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Il y a comme un problème...
21 janvier 2017

Trump le protectionniste face aux réalités de la mondialisation, vue sous l'angle environnemental

Ce que l'on définit comme la mondialisation, cet échange global des marchandises et le rapprochement des individus partout à travers le monde, a généré des séismes au sein de nos sociétés, bousculant des habitudes ancrées de longue date, modifiant profondément le processus de production des richesses à défaut de mieux les redistribuer, bouleversant les relations sociales à l'intérieur des nations autant que les équilibres stratégiques à l'international. Et rien ne symbolise mieux cette évolution en marche que le développement accéléré des télécommunications, via Internet et ses multiples applications, via les réseaux sociaux qui redéfinissent le champ relationnel à l'échelle de la planète, via les supports audiovisuels qui créent un socle culturel commun. 

Certes la construction de ce village global en est encore à ses débuts, et ce chantier ne se fera pas sans provoquer de multiples résistances, sans susciter de l'incompréhension, de la peur ou de la colère, ou sans affronter la ferme volonté de certains à vouloir le bloquer, voire à le déconstruire. Tous les "progrès" - avec tout ce que ce terme peut contenir d'aspects positifs mais aussi de conséquences néfastes - répètent les mêmes schémas, chez les classes privilégiées, comme dans les classes moyennes et populaires. Les lobbies, les intérêts particuliers agissent en fonction de leurs intérêts immédiats tandis que la mise en place d'un nouvel intérêt général souffre du manque de soutien d'une population attentiste et incertaine. Mais quand l'histoire avance ainsi, rien ni personne ne peut l'arrêter et d'ailleurs cette mondialisation n'est finalement que la dernière conséquence de ces progrès techologiques qui ont émaillé les siècles derniers. De l'invention du train à vapeur à la démocratisation des voyages aériens en passant par la possession d'automobiles et la construction des navires de grand gabarit, du télégraphe à l'Internet, tout concourt à ce que les hommes puissent communiquer et échanger, toujours plus vite, toujours mieux, par delà les différences culturelles et religieuses, par delà les oppositions idéologiques et nationales.

Au delà des logiques financières et des rationalisations économiques, il y a une constante grégaire, qui force les hommes à se réunir, quitte à ce que cette fédération se fasse dans les larmes et dans le sang. A chaque découverte d'un nouveau territoire, les hommes n'ont eu de cesse de multiplier les échanges, dans une relation au départ déséquilibrée au détriment du plus faible, plus équitable par la suite. Et une fois qu'ils ont pris conscience que leur planète était un espace fini, ils ont commencé à penser humanité et universalité. 

Aujourd'hui les avancées scientifiques qui sont ce qu'elles sont, c'est-à-dire la somme fragmentaire des connaissances à un moment précis, nous forcent plus que jamais à penser global, à l'échelle de cette planète. Pour s'en convaincre, si besoin était, il n'y aurait qu'à rappeler les deux catastrophes nucléaires - aux effets toujours en cours ! - Tchernobyl, qui a démontré à l'ensemble du continent européen combien la notion de protection des frontières pouvait être illusoire à l'aune des accidents industriels non maitrisés, et Fukushima qui continue d'impacter au quotidien la ressource halieutique du grand Pacifique, et par voie de conséquence potentiellement toutes les populations qui en dépendent. Ce que fait ou ne fait pas le voisin nous impacte donc, d'une façon ou d'une autre, et réciproquement. Plus que nécessaire, il est donc logique autant qu'urgent de réfléchir à une meilleure gestion des ressources couplée à une plus juste répartition des richesses, de sorte de chacun sorte gagnant d'une coopération mutuelle bien comprise où la perte de ci, une part de richesse produite par exemple, serait compensée par le gain de ça, une meilleure qualité environnementale (air, eau...).  

En cela, la COP-21 a amorcé un tournant avec la signature d'un protocole d'accord engageant une très grande majorité de nations, y compris la Chine, les Etats-Unis et l'Union Européenne. La mondialisation des échanges se doublait enfin d'une globalisation des responsabilités au niveau environnemental - et du corollaire en terme de conséquences sanitaires. A petits pas, les leaders politiques du monde ont convenu qu'il y avait quelque chose de plus important que les rivalités idéologiques et la compétition économique, le concept de survie même de l'humanité. Que l'on s'estime ennemi, adversaire ou concurrent, nul ne sortirait vainqueur si la planète devient réellement invivable. 

En creux, cela signifie que la défense des seuls intérêts d'une nation, fut-elle la première puissance économique et militaire du monde, ne peut se concevoir au détriment de la survie à moyen ou long terme de l'espèce humaine. Il ne serait ni admis, ni toléré qu'au nom des profits immédiats de quelques-uns, il y ait un risque potentiel pour l'ensemble des populations demain.  

Outre le fait que les déclarations réitérées de Donald Trump portant sur une remise en cause de la signature des Etats-Unis sur cette question environnementale est un signal désastreux envoyé au monde, cette décision unilatérale, si elle était effectivement actée, ne manquerait pas de modifier profondément la place même des Etats-Unis dans le concert des nations. Car au-delà des enjeux financiers et énergétiques, cela aboutirait à la conclusion d'alliances, au-délà des divergences politiques et idéologiques, conclues non pour la défense d'intérêts économiques concurrents, mais pour mettre à bas cette nation qui, par ses choix politiques et son mode de vie, serait susceptible de mettre en cause l'existence de toutes les autres. 

Quand, à Davos, il se fait le promoteur du libre-échange et des relations commerciales apaisées entre les pays, Xi JinPing prêche bien sûr la protection de ses intérêts économiques face aux vélléités protectionnistes de Donald Trump. Mais, tout leader communiste qu'il soit, il souligne surtout cette interdépendance globale qui réunit l'ensemble des acteurs du monde et la mise en responsabilité de chacun face aux périls communs. Gageons qu'un pays qui souffre durement des conséquences de la pollution industrielle et qui investit des milliards de dollars dans le domaine des sciences environnementales aura des arguments à faire valoir quand il sonnera la révolte contre l'inconséquence et l'inconscience d'un dirigeant américain uniquement préoccupé à relancer son économie des énergies fossiles. 

Autant les Etats-Unis peuvent se désengager des alliances de défense, OTAN et OTASE, quitte à bouleverser les équilibres géostratégiques du XXe siècle, à leur détriment d'ailleurs, ou élever des barrières douanières pour accentuer un réflexe isolationniste, récurrent dans le camp Républicain, autant Washington ne peut prendre "le risque du changement climatique" sans endosser une lourde responsabilité, pour la planète certes, mais avant tout pour la position, voire la sécurité, du pays.

Donald Trump a-t-il pris conscience du poids de cette responsabilité face au monde et à l'histoire ? C'est loin d'être sûr, et c'est bien là le problème.    

       

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