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Il y a comme un problème...
1 février 2017

Brèves de comptoir

Affaire Pénélope Fillon

Ce soir, ou au plus tard avant la fin de la semaine, la police judiciaire aura procédé à toutes les auditions majeures dans l'affaire entourant le couple Fillon, soit à peine plus d'une semaine après la parution de l'article déclencheur du Canard Enchaîné. Il convient de louer cette célérité qui, on ne peut que l'espérer, débouchera aussi promptement sur la rédaction d'un rapport circonstancié à destination du parquet en charge des affaires financières. Il serait donc de l'ordre du probable qu'une décision judiciaire, classement sans suite ou renvoi pour instruction, soit prise avant la mi-février. Dans l'intervalle, il serait plus qu'inédit qu'aucune "information de source autorisée" ne fuite du dit rapport policier dans les médias, histoire d'alimenter le feuilleton médiatique et les ambitions à droite.

Dans cette affaire d'emploi fictif présumé, il est une question, pourtant centrale, que personne n'aborde. Si Pénélope Fillon ne faisait vraiment rien pour son député de mari et dans la mesure où cette même Pénélope (et/ou deux de ses enfants), était créditée de la moitié de l'allocation prévue pour les collaborateurs parlementaires, qui faisait le job pour Fillon ? Non, parce que le député Fillon, il faisait bien son boulot, lui, n'est-ce pas ? Il a bien dû siéger dans des commissions, proposer des amendements législatifs, poser des questions d'actualité, conserver le contact avec les électeurs de sa circonscription !?  Et il faisait apparemment tout cela avec une efficacité suffisante puisqu'il a été régulièrement réélu, non ? Alors de deux choses l'une, soit François Fillon faisait tout le boulot quasiment tout seul, et rien que pour cela, les français devraient élire ce remarquable bourreau de travail tout en forçant le Parlement à ré-étudier sérieusement le besoin en attachés parlementaires et/ou le montant des dotations ad hoc ; soit le député sarthois se faisait effectivement aider, et alors par qui, sinon son épouse payée pour ? Car je n'imagine pas un bénévole faisant le job pour quasiment rien, tout en sachant que Madame était payé à sa place, justement pour ne pas le faire.

Cela n'exonère en rien l'aspect dit moral de cette affaire, concernant le montant des rémunérations avancé par les journalistes. Chacun se fera son opinion là-dessus ; la seule "morale" que l'on peut retirer de cela, c'est que les politiques, et plus particulièrement ceux qui, comme Obélix, sont tombés dans la marmite de l'argent public "politique" sans jamais avoir exercé au sein du monde du travail, sont totalement déconnectés du quotidien de leurs concitoyens. Ce qui est de facto un vrai problème, car cette réalité creuse d'autant le fossé élite-peuple et nourrit naturellement le sentiment populiste.

 

Affaire Fillon : les ambitions se dévoilent

Il est affligeant d'apprendre que Laurent Wauquiez, porte-flingue en chef de la Sarkozye déchue, aurait déposé son nom de domaine pour 2017, histoire d'être prêt à se lancer dans la course présidentielle, dès la chute de Fillon prononcée. Il est clair que les deux hommes ne s'apprécient guère, au-delà même des divergences politiques. De là à se positionner en charognard, c'est un pas que l'ambitieux zélé vient apparemment de franchir. Désolant !

Je rappellerai simplement ceci : tous ceux qui se sont présentés aux suffrages des français pour obtenir la présidence d'une région (Pécresse, Bertrand, Estrosi notamment), n'ont eu de cesse de jurer que cela constituait le mandat le plus important à leurs yeux, une clé pour démontrer leur potentiel, faire leurs preuves et qu'ils sauraient se montrer dignes de la confiance populaire durant tout leur mandat. Il en est de même pour M. Wauquiez qui se doit donc en premier lieu de respecter cet engagement moral et factuel auprès des habitants de la grande région Auvergne-Rhône Alpes. Oserais-je m'avancer en remarquant qu'en ces quelques mois de présidence régionale, M. Wauquiez n'a encore rien démontré de sa capacité à être un grand leader régional et un gestionnaire public efficace ? Cette remarque vaut pour tous les prétendants potentiels qui découvrent leurs appétits démesurés ; et si j'étais de droite, par principe, je ne voterais pour aucun de ces quadras-quinquas qui sont censés, aujourd'hui, mettre toute leur énergie et passer tout leur temps au seul bénéfice de leur région. Tolérer ce genre de reniement équivaudrait à donner un blanc-seing pour tous les manquements des politiques envers les citoyens et pour toutes les trahisons électorales à venir. Il ne faudrait alors pas s'insurger que les électeurs se tournent en masse vers le seul parti qui n'a pas encore pu les trahir au plan national, pour la simple raison qu'il n'a jamais exercé le pouvoir, le Front National et sa candidate Marine Le Pen. 

 

Le cas Trump :

Parlons justement de démocratie. D'aucuns semblent s'étonner que Donald Trump - président, applique par décret les engagements phares de Donald Trump - candidat. On peut s'indigner de la teneur des dits décrets ; on peut chercher à les combattre sur un plan politique, voire judiciaire, mais en aucun cas, on ne peut dire que c'est incroyable, invraisemblable. En réalité, ce qui est incroyable justement, c'est qu'on ait à ce point oublié le fait qu'un candidat puisse (enfin !) tenir ses promesses, qu'il adopte une action (enfin !) conforme à ce qu'il a annoncé bien en amont de son élection. Notre vécu démocratique nous pousse à considérer que les campagnes électorales sont à la démocratie ce que le bagoût du bateleur est à la vente sur un champ de foire, de l'enfumage pour gogo duquel il ne faudrait tenir aucun compte. C'est révélateur de l'état de décomposition de la relation entre les citoyens et la politique, ou leurs politiciens. Cela en dit long du dysfonctionnement total de notre système politique.

En ces temps troubles qui rappellent par certains aspects les prémices de la seconde guerre mondiale, il est sans doute utile de rappeler que Benito Mussolini et Adolf Hitler étaient tous deux parvenus au pouvoir tout à fait légalement, en bénéficiant d'une nomination, par le roi pour l'un, par le président pour l'autre, suivi d'un vote de confiance au Parlement dans leur pays respectif. Comparaison n'est pas raison, mais on peut remarque que comme Trump, ils ont bénéficié d'un résultat électoral favorable et que comme Trump, le système démocratique les a fait leader d'une nation. Et tout comme Trump, ils avaient en long, en large et en travers, leur programme, leur cap et leur vision du monde. Alors ne faisons pas écho à ceux qui font mine de s'étonner que Trump fasse du Trump. Le système électoral américain l'a élu justement pour cela. On sait pertinemment ce qui se passe dans la tête de Trump ; on ignore juste les conséquences que cela aura au plan international, car on ne connaît rien encore des contre-réactions à venir. 

Entre parenthèses, il serait bon que les candidats à l'élection présidentielle en France adopte le même état d'esprit : "dire ce qu'ils veulent réellement faire" puis "faire ce qu'ils ont dit". C'est ce que l'on appelle de l'honnêteté... intellectuelle et cela témoignerait d'un certain respect envers notre système démocratique, bien malade... Et c'est bien là notre problème... 

 

 

 

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