appartement valorisé à 1 million d'euros dès 2007, ayant gagné près de 3 millions d'euros entre 2008 et 2012... L'argent et la réussite dans les affaires ne sont pas une tare, mais considérons quand même que l'un et l'autre vous coupent de certaines réalités, bassement terre-à-terre, qui sont le lot de la plupart des familles françaises.

Macron n'est ni stratège, ni défenseur des intérêts économiques de la nation : sinon on n'aurait pas assisté à ce démembrement et à ses ventes d'actifs du patrimoine industriel et du savoir-faire français à des sociétés américaines notamment ; sinon on n'assisterait pas à la faillite en marche (!) d'Areva - longtemps dirigée par une fidèle (sherpa) de François Mitterrand (lequel avait eu Attali pour conseiller puis sherpa, petit monde que voilà !) - et d'EDF. 

Il serait de bon ton, maintenant que la droite est hors course et que l'élection semble acquise au leader d'En Marche que les dénicheurs de scoop se lancent sur la piste d'un Macron, qui avait déjà été suspecté en 2014 d'avoir eu quelque liberté avec sa déclaration ISF, lui permettant d'échapper à cette contribution (emprunt et travaux pour une propriété secondaire... non déclarée). Depuis, au ministère de Bercy, nul doute qu'il a pu mettre bon ordre à tout cela. Il n'empêche : pour qui roule Macron ? Et qui se cache derrière cette holding politicienne prête à faire main basse sur la République ? Ne pas pouvoir ou ne pas vouloir répondre à ces questions essentielles poserait un vrai problème à notre démocratie...        

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