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Il y a comme un problème...
20 janvier 2017

Si j'étais de gauche ce dimanche...

C'est une évidence : les deux qualifiés au premier tour de la primaire de la Belle Alliance Populaire ce dimanche soir dépendront directement du degré de mobilisation des gens qui, actuellement, se reconnaissent encore de cette gauche médiane, coincée entre une dynamique "en marche", celle de Macron, et une tentation tribunicienne de renverser les tables, celle de Mélenchon.

Plus l'échantillon de votants sera réduit, principalement centré sur les militants et les puristes solfériniens - on parle là d'un demi-million d'électeurs à peine - et plus le résultat s'apparentera au choix d'une motion dans la perspective du prochain congrès socialiste. Une telle désaffection ne manquerait pas de faire imploser le parti, conséquence ultime d'un quinquennat de l'ambiguité et des virements de bord. Le vainqueur serait donc celui qui aurait la charge, non de figurer dans la course présidentielle - il en serait de facto exclu - mais de le refonder sur une ligne politique clarifiée, afin de réparer les dégâts occasionnés par l'épreuve de cinq années d'exercice du pouvoir, et au-delà de préparer les échéances électorales intermédiaires en vue de 2022. Dans ce scénario catastrophe, il n'est cependant pas sûr que le parti à la rose puisse même survivre à la fuite de ses derniers édiles et au manque de moyens financiers, en l'absence de parlementaires suffisants durant les cinq prochaines années.

Autour du million de votants, cette primaire n'aura pas su mobiliser suffisamment pour créer ne serait-ce que l'illusion d'une dynamique, en conséquence de quoi les appels à mobiliser autour de son vainqueur seront vains, et pathétiques.  En dessous des deux millions, il est probable que les résultats du premier tour fassent apparaître un quatuor somme toute assez resserré, où Valls et Hamon pourraient légèrement distancer Peillon et Montebourg. Au-delà, la différenciation entre les deux qualifiés et leurs challengers devrait être beaucoup plus franche, autour des 25-28% pour les premiers, dans la marge des 20% pour les deux suivants.

En marge de ces pronostics, on pourra regretter que cette primaire élargie soit en réalité à la fois la sélection d'un candidat pour la présidentielle et le choix d'une ligne politique pour le seul parti socialiste :  il est probable que M. de Rugy aurait capitalisé plus de suffrages si la survie du PS n'était pas aussi au centre des votes à venir. 

Ceci posé, si j'étais de gauche, et pour autant que je me reconnaisse dans le processus de sélection de cette Belle Alliance Populaire, moi qui pourrais être tenté par la démarche de Mélenchon ou l'enthousiasme autour de Macron, j'aurais un cas de conscience au moment de mettre mon bulletin dans l'urne ce dimanche pour le premier tour de la primaire. 

Mon choix dépendrait du rapport que j'entretiens par rapport à l'appareil socialiste : encarté, sympathisant ou simplement électeur fidèle. Car, on vient de le voir, les enjeux ne sont pas les mêmes selon mon degré d'engagement partisan. J'ai déjà intégré la probabilité - forte - que mon candidat ne soit pas sélectionné pour le duel final de mai 2017 et j'ai nécessairement la crainte de le voir même dépassé par Macron et/ou Mélenchon au premier tour. Si je suis avant tout animé d'une logique partisane et que je veuille préserver le PS pour l'avenir, alors la logique voudrait que je passe cette échéance de 2017 en votant pour celui auquel je souhaite donner les clés pour refonder le parti : Peillon si je veux conserver le parti en l'état, avec ses tares et ses contradictions ; Valls si j'assume le virage Hollandais ; Montebourg ou Hamon si je fais le pari de l'aile gauche. Si le sort de l'appareil de la rue Solférino m'indiffère, je serais plus tenté par celui qui sera en mesure de proposer un nouveau programme commun de la gauche, avant le premier tour de la présidentielle, quitte à ce qu'il fasse passer l'intérêt du projet devant son ambition personnelle en fonction des sondages de la campagne : à ce titre, autant Hamon et Montebourg seraient bien Mélenchon-compatibles, autant Valls ne pourrait coopérer avec ce Macron qu'il jalouse et déteste, et encore moins s'effacer à son profit .

Si j'étais de gauche, sans illusion pour 2017, ou au contraire convaincu d'une possible dynamique de la vraie gauche, j'opterais donc pour Benoît Hamon. Après avoir subi les deux derniers débats télévisés, j'en arrive à la conclusion que mon pronostic de la semaine dernière pourrait se révéler payant. Contrairement à ce qu'ont prétendu ses challengers, Hamon n'est pas dans l'utopie, même si son projet doit être retravaillé.. Non, à la différence de ses concurrents qui veulent gérer le pays l'oeil fixé sur le rétroviseur, lui se projette dans le futur pour avoir intégré les enjeux et les défis du XXIe siècle. Son projet a le mérite d'être global, qui intègre une large réflexion sur la nouvelle relation au travail, sur les vraies conséquences de la mondialisation et des nouvelles technologies sur la vie quotidienne des citoyens et les choix de société, et sur l'environnement dans toutes ses implications. Certes il n'est pas encore présidentiable au sens où il lui manque certains codes et un peu de cette épaisseur que les français apprécient chez leur chef de l'Etat. Mais il incarne ce petit quelque chose d'une nouvelle gauche, porteuse d'un espoir - comme Macron - et d'un grand dessein - comme personne à gauche et à droite , à dire vrai. Il n'y a qu'à regarder sa conclusion d'hier pour voir combien il est serein et convaincu d'avoir raison sur son projet : pas de note à consulter (comme Montebourg quel effet désatreux en terme d'image !), pas de bafouillage, pas de volontarisme exagéré (façon Valls, M. Jeveux), un propos clair, un positionnement assumé et sans aucun doute une volonté réelle de changer les choses.

Si j'étais de gauche tendance socialiste, si j'avais de l'ambition pour la nation et pour mon pays, si je me reconnaissais comme "progressiste" et si j'étais en recherche de la vraie rupture, alors oui je suivrais Hamon ce dimanche 22 janvier.   

 

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