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Il y a comme un problème...
24 janvier 2017

PS, la déconstruction en marche

Le parti socialiste ne résistera pas à cette quatrième primaire. Manuel Valls l'avait constaté voici des mois pour stigmatiser les frondeurs, mais ce sont les électeurs qui l'ont définitivement entériné dimanche : l'existence de deux courants irréconciliables dans un même corpus partisan est devenu impossible. L'heure du divorce a donc sonné entre cette aile traditionnelle qui veut réenchanter la gauche et cette autre, sociale et démocrate, qui se veut tristement réaliste pour gouverner. Et il est totalement illusoire, pour l'une ou l'autre, de prétendre appeler au rassemblement le dimanche 29 au soir, car c'est une guerre sans merci qui s'annonce au cours de cette dernière ligne droite d'avant le scrutin. Certes, une combinazzione à la sauce rose est toujours envisageable, quand il est question de sauver les meubles en prévision des législatives de juin prochain. Mais que ça va être long en attendant le congrès de la clarification !!

La combinazzione justement on l'a vue à l'oeuvre dans toute sa splendeur avec les chiffres - contestés - de la participation, le nombre de bureaux de vote et donc les résultats officiels de ce scrutin. Ce sera sûrement la phrase à retenir pour cette primaire, et peut-être pour l'ensemble de la campagne présidentielle, cette formule consacrée de Martine Aubry, "là où c'est flou, il y a un loup !!". Et elle s'y connait, la Martine, avec sa lutte épique du bourrage d'urnes pour emporter le parti face à Ségolène Royal. Car le tripatouillage des urnes est une vieille tradition du PS. même si tous les partis politiques ont eu recours, un jour ou l'autre, à ces petits arrangements avec le verdict des urnes, avec plus de subtilités toutefois.

Sur ces résultats, tronqués donc, tout a été dit ou presque par les observateurs et les analystes dans les médias. Ce qui n'a pas été suffisamment souligné à mon sens, c'est le score de Vincent Peillon. On savait que sa candidature, décidée en catastrophe pour barrer Valls-le-traître, le plaçait dans une position très défavorable. Mais sa ligne de campagne, résolument dans l'esprit Hollandais du compromis, offrait une alternative aux militants et sympathisants socialistes désireux de conserver la structure partisanne intacte. L'objectif n'aurait pas été la gagne en 2017, mais avec un Peillon aux commandes pour naviguer à la façon de Hollande, premier secrétaire du parti, l'essentiel aurait été préservé dans l'immédiat... jusqu'aux explications de gravure du prochain congrès, dans l'opposition. Il semble que le bilan de ce quiquennat a décidé les électeurs socialistes encore motivés à privilégier une mise au clair immédiate pour sortir des ambiguités de ligne politique. Nul doute à gauche désormais que le parti aux multiples courants vivra son prochain congrès comme une délivrance, avec et malgré les tripatouillages habituels, et soldera une dizaine d'années de luttes intestines, combats idéologiques encore plus que d'ego, ce n'est pas peu dire. Reste à savoir quel courant conservera les murs de cet édifice branlant et quel autre sera à la manoeuvre pour créer une formation concurrente, ces deux entités à venir coincées entre Macron et Mélenchon, si leur élan respectif se confirme et se structure.

Car le résultat du 29  est, sans doute, plus incertain qu'on ne le pense : Valls n'a pas définitivement perdu et Hamon, malgré le bénéfice de sa dynamique, n'a pas encore tout à fait gagné. D'abord il y aura le duel télévisé : l'image reste un point important dans une élection, on l'a vu avec Montebourg qui n'a jamais su se caler dans les débats et qui, avec ses stand--up de rue, faisait figure de parent pauvre quand Hamon remplissait ses salles. Contraste saisissant qui explique le passage d'un vote Montebourg à un vote Hamon. Et puis il faut se rappeler : si le premier tour témoigne d'une adhésion, le second concrétise surtout un rejet. A ce jeu d'équilibre, qui l'emportera du rejet d'un bilan et de la méthode de gouvernance, incarné par Valls, ou du rejet d'un programme très en rupture, porté par Hamon, irréaliste à mettre en oeuvre en l'état, compte tenu de la situation économique et financière du pays ? Les deux candidats ont un point commun : l'illusion. Quand Valls martèle qu'il peut, qu'il va l'emporter à la présidentielle, sa méthode Coué n'illusionne que ses communicants ! Lui qui se veut crédible en chef d'Etat, il se décrédibilise avec cette affirmation sortie de nulle part, et surtout pas des sondages où il peine à être crédité de 10% des intentions de vote ! Hamon, lui, incarne une autre illusion, celle d'un monde des possibles dans lequel tout le monde aurait une (belle) place, les immigrés économiques un avenir et un droit de vote, les toxicos de l'herbe à gogo etc....Au premier tour, les électeurs ont d'abord salué les convictions et la meilleure adéquation entre celles-ci et l'homme qui les porte. C'est l'ancrage de la gauche idéaliste qui l'a emporté. L'électorat de la gauche réaliste est sans doute déjà passée avec Macron, mais sait-on jamais, Manuel Valls est conscient qu'il joue là la cartouche la plus importante de sa carrière politique : battu, il sait avoir une longue traversée du désert puisqu'il est personnellement Macron-non compatible ; or rien n'est plus dangereux qu'une bête politique aux abois...

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