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Il y a comme un problème...
26 janvier 2017

Le bal des affaires a commencé

Qui veut la peau politique de François Fillon ? 

Dans mon précédent post, j'évoquais la possibilité que la source de l'hebdomadaire ayant sorti "l'affaire Pénélope Fillon" soit issu du parti des Républicains. Une stratégie personnelle du qui-perd-gagne pour viser une victoire en 2022 après avoir fait l'analyse que le programme électoral de Fillon permettrait peut-être de l'emporter, mais pas de gouverner sans heurts et sans hypothéquer les échéances suivantes, 2022 et 2027. Autre possibilité, une analyse macro-économique et géostratégique qui aurait convaincu certains à droite qu'il n'y aurait pas d'alignement favorable des planètes pour gouverner, avec un Donald Trump aux commandes de l'empire américain, des tensions sur le marché des changes et sur les cours du pétrole couplées à une remontée des taux directeurs des banques centrales : prendre le pouvoir dans ces conditions, avec un Brexit à digérer et des tensions sociales à gérer, ce serait un suicide assuré pour une décennie. Dans le registre franco-français, n'oublions pas le "pot-de pus" de l'aéroport Notre-Dame-des-Landes où l'intervention des forces de l'ordre pourrait se solder par des victimes côté zadiste et les mines budgétaires laissées par la gouvernance Hollande. 

Une autre hypothèse voudrait qu'un aimable fonctionnaire de la Direction des Finances Publiques ait, de son propre chef ou sur ordre, transmis des éléments d'imposition du couple Fillon permettant aux journalistes du Canard Enchaîné de remonter la piste de l'emploi...parlementaire. Le coup viendrait alors du camp progressiste, comme il aime à s'appeler, pour rééquilibrer la balance électorale en faveur du candidat socialiste ou de Macron, ex-pensionnaire de Bercy, faut-il le rappeler ici ? 

Quoi qu'il en soit, la torpille a touché le vaisseau amiral de François Fillon là où cela fait le plus de dégâts, au niveau de la ligne de flottaison, c'est-à-dire en ciblant une certaine idée de la moralité personnelle. Ce qu'il y a de pénible quand on veut cultiver une image d'exemplarité, c'est que l'on offre une cible idéale dès lors que l'on n'est pas parfait, ou qu'il peut y avoir des indications qui pourraient le laisser accroire. Nul n'est irréprochable et les français ont souvent eu beaucoup d'indulgence pour les écarts de conduite du personnel politique, jusqu'à réélire les condamnés à des peines d'inéligibilité ou soutenir des mis en examen à répétition. A vrai dire, personne n'est assez naïf ou ignorant de la condition humaine pour exiger d'un élu qu'il soit blanc comme neige et qu'il se comporte différemment de ce que l'on aurait soi même fait dans les mêmes circonstances.

Mais quand l'effet blancheur est mis en avant comme marque de fabrique, quand le discours est sans concession concernant le bon usage des deniers publics, quand le programme "droite décomplexée" promet du sang et des larmes, des efforts partout et pour tous, le simple doute quant à la sincérité du chevalier blanc et de son rapport personnel à l'argent est un poison mortel dans une élection au suffrage universel direct.

François Fillon aura beau se défendre, le mal est d'ores et déjà fait. Et comme si cela ne suffisait pas, les pompiers de service aggravent le cas plus qu'ils n'éteignent le feu qui couve. Quand Valérie Boyer, porte-parole LR, prend son propre exemple pour assumer une pratique népotiste courante - et légale rappelons-le -  au Parlement, elle commet une faute de communication irréparable en indiquant que certes elle emploie son fils "MAIS pour des activités réalisées", laissant donc sous-entendre que cela ne serait pas forcément le cas pour Mme Fillon.

Un sage a dit qu'il fallait se protéger de ses amis plus que de ses ennemis... C'est vrai qu'il était sage, cet homme-là !!

François Fillon aura beau apporter des pièces justificatives au juge chargé d'instruire le dossier, puisqu'il y a désormais présomption d'emploi fictif, il ne pourra effacer l'effet désastreux de l'interview de son épouse, passant en boucle sur les chaînes d'information, qui déclarait en 2007 ne jamais avoir eu de fonction en lien avec la politique et les charges électives de François Fillon.

Il sera ardu pour le candidat de la droite de relancer sa campagne, après le traditionnel trou d'air d'après primaire, tandis que les médias iront, en vain (?), rechercher des personnes ayant croisé une attachée parlementaire nommée Pénélope Fillon. Comme un chewing gum sous la semelle de sa chaussure, l'affaire collera à François Fillon-l'ombrageux jusqu'au terme de sa campagne... ou de l'instruction judiciaire. 

Il avait fait son succès à la primaire de la droite en grande partie sur son image de respectabilité un peu austère. Après la publication du chiffre d'affaires de son cabinet de conseil, la houle provoquée n'avait guère mouillé le capitaine. Les tempêtes portent souvent des noms féminins : il n'est pas sûr que le cyclone Pénelope ne coule pas le navire Fillon avant qu'il n'atteigne le quai présidentiel.  

Le seul point positif de cette histoire, c'est que la classe politique n'alimentera pas le sentiment populaire du "tous pourris". Le Front National aussi, avec Marine Le Pen au premier chef, est empêtré dans des histoires équivalentes au niveau du Parlement européen ; côté PS, Cambadélis a été par deux fois condamné pour des pratiques similaires. Ce sont donc les médias qui seront, ou pas, à la manoeuvre pour faire vivre le feuileton. Une affaire chassant l'autre, il reste à l'équipe de campagne de François Fillon d'allumer un contre-feu... Prochaine cible Macron ?... Oops, ça a déjà commencé !! 

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