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Il y a comme un problème...
30 janvier 2017

Un boulevard pour Macron

L'affaire Pénélope Fillon laissait planer une petite incertitude sur les résultats de la primaire de la Belle Alliance Populaire. Face à un affaiblissement très net de la candidature Fillon amenant une redistribution des cartes qualificatives pour le second tour de la présidentielle, les affaires affectant la droite auraient pu engendrer un "double effet Kiss Cool", en incitant les électeurs socialistes à se rallier derrière le dernier des "ex", Manuel Valls, plutôt qu'adhérer à un projet de rupture si marqué à gauche qu'il parait rédhibitoire à la victoire finale dans une France de sensibilité majoritairement de droite et centre-droit.

Pour l'histoire, il sera intéressant de connaître dans le détail ceux parmi les électeurs de Benoît Hamon qui voteront en réalité Mélenchon au premier tour d'avril prochain, puisqu' il est peu probable que celui qui rêvait de faire exploser le PS pour incarner la principale force à gauche s'efface dans un programme commun de gouvernement qui serait dirigé par le candidat de la Belle Alliance Populaire. Quant à Hamon, fort de suffrages et d'une dynamique valant toujours plus que de simples enquêtes d'opinion, on ne voit pas les raisons pour lesquelles il se mettrait au service du même Mélenchon, au risque de perdre le leadership sur le parti dès le prochain congrès.

Ce qui est d'ores et déjà assuré, c'est que l'appareil socialiste va être écartelé entre cette aile gauche, certes victorieuse mais volontiers qualifiée d'utopiste et d'inapte à gouverner et les dépositaires du bilan Hollande qui se retrouvaient sur la ligne Valls. Quant aux sympathisants et aux électeurs "de coeur" du PS courant social-démocrate, ils ne vont pas manquer de s'égailler rapidement, pour partie dans l'abstention, pour partie dans le ralliement au mouvement "En Marche". En définitive, Benoît Hamon, flanqué de son compère Montebourg, aura bien du mal à rassembler la grande famille socialiste pour des raisons de fond, et plus encore les autres gauches, pour des motifs d'ego.

Dans cette présidentielle inédite, sans candidat sortant, sans vrai challenger favori, toutes les ambitions personnelles, aiguisées par les appétits des seconds couteaux, se figurent de pouvoir passer le cap du premier tour. Et même si Marine Le Pen semble encore en situation d'occuper une place privilégiée pour la qualification, rien ne dit qu'il n'y aura qu'un seul fauteuil à disputer pour les quatre autres prétendants dits principaux, sans parler d'un éventuel outsider encore sous les radars médiatiques. Il reste un peu plus de 80 jours avant le premier scrutin et bien des surprises peuvent arriver, le dossier Pénéloppe Fillon est là pour le démontrer.

A ce stade, tout se passe comme si une main invisible travaillait au succès final d'Emmanuel Macron ; c'est l'évidence même que tout s'enchaîne merveilleusement bien pour lui ouvrir un boulevard jusqu'à ce palais de l'Elysée qu'il a fréquenté il n'y a pas si longtemps : deux candidatures à la gauche de la gauche, l'une parlant d'abord à la jeunesse avec le revenu universel immédiat pour les 18/25 ans, l'autre labourant de préférence les terres des laissés pour compte et de la masse ouvrière, comme on disait jadis ; au centre rien, ou pas grand chose si Bayrou se lance encore une fois ; et à droite, un programme décomplexé très loin de faire rêver les foules et qui fracture les Juppéistes. C'est trop beau comme coïncidences favorables pour ne pas cacher un sacré loup. Il reste quelques semaines pour le débusquer et connaître le fin mot de cette histoire Macron. A défaut de quoi, nous pourrions connaître un gros problème...        

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