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Il y a comme un problème...
15 janvier 2017

Macron, une trajectoire trop lisse qui pose question

Quand j'ai commencé à m'intéresser à cet OPNI (Objet Politique Non Identifié), Emmanuel Macron m'a fait immédiatement penser à ce personnage incarné par Christopher Walken dans l'opus de James Bond intitulé "Dangereusement Votre". Drôle de comparaison me direz-vous ! Sans doute, quoique... Titre prémonitoire ? C'est bien possible...

Macron donne l'impression d'avoir été élevé, formé et formaté uniquement dans la perspective d'être présent au rendez-vous présidentiel de 2017. De là à imaginer que quelque force occulte se cache derrière ce "jeunot" de la politique, il n'y a qu'un pas qu'aucune preuve ne me permet de franchir à ce stade. On peut néanmoins remarquer que son parcours est trop parfait pour que ce soit le seul fruit des circonstances, sa trajectoire trop idéale pour qu'elle n'ai pas été pensée de longue date. Je ne crois pas aux coïncidences, et vous ?

D'aucuns diront que le cas Macron est simplement la rencontre entre une "belle énergie" individuelle et une époque propice à l'émergence d'un renouveau politique, et qu'à ce titre il bénéficie d'un engouement populaire naturellement relayé par les médias. Côté caisse de résonnance médiatique, il est clair qu'Emmanuel Macron est particulièrement bien servi : depuis de longs mois, il est la coqueluche des magazines, people et politiques. Plusieurs raisons à cela : en premier lieu, sa vie personnelle n'est pas banale et son physique "gravure de mode" renforce l'impression "showbiz et star-system" qu'il semble dégager "naturellement". Son parcours professionnel aussi intringue : d'assistant de philosophe à banquier dans une grande banque d'affaires, il attise la curiosité certaine du grand public. Pour les journalistes et commentateurs politiques, c'est surtout une personnalité neuve, sinon innovante, au discours maîtrisé et souvent transgressif. Loin de la langue de bois, ses sorties sur les ouvrières illettrées en Bretagne et récemment les ouvriers alcooliques du Nord apportent une fraîcheur inhabituelle dans le monde du politiquement correct. En se voulant séducteur dans sa relation aux autres, le personnage Macron crée une appétance chez les médias, appétance qui se nourrit en retour par une logique purement mercantile car "Macron fait vendre". Succès d'audience et ventes boostées en kiosque encouragent les pros de l'info à multiplier la mise en avant de la nouvelle 'idole", des jeunes et des matures. Qu'importe si le phénomène médiatique autour de Macron s'auto-alimente sans vraiment se renouveler et que l'on peine à voir la substance sous l'apparence, l'objectif avoué de cette stratégie est d'occuper l'espace pour donner une légitimité à ce parcours qui n'a jamais affronté le suffrage universel.

Pour encore quelques semaines, "En Marche" et son leader charismatique bénéficient d'un climat propice, préservés qu'ils sont des âpres attaques frontales de leurs adversaires. Du côté de François Fillon, de Marine Le Pen et de Jean-Luc Mélenchon, l'électron libre Macron est encore perçu comme un outsider utile à disqualifier ce qu'il reste de la gauche de gouvernement, chacun des trois se voyant, grâce à lui, en bonne position pour accéder au second tour de la présidentielle. Et tous les états-majors, y compris au parti socialiste, ne veulent prendre le risque d'insulter l'avenir : le potentiel de voix derrière Macron pourrait se révéler capital pour emporter la mise en mai prochain. Cette situation évoluera quand les sondages proposeront une mesure fiable de l'ampleur du phénomène Macron dans les intentions de vote pour le premier tour.

Cette clémence s'explique aussi par la stratégie mise en place par l'équipe Macron : proposer des pistes, parler de vision et d'ambitions sans faire le détail de mesures programmatiques ne laisse guère de prise pour des attaques, projet contre projet. En campagne depuis des mois, le candidat Macron n'est pas encore sorti du bois. 

En terme d'analyse politique, on peut déjà souligner que le phénomène Macron a largement profité de l'effet des primaires pour tracer son sillon sans affronter de concurrence dans sa cible électorale, le ventre mou de la France qui vote, le centre élargi. Son positionnement "ni droite, ni gauche" lui offre un créneau potentiel allant de Juppé à droite au Valls version 2011. La victoire de François Fillon peut agir de repoussoir pour les sympathisants du centre-droit, dont les partis (Modem-Bayrou, UDI-Lagarde, NC-Morin) ont de facto déserté le paysage politique en intervenant publiquement pour leur champion respectif dans la primaire de la droite. Pour ne pas disparaître totalement, ces mêmes formations sont aujourd'hui plus mobilisées à négocier avec les Républicains des accords pour les législatives qu'à réoccuper le vide désormais accaparé par Macron. Pour "En marche", il ne reste plus qu'à espérer éviter une confrontation directe avec Manuel Valls pour récupérer un gros bataillon d'élus et de sympathisants socialistes, effrayés par une déroute qui serait portée par Benoît Hamon ou Arnaud Montebourg. Dans cette hypothèse de travail, Macron pourait capitaliser jusqu'à 25% de l'électorat centriste, au coude-à-coude avec Fillon et Le Pen, Mélenchon étant pénalisé par la candidature parasite de la gauche socialiste (Hamon/Montebourg). 

Tout peut se passer d'ici l'ouverture de la campagne officielle et le premier tour de scrutin. Surtout que Macron souffre de nombreux points faibles, notamment sa transparence inquiétante en matière de Défense, Sécurité et Politique extérieure. Mais à cette heure, le risque principal d'Emmanuel Macron est de se voir arrivé, avant même d'être réellement parti. Certes Macron suscite l'enthousiasme du public dans ses meetings ; certes il dispose d'un écho favorable auprès d'une population peu ou pas politisée jusque là. Mais rappelons-nous le succès des meetings de Sarkozy lors de la primaire ; rappelons-nous des longues files d'attente pour la dédicace de ses livres ; tout ça pour ça et une disqualification sans appel au premier tour de scrutin. Nous sommes entrés dans l'ère des selfies : pour un quidam, côtoyer une célébrité qui fait le buzz l'assure d'une certaine célébrité au niveau de son réseau social. Alors s'afficher avec une icone médiatique ne fait pas forcément le bulletin de vote. Combien de simples "curieux" lors des meetings de Macron, d'abord intéressés pour dire "oui je l'ai vu en vrai" ? Rien ne dit que l'engouement pour Emmanuel-le-people se transformera dans un soutien au politicien Macron, surtout quand le flou artistique de son projet présidentiel se sera dissipé.  

Mais quelque chose me dit que la fusée Macron nous réserve bien d'autres surprises, que la salle de contrôle - occulte - conserve en réserve de quoi alimenter les prochains étages du lanceur. Parce que les coïncidences, ça n'existe pas.

 

 

 

  

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